Chapitre 17: Veillée

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Un tableau de coucher de soleil suspendu au mur contigu au lit, voilà la seule différence que Manon avait trouvée entre cette chambre et celle qu'elle avait occupée les jours précédents depuis que Vicky lui en avait remis les clés, estimant probablement que l'atmosphère de la pièce ravagée deux portes plus loin n'était pas vraiment propice à la détente... Toujours les mêmes murs mauves, la même commode ( elle n'aurait honnêtement pas été surprise de tomber sur ses affaires en ouvrant n'importe lequel des tiroirs), la même table de chevet au plateau en bois soutenu par quatre pieds en métal longs et fin sur lequel était également posé un réveil (exactement de la même marque que le précédent). Ces chambres étaient de véritables copies carbones les unes des autres, comme si la personne qui les avait conçues s'était tout simplement contentée de les copier-coller tout au long du couloir (quoique, vu l'incroyable technologie aux mains de la fondation Æther, elle détenait peut-être là, sans le savoir, la véritable explication).

Elle fit part de sa pensée à Alain, debout dans l'encadrement de la porte, pour tenter de détendre l'atmosphère, mais le cœur n'y était pas vraiment. Le dresseur se contenta d'acquiescer et de lâcher un vague « C'est vrai » avant de replonger dans ses pensées. Il devait certainement attendre qu'elle s'installe pour vérifier une dernière fois que tout allait bien, pour repartir dans sa propre chambre l'esprit tranquille.

Sans ajouter un mot de plus, la jeune fille enleva le couvre-lit et défit les draps. Puis, elle s'assit en tailleur sur le lit et poussa un long soupir. N'y tenant plus, elle finit par briser le silence et déclara d'un air coupable, les yeux rivés au sol :

- Je suis désolée, je... je n'arrête pas de causer du souci à tout le monde ces temps-ci... J'ai vraiment l'impression d'être un poids...

- Manon... voulut la couper le jeune homme.

Mais la rouquine continua, incapable de s'arrêter.

- Non, c'est vrai, je n'arrête pas de faire payer aux autres mes pots cassés, à Marisson, à toi, à tout le monde... !

Les larmes lui montèrent aux yeux.

- Avant, tu as voulu m'aider et je t'ai repoussé ! Violemment même ! Je comprendrais que tu m'en veuilles ! Et puis, il y a eu tellement d'autres fois avant ça où j'ai été un boulet pour toi... ! J'agis impulsivement, je n'écoute jamais rien de ce qu'on me dit, par fierté, je refuse qu'on m'aide, et au final je fais toujours tout de travers... ! Je sais que tu ne voulais pas que je t'accompagne au début et... !

- Manon !

Au ton que son compagnon de voyage avait employé, elle se tut aussitôt et tourna la tête vers lui.

Il avait l'air choqué et peut-être un peu en colère aussi.

- Où tu vas chercher des idées pareilles ?

Manon baissa la tête et murmura :

- Pourtant c'est vrai...

Soudain, sans qu'elle ait eu le temps de le voir bouger, Alain se retrouva assis à côté d'elle et plaqua ses mains sur ses épaules, la forçant à le regarder droit dans les yeux.

- Que ce soit bien clair. Je ne suis absolument pas en colère contre toi.

- Vrai...vraiment ?

- Pas le moins du monde. Et...

Il détourna le regard.

- Je suis désolé si je t'ai donné cette impression, je suis juste... pas doué pour ce genre de choses...

Manon eut l'impression qu'on venait de lui ôter un poids. Elle ne put réprimer un rire nerveux et faillit se remettre à pleurer ( bon sang à ce rythme-là, la déshydratation aurait raison d'elle bien avant n'importe quelle créature monstrueuse !).

Alola ! Les vacances de la Méga-Évolution !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant