Chapitre 12: Slow down

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Branche droite ou branche gauche ? Manon observa avec attention les yeux du Parecool glisser lentement vers la droite, puis vers la gauche, puis encore à droite, et encore à gauche, lentement, infiniment lentement. Puis, au terme d'un suspense insoutenable, le Pokémon paresseux amorça un mouvement de bras. Il effectua tout d'abord un lent, très lent geste d'abduction, pour ensuite déplier son coude à mi-hauteur et tendre sa patte poilue et griffue au ralenti. C'était maintenant que tout allait se jouer. La jeune fille ne pouvait plus détacher le regard du membre mollasse du Pokémon qui s'étendait avec une lenteur captivante. Ce n'est que trente seconde plus tard que le Parecool parut se décider pour l'un des deux côtés en décalant légèrement son bras dans l'une des directions. Droite ! Il avait choisi la branche de droite ! Manon ne se réjouit pas trop vite car elle s'attendait encore à ce qu'il change d'avis, mais il n'en fut rien. L'extrémité d'une première griffe finit par atteindre l'écorce de l'Acacia Koa et la dresseuse retint son souffle tandis que la main du paresseux s'enroulait autour d'une étroite feuille allongée. Le geste futile et anodin de l'arrachage semblait prendre des allures de lutte sans merci et Manon ne put retenir un cri de victoire lorsqu'enfin le membre endormi s'éleva, tenant fermement (autant qu'il était possible de parler de fermeté dans ce cas précis) le précieux met à cinq centimètre de la branche. Mais son enthousiasme s'évapora bien vite lorsque le Parecool entama le mouvement en sens inverse, exactement à la même allure qu'à l'aller. La jeune fille perdit patience et se désintéressa de ce spectacle à la fois hypnotisant et ô combien frustrant. Marisson bâilla à côté d'elle et elle descendit de la barrière. La rouquine regarda autour d'elle une énième fois à la recherche d'un autre être humain, certainement l'espèce la plus rare ici en ce moment, mais sans succès. Quoique, ce n'était peut-être pas plus mal que personne n'ait assisté à sa contemplation de l'activité passionnante que constituait le repas d'un Parecool et surtout à son expression la plus gracieuse : les yeux vides et la bouche ouverte, qui lui donnait l'air d'un Qwilfish. À défaut de la moindre once d'amusement, elle préservait au moins sa dignité... Elle soupira et se remit en marche. Après avoir fait quatre fois entièrement le tour de la réserve, elle pouvait plus ou moins citer de tête toutes les espèces de Pokémon qui y habitaient ainsi que toutes les sortes de plantes et d'arbres qui y poussaient.

Et la voilà partie pour un cinquième tour... Youpi...

Au début, elle avait pu croiser quelques employés qui avaient été ravis d'accepter son aide et qui lui avaient donné un peu de travail. Elle les avaient aidé à accomplir certaines tâches faciles, comme tenir et occuper des Corayon en leur donnant des baies pendant que l'un ou l'autre membre du personnel de la fondation mesurait la taille de leurs cornes, brosser le pelage blanc d'un Goupix d'Alola en pleine mue ou encore arroser un petit groupe de Mystherbe, mais au bout d'un moment, elle avait bien vu qu'ils ne savaient plus vraiment quoi lui donner à faire et elle s'était retirée d'elle-même pour ne pas les ennuyer.

Elle avait tout de même préféré rester ici en attendant Alain plutôt que de remonter déprimer dans sa chambre. Car oui, on peut dire que son moral n'était pas au beau fixe, et ce pour plusieurs raisons :

Tout d'abord, il y avait eu cette journée de perdue qu'elle avait passée à l'infirmerie après sa rencontre avec l'Ultra-Chimère (ils avaient préféré procéder à quelques tests et l'avaient gardée en observation au cas où des symptômes provoqués par la violente neurotoxine que produisait la créature se seraient manifestés, ce qui n'avait heureusement pas été le cas). Et lorsque Manon avait abordé le sujet de sa paralysie, les causes en avaient été attribuées à une crise d'angoisse ( même si la doctoresse s'était montrée quelque peu étonnée lorsqu'elle avait mentionné sa violente migraine ; ce qui avait eu pour seul effet de prolonger son séjour dans la confortable petite chambre aux murs blancs tristement vides au délicieux parfum de désinfectant...).

Alola ! Les vacances de la Méga-Évolution !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant