Chapitre 32

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Sagitta, Douzième Royaume, Palais de Valyar.

Seule dans sa chambre, Satia regardait le soleil se coucher à l'horizon. Les larmes coulaient sur ses joues, silencieuses.

Si elle se concentrait, elle percevait le murmure de la conversation entre Lucas et Laria au salon.

Ils avaient respecté son vœu de solitude... à leur manière. Elle ne pouvait leur en vouloir.

Ce qu'elle ressentait, ce chagrin, cette douleur... c'était un vide, un gouffre. Son père... mort. Elle n'arrivait pas à appréhender cette réalité. Elle ne le voulait pas. Une pensée futile d'enfant à laquelle elle se raccrochait pourtant.

Car l'admettre signifiait qu'elle était définitivement seule.

Alors, assise sur son lit, son oreiller serré dans ses bras, elle pleurait sa peine en silence.

*****

Satia fut sortie de son recueillement par des éclats de voix.

–Elle ne veut voir personne.

Ce ton glacé, c'était du Lucas tout craché.

–Eh bien je préfère l'entendre de sa bouche. Ecarte-toi.

Cette voix grave appartenait à Dionéris.

–Je n'ai pas à obéir à vos ordres, Altesse.

–Tu t'opposerais à ton Souverain, Messager ? fulmina Dionéris.

–Mon Estérel passe avant tout le reste, répliqua Lucas.

Sa réponse lui arracha un sourire ; mais elle devait réagir avant que le ton ne monte davantage. Elle n'osait imaginer jusqu'où Lucas pourrait aller pour son honneur.

Satia essuya ses joues ruisselantes de larmes, tamponna ses paupières avec un mouchoir humide, et se hâta vers la porte. Tant pis pour ses yeux rougis, de toute façon, rien n'avait d'importance.

–Merci, Lucas, dit-elle après avoir entrouvert la porte.

Surpris, le Messager se retourna vers elle. Son expression pleine de sollicitude tranchait avec sa façade impassible habituelle. Satia sourit bravement pour tenter de le rassurer, puis se dirigea vers le Souverain.

Bras croisés, il était visiblement contrarié.

–Excusez-le, Dionéris, il ne pensait pas à mal.

–Jamais je n'ai vu un tel manque de ...

Dionéris s'interrompit pour la regarder avec compassion.

–Je suis désolé pour ta perte, Satia. Toutes nos condoléances.

–Merci, répondit-elle.

Déjà les larmes menaçaient de couler de nouveau.

–Comment souhaites-tu procéder ? Je pensais organiser une cérémonie...

–Non, coupa la jeune femme. Je ne veux rien d'officiel.

–Tu es Durckma, objecta le Souverain.

–Je ne veux pas attirer l'attention plus que nécessaire. Une cérémonie simple avec les proches, ce sera amplement suffisant.

–Tu es sûre que c'est ce que tu souhaites ?

–Oui, répondit Satia, déterminée.

–Très bien. Si tu as besoin de quoi que ce soit... nous sommes là. Ne l'oublie pas.

Les Douze RoyaumesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant