Chapitre 74

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Sagitta, Palais de Valyar, Douzième Royaume.

Aioros ne regrettait pas d'avoir suivi le conseil de son oncle. Ce repas en famille avait été une pause bienvenue entre deux séances houleuses à l'Assemblée. Elycia avait déjà compris quel rôle serait le sien, et le jeune Djicam était ravi qu'elle s'entende si bien avec le reste de sa famille. La perspective d'accueillir un nouveau petit neveu ravissait Alya ; même si Elycia restait convaincue d'attendre une fille. Peu lui importait ; cet enfant ramènerait l'espoir et la joie dans la Seycam, après les épreuves difficiles qu'ils avaient essuyées.

L'absence de Lucas était le seul point noir de la soirée. Aioros espérait qu'il rentre sain et sauf de son excursion dans l'Empire des Neuf Mondes. Et qu'il ramène rapidement la Souveraine légitime, parce que la situation de la Fédération des Douze Royaumes se dégradait de jour en jour et que Mickaëla affirmait son emprise. Ils étaient trop peu à savoir que deux phénix avaient survécu à l'éradication de leur espèce. La Barrière protégeait les Douze Royaumes et l'Empire ne pouvait rien contre eux depuis l'espace.

Normalement.

–Tu sembles bien soucieux, nota Elycia tandis que ses doigts fins glissaient sur ses épaules.

Aioros soupira.

–Désolé. Cette incertitude me mine. J'espère que tu profites bien ?

–Oui. Ta sœur est réellement adorable et Aïtor tellement charmant. Ton oncle s'est montré très courtois, et je sais que ça lui coûte.

–Il faudra du temps avant que le clan des Montagnes du Sud soit totalement accepté par la Seycam.

Elycia déposa un baiser dans son cou avant de l'enlacer. Aioros s'abandonna à son contact, désireux d'oublier un instant tous ses problèmes. Elle guida sa main sur son ventre, sourit de son émerveillement face à la vie qu'elle portait.

–Qu'as-tu prévu pour la suite, mon amour ? s'enquit-elle.

–Si je t'en parle, ça ne sera plus une surprise, rétorqua Aioros.

Oh. Tu dois aller voir Sanae tout de suite.

Ça ne peut pas attendre ?

Non, répondit catégoriquement Saeros. Dépêches-toi avant qu'elle ne panique.

–Un souci ? s'inquiéta Elycia.

–Je ne sais pas, mais on a besoin de moi. Sois tranquille, ils prendront soin de toi jusqu'à mon retour.

Le Djicam de Massilia prit quelques instants pour informer sa famille de la situation puis se hâta dans les escaliers. Qu'est-ce qui avait bien pu inciter Saeros à se montrer si péremptoire ? Qu'est-ce qui nécessitait sa présence alors que la soirée était plus que bien avancée ? S'il n'y avait pas eu ce repas, il aurait été en train de dormir.

Ou pas.

Saeros ! Elle est où, d'ailleurs, Sanae ? Chez Zalma ?

Oui.

Aioros se renfrogna. La Djicam de Soctoris tenait à garder la jeune fille près d'elle, et c'était compréhensible, mais qu'il lui rende visite à une heure si tardive ferait inévitablement jaser. Il ignora les regards surpris des soldats de la Garde du Phénix qu'il croisa en descendant les marches et frappa deux coups.

–Qui est-ce ? demanda une voix fébrile.

–Aioros. Désolé de vous déranger si tard.

–Entrez.

Le soulagement était suffisamment perceptible pour que le Djicam s'inquiète. Il n'y avait personne dans la petite antichambre, mais la porte du bureau était ouverte.

Les Douze RoyaumesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant