Chapitre 67 : L'impasse

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Regulus traversait le hall du square Grimmaurd pour se rendre à la cuisine lorsque la porte d'entrée s'ouvrit. Le fait que la personne n'ait pas frappé lui indiqua qu'il s'agissait de son petit-fils avant même qu'il ait besoin de tourner la tête vers lui. Mais lorsqu'il le fit, Regulus s'étonna de trouver Léo complètement dans les nuages. L'air abattu, les bras ballants, le teint pâle, et une dizaine de paquets dans les mains, Léo ne semblait même pas avoir remarqué son grand-père car il s'avança vers l'escalier sans même lever les yeux vers lui.

- Qu'est-ce qui t'arrive ? s'enquit Regulus.

Enfin, Léo tourna son regard vers lui. Et brusquement, il lâcha d'un coup tous les paquets qui s'écrasèrent au sol. Mais il ne prononça pas un mot. Regulus dut insister en levant un sourcil pour que Léo annonce :

- Rosalie m'a sauté dessus...

- Oh... soupira Regulus soulagé. Ce n'est que ça.

- Comment ?! s'exclama Léo alors que son grand-père reprenait le chemin de la cuisine comme si de rien n'était.

- Il fallait bien que ça arrive un jour ou l'autre. Même Rosalie a une patience limitée.

- Attends un peu ! l'arrêta son petit-fils en se plaçant sur son chemin. Tu veux dire que... tu avais remarqué qu'elle...?

- Léo, répondit Regulus d'un ton compatissant. Je crois que tu es le seul à ne pas l'avoir remarqué.

- Mais... mais... balbutia Léo confus.

- Je suis curieux de savoir ce qu'elle a bien pu te faire pour te mettre dans un tel état. Qu'est-ce que tu entends par "sauté dessus" ?

- Elle... rougit le jeune homme. Elle m'a embrassé... sur la terrasse de Florian Fortarôme.

- Et ?

- Ça ne suffit pas ?! s'emporta Léo.

- Je veux dire, qu'est-ce que tu as ressenti ?

- Ben... je... rougit-il de plus belle. J'en sais rien. J'étais surpris. Elle m'a littéralement attrapé et elle ne voulait plus me lâcher. C'est pas son genre.

- Ah non ? Alors quel est le genre de Rosalie ? Être toujours là quand toi et Aurore en avez besoin ? Toujours vous faire passer en premier, avant ses propres désirs. Se retrouver déchirée entre ce qu'elle souhaite pour vous, et ce qu'elle souhaite pour elle-même. Toujours prendre soin de vos sentiments, et au final, constater que vous êtes incapables de deviner ce qu'elle ressent.

-...

- J'espère pour toi que tu as ressenti un peu plus que de la surprise. La pauvre souffre en silence depuis des années.

Entendre son grand-père lui parler si vivement de sentiments aurait pu choquer Léo si le jeune homme n'avait pas été aussi désemparé. "Des années ?" pensa-t-il médusé. "Depuis tout ce temps, Rosalie... et je n'aurais rien remarqué ?"

- Au fait, qu'est-ce que c'est que ça ? demanda Regulus en désignant les paquets qu'il avait laissé tomber.

- Rosalie m'a entrainé avec elle pour faire du shopping toute la journée. Mais après m'avoir embrassé, elle m'a planté là, sur la terrasse du glacier, avec tous ses paquets.

Regulus éclata de rire. Au moins, Léo avait eu la présence d'esprit de tout ramener avec lui. En y repensant, lorsqu'il était entré, le jeune homme avait eu l'air d'un époux soumis qui venait de se faire engueuler par sa femme, condamné à rentrer seul à la maison.

- Il n'y a rien de drôle là dedans ! se vexa son petit-fils.

- Rosalie a vraiment perdu son sang froid.

Le chat de VanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant