Le chat de Van

Chapitre 36 : Une seconde plus tard

Le voyage fut si rapide. Juste le temps d'un battement de cils. Et Aurore réapparut à des kilomètres du bureau de Dumbledore. Éloignée des personnes qui lui avaient dit adieu, par l'espace... et le temps.

Exactement comme le soir de son premier départ, les vagues battaient le bas de la falaise. Le vent froid du bord de mer soufflait comme jamais. Aurore était seule dans la nuit noire. Aucune lueur ni chaleur humaine pour l'éclairer ou la réconforter. Seulement la lune et les étoiles. Car même la chaumière située à une centaine de mètres de là ne laissait percevoir aucune lumière. Rien ne filtrait à travers les volets fermés. Ni lueur de lampe, ni celle d'une minuscule chandelle. Rien. Le noir. Et le silence. On n'entendait que le vent et la mer. Mais c'était tout à fait normal. Car ici, nous étions le 1er juillet 1980. Et personne n'habitait encore la chaumière aux coquillages. Aurore n'avait pas remonté le temps jusqu'à son époque. Pas de voyage pour plus de 70 ans. Seulement 3 ans. Et se rendant compte de ce qu'elle venait de faire... Aurore vacilla. Elle tomba à genoux au sol. Comme on tomberait au fond d'un gouffre.

- Qu'ai-je fait ? murmura-t-elle en se prenant la tête dans les mains. C'est de la folie...

De la pure folie en vérité. Qu'espérait-elle faire en venant ici ? À cette époque ? Tout changer ? Et... tous les sauver ? À vrai dire, Aurore n'avait pas réfléchi. Tout ce qu'elle avait eu à l'esprit en retournant le sablier... c'était : je dois arrêter Peter. Lui qui avait osé la remercier. Qui était parfaitement conscient du fait qu'elle connaissait sa trahison et qui lui était reconnaissant pour n'avoir rien dit. Lui... qui avait fait comme si elle était sa complice. Voilà ce qu'elle avait ressenti en lisant le mot sur la feuille de Peter. Aurore avait eu envie de vomir. Elle s'était rendu compte à quel point... le fait de ne rien dire condamnait ses amis. Comme si elle les tuait elle-même. Et après avoir croisé une dernière fois le regard de Sirius... comment aurait-elle pu rentrer chez elle ? Faire comme si rien ne s'était passé ? Non, c'était impossible. Tout ce qu'elle voulait à présent... c'était les sauver tous.

Et maintenant, elle était ici. En 1980. À un mois de la naissance d'Harry. Et à seulement quelques jours du prononcement de la prophétie. Elle n'en connaissait pas la date exacte. Mais c'était pour bientôt. Et si elle voulait sauver l'enfance d'Harry ainsi que la vie de ses amis... il lui faudrait empêcher cette prophétie d'être énoncée. Cela passait par l'élimination de Peter. Car sans lui pour trahir les Potter... jamais Voldemort ne pourrait marquer Harry comme étant l'Élu. La prophétie n'aurait plus aucune raison d'être.

- Je dois arrêter Peter, murmura-t-elle en se relevant. Il est la clé de tout... le commencement du cauchemar d'Harry.

Aurore resta une minute à fixer la Chaumière aux Coquillages. Si elle arrêtait Peter, tout changerait. Et elle devrait en prendre la responsabilité. Rester jusqu'au bout pour s'assurer que tout se passerait bien. Donc... ne jamais rentrer chez elle. Aurore ne reverrait plus jamais sa famille. Et c'est tout en le sachant, qu'elle transplana jusqu'à Godric's Hollow.

Elle se métamorphosa en chat à la seconde où ses pieds touchèrent le sol. Puis elle rejoignit lentement la seule maison du quartier qui semblait animée. C'était la nuit du 30 juin au 1er juillet... toujours l'anniversaire de Sirius. Et Aurore sut qu'elle avait eu raison de penser que la fête se déroulerait chez les Potter lorsqu'elle entendit le chant traditionnel s'élever dans les airs : Joyeux anniversaire. Elle grimpa donc sur le rebord de la fenêtre du salon, et put voir les Maraudeurs au complet, ainsi que Lily, le ventre bien rebondi en signe de son accouchement prochain du 31 juillet. Cependant, l'absence de Marlene lui parut étrange. Pourquoi n'était-elle pas venue ? "Un empêchement ? Ou elle est peut-être en mission pour l'Ordre" supposa Aurore avant de se reconcentrer sur les personnes présentes. Ils étaient en train de déguster le gâteau. Mais le premier sur lequel ses yeux se fixèrent... ce fut lui. Sirius était assis à table, à la place d'honneur, sa part de gâteau intacte posée devant lui alors que Peter avait déjà englouti la sienne. Sirius ne mangeait pas. Ses yeux étaient baissés sur un point incertain. Les chaussures de James peut-être. Bien que ça ne semblait pas fournir un très grand intérêt. Et cette idée fut réfutée quand James se leva en même temps que Lily pour débarrasser. Mais les yeux de Sirius ne bougèrent pas. Et Aurore comprit qu'il ne fixait rien en particulier. Juste le vide. Il ne voyait sûrement même pas ce qu'on aurait pu lui mettre sous les yeux. Son esprit semblait ailleurs. Loin de Godric's Hollow. Mais où ? Aurore avait peur de deviner...