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Ma mère et moi sortîmes des laboratoires le sourire aux lèvres. J'avais pris soin de reprendre le numéro de téléphone des chercheurs qui travaillaient avec mon père pour pouvoir travailler avec eux sur la liste de mon père dès que ma mère irait mieux. Comme je l'avais remarqué dans le labo, elle avait énormément maigri, et bien qu'elle s'appuyât sur moi pour marcher, je ne sentais presque pas son poids peser sur mes épaules. Je l'aidai à monter dans la voiture de mon frère et m'installai ensuite à l'arrière. Sur la route pour rentrer à la maison, je leur fis écouter des musiques de Kpop, quelque chose que je n'avais fait que très rarement, avant. Je ne me sentais pas assez proches d'eux pour partager cela avec eux, mais à ce moment-là, je n'y avais pas particulièrement pensé, ça s'était fait tout seul.

A la vue de ma maison, je n'eus pas ce pincement habituel au cœur. Je me rendis compte qu'elle m'avait manqué. Après tout, c'était la maison de mon enfance, elle avait vu tous les moments importants de ma vie, les bons comme les mauvais. Je n'étais partie qu'une semaine, pourtant la maison me semblait changée. Elle avait été rangée, nettoyée de fond en comble. J'enlevai mes chaussures dans le sas d'entrée et une dame que je n'avais jamais vue vint m'accueillir. Elle portait un uniforme noir cintré par un tablier blanc, et ses cheveux noirs étaient attachés dans un chignon strict.

« Bienvenue chez vous, mademoiselle Mercier, me dit-elle, je suis la nouvelle femme de ménage de la maison, je m'appelle Lucie.

- Enchantée, Lucie, mais vous pouvez m'appeler t/p. »

Je lui souris gentiment avant de passer à côté d'elle avec ma valise pour monter dans ma chambre. Les escaliers de marbres brillaient de propreté, et les tapis à l'étage aussi. Je poussai la porte de ma chambre, m'attendant à son grincement habituel, mais la porte pivota silencieusement sur ses gonds. Ma chambre était restée la même qu'à mon départ. Elle était toujours aussi grande, mes murs étaient recouverts de posters de groupe de Kpop et je ne pus m'empêcher de rire à la vue d'un de mes posters de BTS. Les garçons m'avaient raconté une anecdote à propos du photoshoot. Au fond de ma chambre, la porte donnant sur ma salle de danse me fit sourire. Sans hésiter, j'y entrai, laissant ma valise en plein milieu de ma chambre.

Ma salle était bien plus petite que celle dans laquelle j'avais dansé chez BigHit, mais elle avait quelque chose qu'aucune autre salle n'avait. Elle renfermait mes souvenirs avec mon père. Instinctivement, je traversai la salle, marchant délicatement sur le parquet abimé, pour m'approcher d'une petite table. Dessus trônait une photo de moi et mon père quand celui-ci m'avait montré cette pièce secrète, des années plus tôt. D'autres objets avaient leur place sur cette table, comme des trophées et autres prix, mais cette photo avait bien plus de valeurs que tout le reste.

Je sortis mon téléphone pour le connecter aux quatre enceintes disséminées aux quatre coins de la pièce et m'aperçus que j'avais reçu un message de mon cousin. Il me demandait si j'avais bien atterri, et si mes retrouvailles avec ma famille s'étaient bien passées. Avant que je n'aie le temps de lui répondre, un autre message arriva :

« Tout le groupe voulait te remercier sincèrement, pour tout ce que tu as fait. Nous avons tous fait un live, pour expliquer ce que nous vivions, comment nous nous sentions par rapport à notre condition d'idol, à propos de notre autorisation ou non à être en couple etc, et la majorité des fans sont heureux ! C'est grâce à toi si j'ai fait mon live le premier, et si les autres ont suivi. Pendant tes douze heures de vol, il s'est passé tout un tas de choses ici que je t'expliquerai plus tard, mais pour résumer, notre agence a vu ton talent en danse (peut-être que je t'avais filmé quand tu t'étais mise à danser ce jour-là ^^') et ils adoreraient t'embaucher comme chorégraphe/backdancer ! Bien sûr ce n'est pas une obligation, mais je pensais que peut-être que ça te dirait... »

