Diadème de cendres

Chapitre 60: Demyan.

Cela faisait de nombreuses heures qu'ils attendaient devant le dôme de glace. La plupart des Sans-Pouvoir s'étaient rassemblés et Demyan tentait de les gérer du mieux qu'il le pouvait. Ils étaient survoltés. 

Quant à lui, il tentait de ne pas penser à Keryna. Le fait de ne pas savoir si elle était en vie l'obsédait. Une crampe lui avait serré le ventre toute la journée, et la nuit blanche qu'il avait passé n'arrangeait rien. D'ailleurs, tous les legios avaient les nerfs à vifs. 

Alors qu'il étais assis à côté de Pira, surveillant les alentours en vue de débordements, sa seconde lui adressa la parole d'une voix hachée.

— C'est toi qui nous as trahis, lui dit-elle.

Ce n'était pas une question mais une affirmation. Elle ne le regarda pas lorsqu'elle prononça ces mots, et il vit sa joue tiquer devant son absence de réponse. Il ne savait pas quoi lui répondre. Il aurait aimé lui dire que c'était faux, qu'elle était folle de pouvoir penser une chose pareille, pourtant aucun mot ne sortit de sa bouche.

— La campagnarde était donc une Scintillante, en conclut-elle avec un rire sans joie.

Elle se tourna ensuite vers lui, une lueur suppliante dans le regard.

— T'as pas pu me faire ça. Dis moi que je me fais des idées Demyan, s'il te plait.

Ils se regardèrent dans les yeux durant plusieurs secondes, puis elle se leva avec un regard dégouté. Il sut alors qu'elle allait le dénoncer à mon peuple. D'un bond, il arriva à sa hauteur. Il la pris par le bras et approcha son visage du sien. 

— Je t'interdis de leur dire quoi que se soit, tu ne peux pas comprendre, murmura-t-il à quelques centimètres d'elle.

— Qu'est-ce que je ne peux pas comprendre? Que tu n'es qu'un sale traître? Que tu nous as tous foutu dans la merde parce que monsieur s'est amouraché d'une salope de Scintillante? Oyé, Oyé, chers Sans-Pouvoir, se mit-elle à crier. Vous avez devant vous le connard du siècle, je remets la médaille à notre prince, le très aimable Demyan Vosris! 

Il raffermit la prise sur son bras et elle se tut. Mais c'était trop tard, tous les Sans-Pouvoir avaient compris. Elle poussa un petit cri alors il la relâcha, s'en voulant immédiatement. Puis elle releva la tête et le prit de haut.

— Je te défis en combat à mort, tu ne mérites pas de vivre, cracha-t-elle.

Il fut sous le choc, il ne pouvait pas croire qu'elle puis dire cela, elle qui avait été sa seule amie durant toutes ses années à la caserne. 

— Arrête Pira, je ne veux pas me battre contre toi. 

— Ah, je vois. Trahir ton peuple ce n'est pas grand chose, mais blesser ou tuer ta seconde c'est trop pour ton petit cœur? 

— Tu ne connaissais pas mon père! s'écria-t-il. Toi, tu as été chérie comme une princesse par tes deux parents, ils t'ont aimé. Mon père a fait trop de mal autour de lui, cela devait cesser!

— Ferme là, je n'ai pas envie de m'apitoyer sur ton sors. Tu as vécu au château alors ta vie n'as pas du être trop dur. 

Demyan n'arrivait pas à croire qu'elle puisse dire une chose pareille. Jamais elle n'avait remarqué que son père le battait, malgré toutes les marques qui avaient parcouru son corps. Elle niait complètement ce qu'avait été son enfance et son adolescence.

— En garde! s'écria-t-elle en se mettant en position, sortant une dague de son fourreau accroché à sa cuisse. 

Les Sans-Pouvoir commencèrent à se réunir autour de nous, le poussant à me battre.