Chapitre 27

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Anwa, Deuxième Monde...

Drapée dans un voile de soie orangée, la Princesse Ireth supportait difficilement l'attente de sa navette. Un filet retenait ses boucles rousses, et une petite pierre taillée en losange tombait sur son front, retenue par une fine chaîne en or. À ses poignets, des bracelets finement ouvragés cliquetaient à chacun de ses mouvements.

Un souffle d'air annonça enfin l'arrivée de la navette. Mue par la poussée inversée de ses moteurs, elle se posa doucement sur le sol desséché. La porte latérale s'ouvrit avec un sifflement caractéristique, et un homme apparut dans l'ouverture. Apercevant Ireth, il s'inclina profondément devant elle.

–Toutes mes excuses, Princesse. Nous sommes en retard.

–Cela passera pour cette fois, capitaine.

Ses yeux verts se plissèrent.

–Mais je n'accepterais plus ce genre de désagréments, est-ce clair ?

Le capitaine déglutit.

–Très clair, Princesse. Si vous voulez bien monter à bord...

S'effaçant, il laissa entrer la Princesse à l'intérieur de la navette. Le compartiment passager était petit, mais confortable car luxueusement aménagé. Les navettes de classe Royale n'égalaient pas celles de classe Impériale, réservées à l'Empereur et sa suite, mais elles s'en approchaient. De forme aérodynamique, les navettes de classe Royale possédaient un semblant de voilure, et approchaient ce qui se faisait de mieux en matière de véhicule spatial. Le capitaine prit place dans la cabine de pilotage, et fit décoller la petite navette.

Ireth ne consacra que quelques instants à admirer le paysage étoilé. Elle devait se concentrer, réfléchir, ne commettre aucun faux pas. Profitant de l'absence de son père, le Seigneur Gelmir, elle avait décidé de rencontrer l'Iku Idril, Maîtresse en titre de l'Empereur, afin d'obtenir de l'Empereur Dvorking lui-même, qu'Orssanc lui prête sa force, l'annulation de son mariage avec le Seigneur Gnor, prévu dans les prochains jours.

Elle se souvenait encore de la scène, la fureur de son père quand il avait découvert qu'Evan était encore venu la voir, sa colère quand elle lui avait annoncé qu'elle n'épouserait jamais le vieux Seigneur de Meren. Gelmir l'avait enfermée dans sa chambre, et lui avait jeté d'un ton sans appel que ses noces auraient lieu dès son retour. Elle en avait pleuré de rage, pendant des heures, elle avait prié Orssanc de toutes ses forces, et au matin elle avait pris sa décision : l'Empereur saurait faire entendre raison à son père. Lui seul avait toute autorité sur les Familles. Si elle réussissait à le convaincre, son père n'aurait d'autre choix que d'obéir.

Elle réalisa que la navette pénétrait déjà dans l'atmosphère de Druus, capitale de l'Empire des Neuf Mondes. Ici, du luxe à profusion. De grandes avenues pavées séparaient les magnifiques résidences des Neuf Familles, parmi lesquelles la concurrence était rude. Pour être remarqué par l'Empereur, il fallait construire en grand, magnifiquement, se distinguer des autres, mais sans chercher à égaler la splendeur des édifices impériaux, sous peine d'encourir le courroux de Dvorking. Des centaines de navettes-cargos approvisionnaient en permanence la capitale en produits manufacturés : mets de choix pour les Familles, étoffes pour les plus grands tailleurs de l'Empire, esclaves obéissants...

L'Aile Étincelante se posa sur la zone d'atterrissage, et Ireth descendit de la navette.

–Tenez-vous prêt à repartir dans la journée, commanda-t-elle.

Le capitaine s'inclina.

–A votre service, Princesse.

Une antique voiture avec attelage l'attendait. Dvorking avait interdit les véhicules motorisés dans l'enceinte de la capitale, afin de se protéger d'éventuels attentats, bien que la raison officielle fût le bien-être de ses habitants. Ainsi, la planète Druus restait la moins polluée de l'Empire.

Les Douze RoyaumesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant