Druus, Premier Monde, Palais Impérial.
Satia s'éveilla, s'étira longuement entre les draps. La lumière transparaissait derrière les lourds rideaux de velours, bien trop intense pour l'aurore. Elle s'assit brusquement ; il ne pouvait être si tard ?
–Bien dormi ? s'enquit Lucas.
Il était déjà habillé ; l'uniforme blanc impeccablement ajusté, comme toujours. L'empereur avait pensé à tout, apparemment.
–Il semblerait, répondit la jeune femme.
C'était tellement étrange ; elle avait l'impression d'avoir rêvé la nuit précédente. Le Messager boucla son ceinturon, ajusta son épée et s'approcha d'elle.
–Alors lève-toi. Du travail t'attend si tu souhaites conclure ton accord avec l'empereur.
Ce n'était pas un rêve, décida-t-elle en plongeant dans les yeux bleu-acier. La sérénité qu'elle y lisait était nouvelle.
Satia accepta sa main avant de se souvenir qu'elle était nue et se retrouve tout près de lui. Ses joues étaient brûlantes.
–Je me doutais bien que tu réagirais ainsi. Tiens, dit-il en l'enveloppant dans une serviette.
–Merci, sourit-elle.
Il était étonnant qu'un simple vêtement suffise à lui faire retrouver une contenance.
Satia se hissa sur la pointe des pieds pour l'embrasser. Une part d'elle-même aurait bien voulu se perdre encore une fois entre ses bras, mais la partie raisonnable l'emporta et elle fila se préparer dans la salle de bain. Elle ignorait ce que l'empereur avait prévu pour elle aujourd'hui et se devait de mettre toutes les chances de son côté.
Quand elle émergea bien plus tard, Lucas réalisait sa série d'exercices. Elle s'assit sur le lit et le contempla en silence. Il était Messager, appartenait de fait à la crème de l'élite. La grâce de ses mouvements était mortelle, pourtant elle savait aussi qu'ils cachaient une délicatesse certaine.
–Tu as fait vite, commenta-t-il quand il eut terminé.
–Comment me trouves-tu ? questionna-t-elle en réponse. Est-ce suffisant pour impressionner l'empereur et sa clique ?
Satia s'obligea à rester imperturbable tandis qu'il la détaillait avec attention. Elle ne pourrait se permettre de rougir, tout à l'heure.
–Tu es splendide, dit-il avec toute l'impassibilité qui le caractérisait. Tu les éblouiras.
*****
Les Seigneurs des Neuf Mondes de l'Empire patientaient dans l'antichambre de la grande salle d'audience de l'Empereur. Leur convocation était arrivée la veille au soir, et ils n'avaient pas eu le temps de se remettre des enchères que déjà une nouvelle affaire requérait leur attention.
Des domestiques zélés mais discrets s'affairaient, un plateau d'argent entre les mains, proposant boissons et petits fours aux Seigneurs. L'empereur Dvorking, Orssanc lui prête sa force, avait toujours aimé les faire attendre.
Chacun d'entre eux avait été autorisé à emmener deux personnes avec lui. Le reste de leur équipage resterait consigné dans leurs quartiers de la capitale. Dvorking ne plaisantait pas avec la sécurité.
Le Seigneur Evan, représentant du Huitième Monde, Arian, avait joué la sûreté. Son capitaine Ishty et son esclave Massilien Sital étaient avec lui. Ce dernier avait laissé son Compagnon en lieu sûr, au Domaine du Seigneur à S'Arian.
Il reconnut Esbeth aux côtés de son frère, le Seigneur Jahyr du Neuvième Monde, Nienna, et retint un sourire. Jahyr aimait apparaitre bien entouré, raison pour laquelle son épouse Yssa et sa sœur étaient du voyage. En même temps, s'il se souvenait bien, la politique était affaire de famille sur Nienna. Les deux Seigneurs entretenaient des relations cordiales, et avaient déjà parlé affaire plus tôt dans la matinée. Evan le salua mais ne s'attarda pas ; Jahyr était en grande conversation avec le Seigneur Sefei, représentant d'Aranel, le Sixième Monde, consacré principalement à l'agriculture, même si c'était aussi le lieu d'exploitation des cristaux Kloris, où l'on taillait les lames sombres des Maagoïs.
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Les Douze Royaumes
FantasySatia est une jeune fille issue du Douzième Royaume. Elle étudie à l'Académie de Valyar, sur Sagitta, la plus prestigieuse de la Fédération. Là-bas, nul ne connait son passé. Elle dissimule soigneusement ses origines pour mener une vie ordinaire, ou...