Je ne pus m'empêcher de pousser un cri de joie en lisant le message, et je dus m'asseoir pour éviter de tomber. BigHit voulait m'embaucher en tant que chorégraphe ? Moi ? Je faillis répondre positivement immédiatement, mais mon instinct me dit de réfléchir avant. Après une bonne demi-heure de réflexion allongée sur le parquet froid, je pris enfin une décision. Je partirai vivre en Corée du Sud pour travailler en tant que chorégraphe, mais seulement quand j'aurai eu mon bac et que les chercheurs et moi auront trouvé la solution miracle contre la maladie. Cela laisserait le temps à ma mère d'aller mieux.

Avant de répondre à mon cousin, je redescendis au rez-de-chaussée, pour chercher ma mère et mon frère. Notre maison était immense. Chaque étage représentait les quartiers privés d'une personne, de façon que le premier étage me soit réservé, le deuxième était à mes parents et le troisième à mon frère. Le rez-de-chaussée, quant à lui, était l'espace commun où se trouvait le salon, la cuisine et le salon de réception – il y eut un temps où cette pièce était pleine à craquer chaque week-end. Au centre de chaque étage se trouvait la cage d'escalier et l'ascenseur. A côté de l'ascenseur, il y avait l'une de mes inventions. C'était une longue corde qui reliait chaque étage, et, qui a chacun des étages était reliée à une cloche. Si quelqu'un voulait réunir la famille, il lui suffisait de tirer la corde à n'importe quel étage pour que tout le monde le sache. Je tirai donc sur la corde et entendre les quatre cloches sonner me fit rire.

Ma mère et mon frère ne mirent pas beaucoup de temps à descendre, la nuit était déjà avancée, chacun devait attendre le dîner avec impatience. Et ils faisaient bien, car Lucie sortit de la cuisine pour annoncer que le dîner était prêt, ce qui me surprit d'abord, car elle s'était présentée comme femme de ménage, pas comme cuisinière. Nous mangeâmes dans le salon, et je leur racontais tout mon voyage, de l'aller au retour, en omettant les choses que j'estimais devoir rester entre mon cousin et moi. Ils m'écoutèrent attentivement, me posant parfois des questions ou demandant des descriptions. Je me rendis compte en leur racontant tout cela que j'aimais leur parler, que j'aimais passer du temps avec eux, que je les aimais, tout simplement. Quand vint le moment de leur parler de la proposition de Jungkook, j'hésitai quelques instants, avant de rire de ma propre appréhension. Pendant que je leur expliquais mon plan, je surveillais leurs expressions faciales. Sur le visage de Nathan, il y avait un sourire fier, je ne lui avais jamais vu un tel sourire, quant à ma mère, je lisais de la peur dans ses yeux.

« Vas-y, dit-elle tout de même. Tu es incroyablement douée, mon ange, et si ça ne te plait plus, ton frère et moi, on sera là, quoiqu'il arrive, quoique que tu fasses.

- Elle a raison, t/p. On sera toujours là, mais cette offre d'emploi peut-être pas. Tu n'as pas besoin d'attendre, fonce »

Je leur souris, mais ma décision était prise. Je me levai de table et leur fis à chacun un bisou sur la joue pour leur souhaiter une bonne nuit, avant de monter dans mes quartiers. Le lendemain était un lundi, mais pas n'importe quel lundi. C'était le premier jour qui m'était offert pour atteindre mon objectif, et je comptais bien l'atteindre le plus vite possible, car ma vie avait à nouveau un sens. 

DifférenteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant