Le chat de Van

Chapitre 63 : Le monde à l'envers

Jamais Aurore n'aurait pensé qu'en se rendant à la poste ce soir, les choses puissent tourner de cette façon. Elle n'avait pas pu sauver les McKinnon, Marlene avait fait son apparition, et deux inconnus venaient de l'appeler "maman". Le pire, c'était qu'ils avaient l'air sérieux. "Non, c'est pas possible, j'ai dû mal entendre" se persuada-t-elle. De toute façon, elle n'eut pas le temps de se poser plus de questions. Des gens commençaient à s'attrouper dans la rue. Elle devait partir tout de suite. Aurore transplana alors que les inconnus s'avançaient vers elle comme pour la retenir. Elle réapparut devant la Tête de Sanglier et prit l'apparence de la serveuse Vicky avant d'entrer. Elle était persuadée que tout le monde dormait. Mais elle fut prise en flagrant délit par la sentinelle Sirius Black. Caché dans le fond de la salle avec seulement une petite chandelle pour l'éclairer, il faillit provoquer chez Aurore une véritable crise cardiaque. Moins d'une heure plus tôt, elle s'était faite porter malade, et il était déterminé à savoir ce qu'elle mijotait en s'éclipsant. Sirius était toujours aussi méfiant envers elle, persuadé qu'elle travaillait pour Voldemort. Il la bombarda de questions auxquelles Aurore ne voulait pas répondre et elle perdit rapidement son sang froid.

- Ça ne te regarde pas ! lui lança-t-elle.

- Je suis sûr du contraire ! répliqua-t-il en la saisissant par le bras alors qu'elle tentait de fuir vers l'escalier.

- Lâche-moi, se débattit-elle. J'ai passé une très mauvaise soirée alors... je veux être seule et me reposer.

- Je te jure que ta soirée sera encore pire si tu ne me dis pas où tu étais.

- J'étais partie sauver des vies ! s'écria-t-elle frustrée. Mais je n'ai rien sauvé du tout... ils sont morts...

Aurore sentit ses larmes lui monter aux yeux. Elle revoyait les corps de Laura et de Jim McKinnon. Le visage de Marlene quand elle avait compris que ses parents étaient morts. Aurore n'avait pas pu protéger la famille de sa meilleure amie. Elle s'en voulait énormément. "Qu'est-ce que j'aurais fait si Marlene était morte elle aussi ?" se demanda-t-elle effrayée par cette simple idée. "Mais ce n'est pas moi qui l'ai protégée, ce sont ces deux inconnus. Comment une personne aussi faible que moi peut être inclue dans la prophétie qui annonce la destruction de Voldemort ?"

- Je ne suis bonne à rien, renifla-t-elle désespérément.

- Hé... intervint Sirius gêné de l'avoir faite pleurer. Du calme... Raconte moi, qui est mort ?

Elle retint un sanglot avant d'appuyer sa tête contre le torse de Sirius. Aurore se sentait désemparée. Elle avait tellement besoin de soutien, qu'on la rassure. "J'ai besoin de Sirius". C'était ça, tout simplement. Elle avait besoin qu'il la serre dans ses bras, qu'il lui dise des paroles rassurantes. Aurore ne supportait pas de le voir se méfier d'elle. Voilà pourquoi elle avait tellement envie de tout lui dire. Mais elle avait aussi décidé de ne pas se montrer pour lui éviter de souffrir. Pour le bien de Sirius...

- Doucement, dit-il en lui tapotant gauchement le dos.

Elle était en train de tremper sa chemise, et il ne savait pas quoi faire. Il n'avait pas consolé beaucoup de filles en pleurs à part Aurore. Mais il se décida finalement à passer un bras autour des épaules de cette jeune rousse. Cela sembla l'apaiser avec plus d'efficacité que ses petits tapotements. Peu à peu, les pleurs de Vicky se calmèrent. Mais elle restait appuyée contre lui, le visage couvert par un masque de tristesse. Plus il la regardait, plus Sirius avait l'impression de voir Aurore. Quand ils s'étaient quittés dans le bureau de Dumbledore, elle arborait ce genre d'expression vulnérable.

- Ça va aller, murmura-t-il en serrant la jeune femme un peu plus fort contre lui avant de déposer un baiser sur son front.

Sirius fut surpris autant qu'Aurore par le geste instinctif qu'il venait d'avoir envers elle. Il ne savait plus quoi dire, surtout lorsqu'elle leva les yeux vers lui.