Chapitre 15 : La robe bleue

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Dans le dortoir des 5e années de Serpentard, tout était calme. Il faut dire qu'à une heure aussi avancée de la nuit, les garçons étaient tous censés dormir. Oui, tous. Sauf un. Regulus était allongé sur son lit. Toujours habillé. Le fait qu'il n'ait pas encore ôté ses vêtements mais qu'il soit tout de même immobile sur son lit montrait que le jeune homme était en proie à un dilemme. Rester ici et s'endormir ? Ou partir rejoindre Aurore et Marlene ? Plus il réfléchissait, plus le temps passait et plus la première solution devenait évidente. En fait, il se demandait s'il était bon de continuer à les rejoindre dans la salle sur demande. Certes, Aurore l'avait sauvé du poison et il s'était engagé dans cette entraide. Il avait fini par accepter que cela pouvait lui être bénéfique. Mais maintenant... au lieu de se contenter d'étudier en toute quiétude, il en venait à leur donner des conseils. Des mises en garde ! Pas étonnant qu'Aurore pense qu'il s'inquiétait pour elles. "Ce qui n'est pas du tout le cas. C'est à moi seul que je veux éviter les problèmes. Je ne suis pas leur... ami... Il est inutile d'avoir des amis et d'autant plus s'ils ne sont pas de sang pur !" Voilà ce qu'il entendait presque chaque jour sortir de la bouche de sa mère. Comme beaucoup d'autres choses, il avait fini par y croire. Mieux valait s'entourer de gens utiles que d'amis inutiles tout juste bons à vous rendre faible. Ou à vous trahir.

- Je suis un Black... un Sang-Pur, murmura-t-il pour lui-même. Je ne dois me lier à personne. Que ce soit d'amitié ou pas. Avec Aurore, Marlene ou...

Regulus serra le poing avant de marmonner rageusement :

- Rosier.

Dans la salle sur demande, Aurore fixait la porte fermée. Il était bientôt minuit, et l'heure de partir. La jeune fille espérait que la porte s'ouvrirait avant ça.

- Je ne pense pas qu'il viendra... dit Marlene en voyant son amie plus concentrée sur la porte fermée que sur le manuel ouvert devant elle.

- Il n'est pas encore minuit, tenta Aurore.

- Tu sais comme moi que s'il devait venir, il serait déjà là.

- Laisse-moi au moins un petit espoir, soupira-t-elle.

- Je voudrais que tu te concentres au lieu de t'accrocher à de faux espoirs.

- Pourquoi il ne vient pas ? râla Aurore. Je l'ai mis en colère à ce point ?

- Tu le taquines toujours. Tu n'écoutes jamais ce qu'il dit, énuméra Marlene. En bref, tu n'en fais qu'à ta tête Aurore. Voilà pourquoi il ne vient pas.

- Non... ce n'est pas pour ça.

- Quoi ?

- S'il ne vient pas, ce n'est pas parce que j'agis toujours à l'encontre de ce qu'il veut. Je lui ai forcé la main, créé des problèmes, on s'est disputés tellement de fois, et pourtant... il est toujours revenu. Mais... il a suffit que je prononce une seule fois le mot "amis" pour qu'il s'éloigne.

- Il ne veut pas être notre ami, tenta Marlene pour la raisonner. De toute façon, je ne me suis jamais vue comme telle.

- Tu te trompes encore, soupira la blonde en secouant la tête. S'il n'est pas là ce soir, c'est parce qu'il s'est rendu compte que je disais vrai. Nous sommes devenus amis, petit à petit, sans qu'il s'en aperçoive.

- Ou il s'en fiche carrément. Aurore, tu sais qu'il est très possible que Sirius ait eu raison et que Regulus nous plante maintenant soit parce qu'il en a assez que tu te mêles de ses affaires, ce qui doit être sans aucun doute le cas, soit parce qu'il pense que tu ne lui es pas utile finalement.

- Je n'y crois pas ! s'emporta Aurore.

"Je ne veux pas y croire. Je sais que Regulus s'est rapproché de nous. Je... le sais..." Non, elle ne voulait pas y croire. Elle ne voulait même pas y penser.

Le chat de VanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant