— Enfin finis ! soupire Adeline en posant son seau et son balai dans le placard. J'ai trop mal aux genoux à force de laver par terre ! Les salles des classes, c'est le pire avec les bureaux.
— Non, le réfectoire est pire, contré-je, on doit ramper sous les tables, ça fait mal aux genoux et à la tête quand on cogne.
— Non, le pire du pire, c'est la salle d'eau avec les toilettes, grimace Hortense en posant son balai, c'est dégoûtant.
— Oui, rétorque Adeline, mais quand il fait chaud comme aujourd'hui, la salle d'eau ça rafraîchit, mais oui les toilettes ou les ordures, c'est plus pire que pire, beurk.
Après avoir posé nos affaires, nous allons nous asseoir sous une des fenêtres à côté de la porte d'entrée en attendant l'heure du dîner.
Le carrelage froid sous mes cuisses nues me fait frissonner, mais ça fait du bien un peu de fraîcheur avec la chaleur de l'été qui arrive et qui rend les corvées encore plus fatigantes. À côté de moi, Adeline s'installe en tailleur en veillant bien à ce que sa robe cache ses jambes, imitées par Hortense.
Alors qu'Adeline commence à ouvrir la bouche pour parler, elle est interrompue par le bruit d'une gifle provenant du couloir menant aux salles de classe. Intriguées, nous nous relevons en vitesse et nous dirigeons, avec quelques autres curieux, vers les pleurs d'une petite fille.
— Espèce de sale petite voleuse, dis-moi où tu l'as mis ?
Debout, les sourcils froncés et la main prête à en donner une autre, une des plus jeunes surveillantes fait face à la pauvre Sidonie recroquevillée au sol les mains sur sa joue rougit. Sous le torrent de larmes qui dévalent ses joues et les sanglots qui l'étrangle elle tente de dire qu'elle n'a rien fait, mais ne l'a croyant pas la surveillante s'énerve un peu plus et la frappe derechef.
— Je ne comprends rien à ce que tu dis, articule ! Où as-tu caché la pelote de laine ?
Prenant une grande inspiration et essayant de ravaler ses pleurs, Sidonie murmure :
— C-c-c'est pa-as mo-oi...
— Tu n'es qu'une petite menteuse !
Avant que la surveillante ne puisse lui donner un autre coup, Renée arrive en courant et se jette sur sa petite sœur pour la serrer contre elle. Elle lève un bras pour les protéger et regarde le surveillant droit dans les yeux, pendant que Sidonie enfouie son visage dans le creux du cou de son aînée.
— Arrêtez ! Elle n'a rien fait !
Surprise, l'adulte reste stupéfaite quelque seconde avant de froncer un peu plus les sourcils en demandant :
— Et c'est qui alors ? Hein, dis-moi ? C'est la dernière à être sortie de la salle, c'est donc elle qui a volé la pelote de laine.
— Non ! Ma sœur n'est pas une voleuse !
Sidonie s'accroche à Renée en pleurant plus fort.
— Elle n'a rien f...
Renée se tait un instant alors que Sidonie lui chuchote quelque chose à l'oreille. Aussitôt, l'aîné se redresse et dit d'une voix forte :
— C'est Thérèse la voleuse ! C'est elle, pas ma sœur !
Tous les regards se tournent vers la petite rouquine. La jeune surveillante s'approche alors d'elle l'air menaçant.
— Alors c'est toi la voleuse ?
— N-non, marmonne la petite fille en baissant la tête.
— Menteuse, crie Renée, c'est elle, je l'ai vue !

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La petite orpheline
Science FictionLorsque l'on est une jeune orpheline en 1922, la vie est loin d'être un jeu d'enfant. Surtout, quand on habite dans un orphelinat où la règle principale est le silence. Où il est défendu de jouer et de rire. Où les enfants sont cloîtrés en attendant...