Chapitre 65

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Valyar, Sagitta, Douzième Royaume.

Aioros descendit au pas de course les étages de la Tour, Itzal sur les talons. Le jeune Envoyé lui avait transmis un message d'Altaïr, l'invitant à le rejoindre.

Après s'être annoncé, Aioros salua son confrère, puis remarqua avec surprise qu'ils n'étaient pas seuls dans le salon de réception. Sanae se trouvait là, aux côtés de la Djicam Zalma de Soctoris ; elle arborait une perle noire sur sa mèche rouge, la désignant comme Guérisseuse Novice, et semblait ravie. Plus surprenant, le Djicam Rodrig sey Llante d'Atlantis était présent. Comme toujours, le représentant d'Atlantis était vêtu d'un simple pagne d'un jaune pâle, qui faisait ressortir le bleu-vert de ses écailles scintillantes. Derrière lui, Laria le salua d'un clin d'œil.

–Maintenant qu'il est enfin arrivé, peut-être daignerez-vous m'expliquer ce que nous faisons ici ? maugréa Rodrig.

Altaïr soupira.

–Désolé, Aioros. Laria nous a croisés en chemin et a pensé que son Royaume pourrait se joindre à nous.

–Une bonne idée, décida le Massilien.

–Vous aviez raison, Aioros, déclara posément Zalma. Dionéris a en effet été empoisonné.

–Quoi ? Et vous comptiez cacher une information d'une telle importance à l'Assemblée ? s'enflamma Rodrig.

–Non. Nous voulions des certitudes. Soctoris n'a pas pour habitude de travailler avec le neuvième Royaume, donc j'ai demandé à Altaïr de nous organiser une petite réunion pour ne pas éveiller de soupçons.

–Ingénieux. Vous savez vous entourer, Aioros, reconnut Rodrig. J'ai eu beaucoup de difficultés à obtenir quoi que ce soit de ma nièce.

La Guerrière de Perles rougit et Aioros esquissa un sourire.

–Revenons au sujet, voulez-vous ? intervint Zalma. Nous n'avons pas beaucoup de temps.

–Je vous écoute, répondit poliment Aioros.

–Les résidus de ce poison étaient très faibles, très difficiles à percevoir. Nous étions passés à côté, car nous n'étions pas à l'affût de ce type d'agent. Sanae a remarqué sa présence parce qu'elle est très attentive dans ses observations. Ce poison est si rare qu'aucun de nous n'y a pensé. Dionéris présentait tous les symptômes d'une simple complication de rhume.

–Quelles sont les spécificités de ce poison ? demanda Rodrig, sourcils froncés. Comment a-t-il pu passer la barrière de la sécurité du Palais ? Tous les plats sont vérifiés.

–Il n'a pas été pas détecté parce qu'il ne provient pas de la Fédération des Douze Royaumes, révéla Zalma.

Aioros jura et ses confrères se rembrunirent.

–Le circuit de contrebande impérial... je pensais qu'il avait été démantelé, fit Altaïr, songeur.

–Mon père y avait veillé, confirma Aioros, soucieux.

–La contrebande trouve toujours un chemin, intervint Laria en jouant avec ses dagues. Si nous avons des espions chez eux, ils en ont aussi chez nous. Soyons honnêtes.

–Ce poison est rare au sein même de l'Empire, signala Zalma. Seul quelqu'un du cercle proche de l'Empereur a pu se le procurer.

–Non content de nous envoyer ses troupes, tu veux dire que l'Empereur nous a aussi manipulés de l'intérieur ? s'exclama Rodrig, incrédule.

L'air sombre, Aioros songeait que tout devenait plus complexe. L'Empire devait avoir un homme au sein même du Palais. Voire de l'Assemblée. La simple pensée le fit frémir. En tant que Massilien, sa loyauté envers la Fédération des Douze Royaumes était inébranlable. Qui avait cherché à trahir ainsi la Fédération ? Dans quel but ?

Les Douze RoyaumesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant