Lorsque j'aperçus enfin Eytidy, mon cœur se desserra un peu. J'appuyais mon visage contre la vitre. D'ici, on aurait pu comparer l'île à un flocon de neige. Il neigeait sans cesse là bas. Le paysage était d'un blanc immaculé chaque jour, ce qui leur permettait de cultiver certaines baies médicinales que l'on ne trouvaient nul par ailleurs. Puis plus on se rapprochait, mieux on pouvait observer les modernes grattes-ciels qui déchirait les nuages. Au centre, je voyais la maison principale du président, une imposante bâtisse dont les murs paraissaient fait dans un mélange somptueux de verre et d'argent. Puis autour, les immeubles s'amoncelaient de toute part, des plus hauts aux plus petits lorsque l'on s'éloignait, jusqu'aux modestes appartements de la classe moyenne. Cette organisation selon les classes était similaires à Ivraska.
Comme toujours, l'atterrissage me rendit malade et je dus fermer les yeux quelques instants pour chasser le mal de tête qui venait de me prendre. Mon père commençait déjà à avancer et une crampe me noua les entrailles dès que mes yeux se posèrent sur lui. Je me sermonnais alors intérieurement, me rappelant la promesse que je m'étais faîte: me concentrer sur l'homme que je devais trouver et non sur lui. Après avoir relevé la tête, je me dirigeais donc vers les gardes qui m'attendaient.
J'adorais le bruit de mes pas dans la neige, j'avais toujours trouvé que c'était le plus son du monde. Malgré mes doigts gelés et mon nez qui commençait déjà à couler, je considérais le climat d'Eytidy comme le plus agréable. La chaleur constante d'Ivraska m'épuisait.
Après avoir marché quelques minutes, ce qui était épuisant étant donné l'épaisseur de la neige, nous arrivions devant les soldats qui devaient nous fouiller. Tous étaient habillés de noirs. On aurait put les confondre avec des legios à première vue, mais leur habitude était complètement différente. Ils s'autorisaient à sourire. Cela m'étonna au début, car je savais qu'ils étaient vraiment respectés sur l'île. Pouvait-on vraiment faire régner l'ordre en ayant cette attitude? J'avais été élevé afin de me montrer que la réponse à cette question devait être négative. Mais lorsque je voyais le profond respect que Keryna avait pour ses parents, alors que jamais ils n'avaient posés la main sur elle, je constatais qu'il ne fallait pas que je me réfère à mon éducation.
La fouille dura à peine plus de dix minutes, puis on nous conduisit jusqu'à une station de véhibulles. Ce moyen de transport était celui dont se servait principalement la population d'Eytidy. Je me souvenais encore de la première fois où j'étais entrée dans l'un d'eux, alors que je devais à peine avoir plus de dix ans. A première vue, on pouvait les prendre pour des boules de neiges dévalant l'île à une vitesse phénoménale. Mais lorsqu'ils ralentissaient pour s'arrêter devant la station, on découvrait des sphères parfaitement lisses, faîte d'un verre ultra résistant d'une teinte bleutée.
En me retournant vers les gardes ivraskiens qui nous escortaient ce jour là, je me mis à sourire devant leur mine époustouflée. Je voyais bien que c'était leur première venue ici. Je m'installais ensuite dans un des véhibulles, tout en évitant de croiser le regard de mon père. Le siège recouvert de fibre végétales s'adapta de suite à ma morphologie; j'eus l'impression que j'aurais pu rester ici durant des jours. Nous démarrions ensuite et le paysage immaculé se mit à défiler sous nos yeux ébahis. J'admirais vraiment la technologie d'Eytidy, ils avaient réussi à baser tout cela sur un système de panneau solaire qui ne dégradait en rien leur île.
En arrivant devant la maison présidentielle, je ne pus m'empêcher d'admirer encore une fois l'architecture. Cela n'avait beau être qu'une structure carrée à premièrement banale, les murs donnaient une grande importance à ce bâtiment. Les mains dans les poches de ma veste, j'admirais les alentours modernes qui m'entouraient, regrettant que Keryna ne soit pas avec moi pour partager ce moment. Elle me manquait terriblement, même si je n'osais pas me l'avouer. Puis je repensais au nom qu'elle m'avait donné. Il fallait que je trouve cet homme, Jiko Nyru, mais je doutais que mon père me laisse partir. Je pensais alors que, si je lui affirmais que ma sœur avait besoin de médicament que l'on ne trouvait qu'ici, il me laisserait partir. Je prétexterais que je ne craignais rien pour que les gardes me laissent seuls. Même si je savais que ce mensonge me retomberait dessus un jour, il fallait que je tente. Peu importe les conséquences.
Mais avant tout, il fallait que je partage un repas avec le président et sa famille, mon père ne m'aurait jamais laissé partir avant. Je me dirigeais donc, avec lui ainsi que nos gardes, en direction de la porte principale. Elle était entourée de deux gardes armés d'une arbalète qui ressemblait à la mienne, mais bien plus sophistiquées. Ils nous laissèrent passer en nous adressant un bref hochement de tête. Une jeune femme, qui devait être gouvernante, nous ordonna ensuite de la suivre. Ses lèvres pincées traduisaient un air sévère, et son chignon qui tirait ses cheveux en arrière renforçait encore plus cela.
Sur le trajet, je ne pus m'empêcher d'observer les moindres coins. Du sol bleu roi au plafond décoré de verre luminescent, tout en passant par les murs décoré de mosaïque de la même couleur que le parterre. On aurait dit que le président souhait retranscrire l'ambiance de la météo de l'île. Un univers de glace qui émerveillait n'importe qui.
La gouvernante au visage fermé nous fit ensuite patienter dans une grande salle, nous promettant que le président arriverait d'une seconde à l'autre. C'est effectivement ce qu'il fit. Le président Loyh Vasquart était un homme qui en imposait, non pas par sa stature, mais par sa prestance et par le charme qu'il dégageait.
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Diadème de cendres
Fantasy« Qu'auriez-vous fait à ma place? Continuer de fermer les yeux sur le malheur de votre peuple? Ou bien essayer de vous battre pour avoir une vie plus sereine? Personnellement, j'ai choisi la seconde option, pour le meilleur ou pour le pire. » Keryna...