Différente

2.

C'était enfin la fin des cours, je rentrai enfin chez moi. J'allais enfin pouvoir enlever cette lentille qui m'irritait l'oeil.

À chaque fois que je voyais ma résidence j'avais toujours un sentiment de culpabilité qui montait en moi. Le château qui me servait de maison faisait baver tous les passants, et moi je m'en voulais d'être née dans une famille aisée. D'un côté je suis heureuse d'avoir une famille riche parce qu'ils ont pu m'acheter mes lentilles hors de prix mais de l'autre j'ai juste envie de donner ma fortune à des gens qui en ont besoin.

Quand j'arrivai enfin chez moi, je tombai directement sur ma mère, ou plutôt le zombie de ma mère. Sa joie de vivre était partie en même temps que mon père, et elle avait fini par n'être plus que l'ombre d'elle même, oubliant totalement le bien être de mon frère et moi. Mais la c'était différent, elle était bizarre... 
Je l'observai...

Je cherchai ce qui n'allait pas...

Je scrutai tous ce qui pourrait avoir changer...

Lorsque je trouvai enfin, je fis un bond. 

Elle souriait. 

Pas un faux sourire. 

Un vrai sourire sincère. 

Une chose impensable depuis la mort de papa...

- Tu es sûre que tu vas bien maman ? Tu veux de l'aide pour quelque chose ? Tu es fatiguée ? Va te reposer maman, c'est peut être mieux.
- Ma fille prépare toi à pleurer et à me faire un câlin !!!

- Euh... Tu es sûre que tu vas bien ? tu as fumer quelque chose ?

- Mais non, dis pas n'importe quoi tiens regarde plutôt ça !

Elle me tendit une enveloppe rouge. Je l'ouvris, curieuse, et des sanglots éclatèrent dans la pièce. Ce sont des places pour le prochain fanmeet des BTS, mon groupe préféré. Je ne la pris pas dans mes bras, comme elle s'y attendait par contre. Je ne lui avais jamais fait de câlin 
de mon plein gré, mon père était le seul en qui je croyais suffisamment pour cela. Alors comme à son habitude, elle s'approcha de moi et me fit une étreinte. Normalement je restai figée, comme une statue, mais cette fois-ci je fis quelque chose. Je posai ma tête sur son épaule. Elle tressaillit et resserra son étreinte.

Quand elle me lâcha enfin, elle me tendit une nouvelle enveloppe, bleu cette fois. Je l'ouvris et y découvris deux billets d'avion, un pour aller en Corée, et un pour en revenir. 

- Merci vraiment mais pourquoi ?
- Tu avais l'air triste et ça m'a rappelé que même si j'ai perdu mon mari, toi et ton frère avez perdu votre père. Je n'aurais pas dû me préoccuper que de moi alors que toi ça n'allait pas au lycée. Je suis désolée...

Je grimaçais à l'allusion de mon frère. Cette personne cause de plus de malheur que d bonheur. Ma mère tomba à terre en plaquant ses mains sur sa bouche, s'éparpillant en milles excuses, en répétant qu'elle n'était qu'une mère indigne, qu'elle ne méritait pas mon père et d'autres idioties dans le genre. La seule chose que je pus faire à ce moment-là fut de lui tapoter le dos en lui répétant que ce n'étais pas vrai, qu'elle était quelqu'un de bien et que ce n'était pas de sa faute si mon frère était ce qu'il était.

- Va faire tes affaires tu pars demain, et avant que tu demandes on s'en fiche des cours profite bien ! me dit-elle entre deux reniflements.

Je la remerciai encore et partis faire ma valise pour un voyage d'une semaine. Pensant la faire seule, je me mis à chantonner sur des airs du groupe de musique que j'aime beaucoup. BTS. Et je vais les rencontrer. Pour de vrai. Ça va être dingue. Il faut que je m'organise. Le meeting est le premier jour après que je sois arrivée, j'ai intérêt de bien dormir dans l'avion sinon je ne serai pas présentable, et il faudra que je passe à l'hôtel pour prendre une douche et me changer. Je chantonnai toujours quand ma mère fit irruption dans ma chambre. Elle tenait ma trousse de toilette et une enveloppe, noire cette fois-ci, dans ses mains tremblantes. Elle me tendit l'enveloppe et entreprit de mettre la trousse de toilettes dans ma valise. 

- C'est de l'argent. Tu ferais mieux de la laisser fermer pour l'instant. C'est vraiment très important que tu y fasse bien attention d'accord ?? Si jamais tu perds tout en chemin ça risquerai d'être embêtant. Met la dans ton portefeuille. Bien faisons un récapitulatif.

Et elle commença à citer toutes les affaires nécessaires. À la fin elle se rendit compte que j'avais pensé à tout, et se remit à pleurer en disant que j'avais bien grandis. Elle me fit ensuite un nouveau câlin, qui n'était pas nécessaire, et me déclara que le chauffeur attendait en bas.