Chapitre 21

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Assise contre un arbre, bercée par un vent frais qui caresse mon visage et par le chant des oiseaux qui virevolte au milieu des branches d'arbre qui dansent sous une douce brise, je peux presque m'endormir. Le dimanche est vraiment mon jour préféré de la semaine. C'est le seul moment où nous avons l'après-midi de libre, pas de corvées, pas de travail aux champs pour les garçons, rien, juste un court moment de liberté. À une condition : ne faire aucun bruit.

— Nous ne voulons pas vous entendre, compris ? avait beuglé Madame Morvan après le déjeuner. Faites comme si vous n'existiez pas, comme ça aurait dû être le cas pour bon nombre d'entre vous. Débrouillez-vous seuls, nous ne voulons pas être dérangées, même si l'un de vous se retrouve à l'article de la mort, compris ? Sinon, je jure devant Dieu qu'il tâtera du cuir jusqu'à ce qu'on voie les os de son dos !

C'est le même discours qu'elle nous sort tous les dimanches et elle a déjà prouvé qu'elle est plus que sérieuse dans ses menaces. En fin de compte, ça ne change pas trop de d'habitude, elles ne viennent jamais pour nous soigner quand on est malades ou blessés, elles ne nous consolent jamais quand on a peur, elles n'ont jamais un mot gentil envers nous. Les seules personnes sur qui on peut compter, ce sont Annie, Louis et Denise. Mais, le dimanche après-midi, il y a quelques choses en plus qui rend cette journée merveilleuse : la directrice est absente. Je ne sais pas où elle va, mais elle part après le déjeuner et ne rentre que la nuit tombé.

Avec mes amies et une dizaine d'autres enfants, nous nous sommes réfugiés au fond de la cour arrière, là où nous pouvons parler sans craindre d'être punis. Réunis autour de Julien, nous écoutons le récit des aventures de son père, un soldat mort en héros pendant la grande guerre. J'adore ces histoires, elles sont toutes incroyables ! Il a tellement de chance d'avoir un père comme lui. Par le biais de ses histoires, j'imagine mon père à la place, en héros de guerre qui aurait bravement donné sa vie pour sa patrie et qui malheureusement a dû m'abandonner ici, car son devoir l'appelait.

Je porte mon attention sur Julien. Debout devant un public absorbé par son récit, il attrape un bâton et le pose sur son épaule pour mimer un fusil avant de se mettre en position d'attaque.

— Et là, s'écrie-t-il en fléchissant les jambes, mon père s'est retrouvé encerclé de plus de cent ennemis ! Les Allemands étaient partout, c'était impossible de fuir !

— Qu'est-ce qu'il a fait après ? demande une petite en agrippant le bras de sa copine, inquiète.

— Il s'est battu, répond le blond en faisant mine de charger son arme. Tous ses compagnons étaient morts ou s'étaient enfuis, car ils avaient trop peur, mais mon père lui, il n'avait pas peur, c'était le plus courageux alors il a tenu bon ! Il a pris son fusil et a tiré sur tous les ennemis ! Il en a tué beaucoup, mais un a réussi à lui tirer dans le bras, et il a lâché son fusil !

Julien lâche le bâton et se tient le bras de douleurs avant de tomber à genoux en soufflant.

— Oh non ! s'exclament en chœur les enfants de plus en plus absorbés par l'histoire.

— Il est blessé !

— Comment il va faire maintenant ?

— C'était un plan ! Quand un des ennemis est arrivé pour le faire prisonnier, mon père s'est relevé d'un coup et lui à donner un coup de poing dans les dents, dit Julien en mimant la scène. Il a commencé à frapper tous ceux à sa portée et il était tellement fort que personne arrivait à le battre. Même à cent contre un, ils étaient trop faibles ! Mon père s'était un champion du monde de boxe c'est pour ça les ennemis n'avait aucune chance !

Julien rit en posant ses mains sur ses hanches, victorieux, sous les cris de joie étouffés de son public qui essayait de ne pas faire de bruit en se pinçant les lèvres ou en mettant leurs mains sur leurs bouches.

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⏰ Dernière mise à jour : 6 hours ago ⏰

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La petite orphelineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant