Chapitre 46

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Sagitta, Douzième Royaume....

Ils galopaient depuis ce qui leur paraissait des heures. Les naseaux dilatés, l'écume au ventre, les chevaux commençaient à renâcler aux ordres de leurs cavaliers : toujours plus vite.

Ils jaillirent des forêts comme si une armée était à leurs trousses, apercevant enfin la Porte qui les conduirait sur Mayar, le Dixième Royaume. Chaque foulée les rapprochait un peu plus de leur objectif ; et le soleil avait entamé son long déclin vers l'horizon.

Un homme se tenait près de la Porte, contemplant le crépuscule. Les Portes avaient besoin de l'énergie solaire pour fonctionner, or dans quelques instants, le soleil disparaitrait derrière la colline.

Les deux colonnes étaient taillées dans un marbre violet veiné de blanc ; sur le linteau qui les surmontait, la flèche violette, symbole du Douzième Royaume, pointait vers les nuages.

La Porte de Sagitta se dressait là, loin de tout couvert végétal. Leur but était tout proche.

S'ils rataient cette occasion, ils devraient passer une nouvelle nuit sur Sagitta – avec le risque d'être attaqués par les impériaux.

Et le temps leur était compté.

–Attendez ! s'écria Lucas, nous devons à tout prix aller sur Ma...

–Dépêchez-vous ! tempêta le vieil homme, arborant la broche des Prêtres d'Eraïm. Elle est déjà ouverte mais ne va pas tarder à se fermer !

L'un après l'autre, les cinq chevaux franchirent la paroi ondulante. Satia retint son souffle, Laria ferma les yeux, cherchant à éviter le contact, Itzal se raidit comme si il allait percuter un mur et Lucas soupira de soulagement. Ils avaient réussi.

Un froid glacial les saisit à l'arrivée. Satia fronça les sourcils en resserrant sa cape. Le climat de Mayar était chaud toute l'année, alors pourquoi y avait-il autant de neige ? Elle vit que les autres étaient tout aussi perplexes qu'elle, et se sentit rassurée. Ils affronteraient ce nouveau problème ensemble.

Lucas était dans un tout autre état d'esprit, troublé de sentir l'odeur de sa planète natale. Il n'aurait jamais cru respirer encore l'air glacé des montagnes de Massilia...

Pourquoi n'étaient-ils pas arrivés sur Mayar comme prévu ? Il se tourna vers le gardien de la Porte et demanda des explications, mais le prêtre de Mayar secoua négativement la tête en réponse à ses questions. La Porte avait été uniquement ouverte avec Sagitta. Ils avaient dû avoir un problème de compréhension de l'autre côté. Ils devraient maintenant attendre que le soleil se lève à nouveau pour réutiliser la Porte et aller sur Mayar.

Le Messager soupira. Ils n'avaient pas le choix, ils étaient coincés ici pour la nuit. Il n'avait plus qu'à leur trouver une confortable auberge dans la ville de Citrine toute proche.

Ces derniers jours avaient épuisé ses compagnons, et un peu de repos ne serait pas de refus, y compris pour lui.

Une vague de douleur le submergea, et il serra les dents tout en talonnant son cheval, concentré sur sa respiration. Ce contretemps était loin d'être une aubaine.

Ensuite, il prit quelques minutes pour expliquer la situation et annoncer au petit groupe frigorifié qu'ils s'arrêteraient pour la nuit. Tous n'avaient qu'une hâte, se mettre à l'abri du vent dans un endroit chaud.

Seul Lucas trouvait un certain réconfort dans l'air glacial qui rafraîchissait agréablement son corps brûlant. Il inspira à pleins poumons, sentit le froid descendre au plus profond de lui, le revigorant. La sensation d'étouffement qu'il ressentait disparut.

Les Douze RoyaumesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant