Chapitre 72

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Lucas n'avait quitté le Palais que depuis quelques secondes lorsqu'il rejoignit le Commandeur. Il mit sa main en visière et observa les environs. Nulle trace de l'Arköm, bien évidemment.

–Une idée de sa destination ? demanda-t-il.

Il réalisa alors que le Commandeur ne s'était pas arrêté là par hasard, mais avait attendu d'être hors de vue pour bander sa blessure au flanc. Il faillit le questionner puis se ravisa. Ce n'était pas à lui d'aborder le sujet. Et ils n'étaient pas là pour s'entraider.

Il connait l'Arköm mieux que toi, rétorqua Iskor. Tu aurais tort de te priver de son expérience.

Ce n'est qu'un traitre.

Cette affaire date d'avant ta naissance.

Peu m'importe. C'est une question d'honneur. Pas seulement le mien ; celui de la Seycam toute entière.

Eh bien mets tes différends de côté un instant ! s'agaça Iskor. Tu as su le faire il n'y a pas quelques minutes, en quoi est-ce différent maintenant ?

Nous sommes seuls, il n'y a plus à maintenir les apparences.

Éric choisit ce moment pour se relever.

–Qu'est-ce que tu fais là, toi ?

–On m'envoie t'accompagner.

Le commandeur ricana.

–Je n'ai pas besoin d'aide pour cette tâche.

–Et je n'en ai aucune envie, rétorqua Lucas.

Vous comptez vous chamailler encore longtemps comme ça ?

Je le préviens juste.

Voile-toi donc la face, se moqua Iskor.

–Quand tu auras terminé de causer avec ton phénix, on pourra peut-être y aller ? interrogea narquoisement le Commandeur.

Lucas se rembrunit. Comment savait-il ?

Il suppose, répondit Iskor pour lui.

–Je croyais que tu étais pressé ? répliqua Lucas.

Éric se contenta d'un dernier sourire avant de s'envoler.

*****

Sagitta, Douzième Royaume, Palais de Valyar.

Inquiet, Itzal grimpait lentement les neuf étages qui menaient au bureau du Djicam de Massilia. Une convocation officielle ? C'était plus qu'étrange. Ses compagnons d'aventure lui manquaient, mais il savait bien que la place d'un Envoyé était à l'entrainement, pas sur le terrain. Il regrettait l'absence de Lucas. Il était censé veiller sur lui et l'avait laissé se débrouiller seul !

Crois-moi, tu ne souhaiterais pas être avec lui en ce moment, fit la voix grave de Ziandronn dans son esprit.

Toi pas être seul ! renchérit Roïk.

Itzal ne put empêcher un sourire de gagner ses lèvres. Le petit panthirion avait toujours du mal avec les structures grammaticales.

Tu dois dire : tu n'es pas seul, reformula patiemment Kyara.

Tu reviens quand ? demanda Sibéale si doucement qu'il l'entendit à peine.

Bientôt, répondit-il en tâchant de transmettre un sentiment d'apaisement à la petite panthère.

Peut-être pourrait-il en profiter pour demander au Messager comment il devait s'y prendre pour nourrir ses Compagnons. Jusque-là, il n'avait pas osé s'adresser à la garnison en poste à Valyar. Un Envoyé n'était pas censé avoir de telles préoccupations, après tout...

Les Douze RoyaumesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant