Chapitre 61 : Son futur à elle

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"C'est une sensation étrange... Aurore". Sirius avait quitté une clairière calme. À présent, le vent soufflait sur cette crique. La bataille de Poudlard s'était déroulée sous une demi lune. Ici, la lune était pleine. Pourtant... c'était exactement le même jour, le même mois, la même heure. Mais pas la même année. Ici, en 2048, le 24 mai était un soir de pleine lune.

- C'est exactement cet endroit, murmura Sirius en lâchant le sablier qu'il portait maintenant autour du cou.

Les vagues s'arrêtaient à quelques centimètres du bout de ses pieds, avant de repartir vers la mer. Bien éclairée par la lune, la crique était un endroit paisible malgré le vent frais et chargé d'embruns, idéal pour s'isoler. La mer calme, le ciel nocturne dégagé, on voyait parfaitement briller les étoiles.

En tournant le sablier, Sirius avait pensé à Aurore de toutes ses forces. Choisissant cette date car elle devait avoir le même âge que lorsqu'elle l'avait quitté. Du moins, Aurore avait l'apparence d'une femme de 20 ans quand le sablier l'avait prise dans la clairière. Et il avait choisi cet endroit... car c'était un lieu d'une importance cruciale pour Aurore. Ce lieu... où était née sa peur de l'eau. Où elle avait perdu son grand frère. C'était ici, qu'était vraiment né le chat de Van. La femme qu'était Aurore. Celle qu'il aimait.

- Je jure que je te retrouverai, dit-il en fermant les yeux.

Sirius l'imaginait allongée sur le sable chaud de la crique, les yeux fermés, un livre posé à côté d'elle. Aurore avait le sourire aux lèvres, comme si elle faisait un rêve merveilleux. Le soleil brillait encore à ce moment là, illuminant son visage et révélant mille reflets dans ses magnifiques cheveux. Et il venait la réveiller en déposant un doux baiser sur ses lèvres, avant que la marée monte et que le ciel commence à se couvrir. Avant que son cœur soit rongé par la culpabilité. Avant qu'elle ne perde Rémy. "Peut-être que je n'ai pas choisi la bonne date" regretta Sirius. "J'aurais dû réapparaître avant que..."

Il rouvrit brusquement les yeux. Portée par le vent, une voix venait faire écho jusqu'à lui. C'était comme... une chanson.

Le soleil est couché depuis des heures...

Levant la tête vers le haut de la falaise, Sirius essaya d'apercevoir la personne à qui appartenait cette voix. Mais il ne pouvait rien voir. Et pourtant, il aurait juré que...

La lune l'a remplacé.

Sirius prit un grand bol d'air frais. Il n'avait pas rêvé. Alors il prit soudainement ses jambes à son cou pour trouver le chemin qui lui permettrait d'atteindre le sommet de la falaise. Il glissa plus d'une fois sur les rochers humides, s'écorchant les mains et les genoux. Mais aucun risque que la mer vienne le prendre ce soir. La nature elle-même n'aurait pu l'empêcher d'atteindre son but. Cette personne qui chantait.

Faible lueur dans l'obscurité
Elle pèse sur mon cœur.

À mesure qu'il s'approchait, la voix était de plus en plus claire. Quant à lui, il était de plus en plus certain...

Mais bientôt la voilà effacée
Les rayons d'or l'ont éclipsée.

Sirius s'arrêta net alors qu'il se trouvait à quelques mètres de la personne qu'il cherchait. Elle était là, assise près d'une stèle. Ses longs cheveux blonds qu'elle avait coincé derrière ses oreilles pour les maintenir en place s'entêtaient à voleter autour de son visage, agités par la brise. Les genoux remontés contre sa poitrine, elle se frictionnait légèrement les bras pour se préserver de la fraîcheur du soir. Elle devait être là depuis longtemps. Sa voix était si douce, comme si elle ressentait profondément chaque mot qu'elle prononçait.

Ainsi vient l'aurore.
Ainsi vient l'espoir.

La chanson était finie, mais ses yeux restaient fixés sur la lune. Elle n'avait pas encore remarqué Sirius. "De toute façon... elle ne sait pas qui je suis" réalisa-t-il en baissant les épaules. C'était bien Aurore, seulement à quelques pas de lui. Et pourtant, elle avait l'air d'être si loin. Presque inatteignable. Sirius eut soudainement peur du moment où elle tournerait les yeux vers lui. Que verrait-il dans son regard ? Un homme qui s'approchait d'elle dans la nuit... Aurore allait peut-être prendre peur. S'enfuir. "Je n'aurais peut-être même pas le temps de lui parler et..."

Le chat de VanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant