Chapitre 30

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Sagitta, Douzième Royaume, Palais de Valyar, antichambre du Djicam de Massilia.

–Alors, ton entretien a été fructueux ?

Itzal était soulagé par l'arrivée du Messager. Cette bête qui le fixait depuis qu'il était arrivé le mettait mal à l'aise.

Depuis quand les panthères possédaient-elles des ailes ? Il ignorait décidément bien des choses sur sa planète natale.

Un feulement rauque le fit sursauter. Elle le comprenait ?

–Tu n'as rien à craindre de Fang, Itzal. C'est le Compagnon du Djicam.

–Je m'en doute bien, mais... il est impressionnant. J'ai quartier libre, aujourd'hui?

–Oh non. Nous allons à l'entraînement.

Les épaules d'Itzal s'affaissèrent.

–Encore ? Mais... nous venons à peine d'arriver !

–Je ne te demande pas de discuter, seulement d'obéir, le coupa sèchement Lucas. En route.

Abattu, l'Envoyé suivit Lucas en direction de la cour d'entraînement où plusieurs Mecers étaient déjà l'œuvre.

–Échauffement. Commence par quelques tours de terrain.

Itzal se mit à courir. Pourquoi Lucas ne suivait pas ses propres directives ? Bon, certes, il était blessé.

Le soleil entamait son ascension, et le jeune Envoyé avait déjà chaud. D'une main, il essuya la sueur qui ruisselait sur son front et s'approcha sur un signe de Lucas.

–Nous avons déjà travaillé les bases du combat à l'épée, et tu en possèdes les premières notions. Nous allons aborder un nouvel exercice, davantage axé sur le lien entre le corps et l'esprit. Dans un premier temps, je te le montre et tu essaies de me suivre. Ensuite, je te détaillerai les premiers mouvements.

–Très bien, répondit Itzal, curieux.

Il se plaça en retrait du Messager, l'observa prendre une position de départ. Debout, pieds joints, comme n'importe quelle personne. Il inspira, expira et Itzal fut soufflé par le changement qu'il perçut.

Ce n'était plus un homme immobile, c'était un Mecer prêt à passer à l'action. Sa jambe se décala sur la gauche et Itzal s'empressa de l'imiter. Tout était lent, coulant ; fluide et inexorable. Il en aurait oublié que le Messager était blessé et son aile droite maintenue contre son corps.

Les mouvements paraissaient si simples... pourtant le jeune Envoyé se trouvait gauche face à la grâce de son ainé.

Les bras se décalaient en parades ; les jambes avançaient comme pour porter un coup ; le corps entier était mobilisé dans l'action, et Itzal ne pouvait que deviner la complexité sous-jacente des enchainements. Rien n'était laissé au hasard.

Itzal oublia le temps, s'immergea dans l'instant. Quand le Messager s'immobilisa enfin, il vacilla, à la fois surpris et déstabilisé.

–Tes impressions ? questionna Lucas en croisant les bras.

–Whaouh, murmura Itzal. C'est... Je...

–Certaines choses ne s'expliquent pas. Elles se vivent, et se ressentent.

L'Envoyé ne put qu'acquiescer.

–Nous allons recommencer. Mémorise cette première séquence.

Sous l'étroite supervision du Messager, Itzal recommença encore et encore les mêmes gestes. Tout paraissait si simple, et pourtant, Lucas trouvait toujours un détail à améliorer.

Les Douze RoyaumesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant