Diadème de cendres

Chapitre 16: Demyan.

Hello! Je commence à publier tous les deux jours^^

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Voilà trois jours que j'étais allé voir Keryna, et l'exécution de la famille Scintillante aurait lieu le lendemain. Je m'en voulais terriblement de lui avoir menti. J'avais préféré nier, ayant peur qu'elle me considère comme un monstre. Et en même temps, je l'aurais compris, je me considérais moi même comme tel depuis l'arrestation. Je mourrais d'envie de faire quelque chose, mais je n'en avais pas le courage. Et puis, à vrai dire, je savais que je ne pouvais rien faire. Les Scintillants étaient enfermés dans les cellules souterraines, et une bonne dizaine de gardes surveillaient les alentours. Il m'était donc impossible de tenter quoi que ce soit.  

Ce matin-là, je partis dans la salle de combat principale afin de me défouler. Je ressentais le besoin, plus que jamais, de me vider la tête. Arrivé devant le mur d'armes, je prenais sans aucune hésitation ma préférée. Petite, silencieuse et légère, je la considérais comme la plus pratique à transporter. C'était une arme faite de bois et de verre transparent, qui lançait des petites flèches empoisonnées lorsque l'on appuyait sur la gâchette; la personne qui se la recevait devenait alors complètement paralysée. 

La salle était divisée en deux parties: l'une pour les combats au corps à corps, et l'autre où se trouvaient les stands de tir. Je me dirigeai vers ces derniers, mon arme en main. Les rangées, d'un mètre environ, étaient au nombre de dix. Lorsque mes pieds foulaient le parquet de bois clair, j'oubliais tout. 

Les jambes écartées et les bras en avant, je pris une grande inspiration, la bloqua, puis tira. La flèche atteignit la cible en moins d'un quart de seconde. Comme toujours, elle s'était plantée pile dans le cœur de l'ennemi fictif, un hologramme bleuté. Je m'exerçai encore une demi-heure au tir, puis partis reposer mon arme. 

N'ayant rien à faire étant donné que c'était mon jour de repos, je restai observer les autres legios en train de se battre. Deux groupes de deux s'entraînaient et Pira était dans l'un d'entre eux. Ma seconde se débrouillait bien dans tout ce qu'elle entreprenait, mais excellait encore plus dans le corps à corps. Elle avait une grande prestance et ses gestes étaient si rapides et souples qu'elle gagnait à chaque fois. J'avais appris malgré moi que personne ne pouvait la battre dans ce domaine, portant j'avais essayé maintes fois. 

— Tu viens Demyan? me demanda-t-elle lorsqu'elle vit que je l'observai. 

— Sans façon, je n'ai pas envie de me faire humilier aujourd'hui!

Elle se mit à rire puis se concentra de nouveau sur son adversaire. Je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire, même si je restais encore choqué par son comportement quatre jours plus tôt. Je savais que j'avais besoin d'elle et je ne pouvais pas lui en vouloir encore longtemps. 

Le jour de l'exécution, je me réveillai avec un affreux mal de ventre. Je n'avais pas dormi de la nuit et la fatigue se lisait sur mon visage cerné et blafard. Les Scintillants devaient être tués le soir. Cette simple pensée me donnait envie de disparaitre sous terre. Accoudé au lavabo, la tête entre les mains, je retenais avec difficulté les larmes qui me venaient aux yeux. J'avais envie de hurler contre la terre entière, de briser quelque chose. Je ne savais pas si cela m'aurait aidé à aller mieux, mais j'avais l'impression de ne jamais m'être senti aussi mal. 

En cet instant, je me serais volontiers désigné à la place des enfants Scintillants. Je ne supportais pas d'être le responsable de leur mort. Je n'arrivais pas à comprendre comment Pira pouvait continuer de mener sa vie comme si rien de tout cela ne s'était passé. Personnellement, je n'arrivais même plus à me regarder dans un miroir. Je n'y voyais qu'un assassin. Je tentais de me dire que les Scintillants avaient fait souffrir mon peuple, me remémorant toutes les horreurs que m'avait dit mon père à leur sujet, cependant rien n'y faisait. Rien ne pouvait excuser la mort de deux enfants qui n'étaient même pas nés à cette époque. 

C'est alors que, assis contre le carrelage glacé de ma salle de bain, j'eus l'idée folle d'aller voir mon père. Voilà le seul moyen que j'avais trouvé pour les aider, même si je savais parfaitement que c'était loin d'être le meilleur plan que j'avais eu dans ma vie. Je me devais de tenter cela. Je me préparai donc afin d'aller au château, encore plus stressé qu'avant, si possible. Mon père était un homme horrible, narcissique et qui détestait plus que tout les Scintillants. Je devais être persuasif, et je ne savais pas si j'en étais capable.