Chapitre 13

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Alors que je suis à deux pas du dortoir, j'entends des pleurs provenant de l'intérieur.

Je m'arrête net, ne sachant pas si je dois quand même y rentrer ou la laisser seule. Je triture ma robe, mal à l'aise, perdue. Et si je la dérange ? Et si elle ne veut pas que je sois là ? Et si elle préfère rester seule ? Et si elle ne veut pas me parler ? Et si elle ne veut pas que je la voie comme ça ? Après tout, c'est la première fois qu'elle est dans cet état, en tout cas devant moi, je ne sais pas quoi dire, ou quoi faire... Et si je ne trouve pas les bons mots ? Et si elle se sent encore plus mal à cause de moi ? Je ne veux pas qu'elle soit triste par ma faute... Je devrais peut-être laisser Louise lui parler, elle saura quoi dire. Sauf que Louise ne risque pas de revenir avant longtemps si elle doit aider Annie avec les bébés...

Mais c'est Denise qui m'avait dit qu'il ne fallait pas laisser les personnes seules avec leurs tristesses, que c'est comme ça que ça empirait. Au contraire, il fallait se soutenir, être là pour les autres.

Timidement, je pousse la porte en bois. Un grincement retentit, faisant sursauter la jeune fille qui se trouve sur un des lits. Elle se tourne vers moi en sursaut, essuyant d'un geste vif l'eau qui coule sur ses joues et remet ses lunettes sur son nez. Quand elle me voit elle ravale un sanglot, avant de se forcer à sourire le plus naturellement possible.

— Élia ? Ça va ? Est-ce que je peux faire quelque chose pour toi ?

Je sens bien qu'elle essaye de tout son être de se contrôler et de garder ses larmes au fond d'elle, mais qu'elle y arrive difficilement.

Doucement, je secoue la tête en m'approchant un peu plus d'elle.

— Comment va Gaétan ? me demande-t-elle précipitamment, levant ses sourcils, l'air inquiète.

— Il va bien, ne t'inquiète pas, dis-je alors que j'arrive à sa hauteur. Il l'a mérité de toute façon... Ce qu'il a dit était vraiment méchant.

Denise secoue la tête tristement.

— Non... Non, Élia, par pitié ne croit pas ça... Rien ne peut justifier qu'on frappe quelqu'un, peu importe ce qu'il dit ou fait... Je ne sais pas ce qu'il m'a pris... C'est impardonnable...

Je secoue la tête.

— Non, c'est faux-

— Élia... gémit-elle. Non, ne crois pas ça, il a parlé sans réfléchir, il ne mérite pas d'être frappé pour ça...

Même si je ne suis toujours pas convaincu, j'acquiesce, ça a l'air de lui faire tellement de mal d'avoir eu ce geste, que je ne veux pas empirer son mal-être.

— J-je suis désolée... dit-elle plus pour elle que pour moi, apparemment.

Sa voix se casse sur ce dernier mot, et sans qu'elle puisse se contrôler, des larmes jaillissent de ses yeux, comme un torrent dévalant une montagne. Rapidement, elle enlève ses lunettes pour essuyer ses yeux, détournant la tête pour éviter que je la voie dans cet état. Cela me brise le cœur, c'est la première fois que ça arrive, d'habitude, elle se montre toujours forte, c'est elle qui nous console et nous rassure. Je sens mes yeux me piquer, mais je secoue rapidement la tête pour éviter que ça arrive. Non, je n'ai pas le droit de pleurer, pas maintenant, aujourd'hui, c'est moi qui dois me montrer forte et rassurante pour Denise, elle en a besoin.

— Je suis désolée, Élia... Je ne devrais pas pleurer comme ça devant toi, ce n'est pas bien.

— Non, pourquoi tu dis ça ?

— C'est moi la grande sœur ici, et c'est mon rôle de vous protéger, pas l'inverse.

Une nouvelle fois, elle éclate en sanglot, incontrôlable, de nouvelle larme viennent noyer son visage.

La petite orphelineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant