Différente

22.

Je me laissais aller en arrière pour tomber allongée sur le lit. Les yeux rivés au plafond, je repensai à tous les moments passés avec mon frère. Ils n'étaient pas nombreux et encore moins heureux. J'avais commencé à le haïr dès mon plus jeune âge, je ne lui avais jamais vraiment adressé la parole, je ne savais pas vraiment qui il était. Après la mort de mon père j'avais encore empiré les choses, si c'était possible, je lui reprochais sa mort. Je ne lui avais même pas dit au revoir avant de partir. Je ne comprenais pas pourquoi il avait aidé ma mère à m'envoyer ici, mais j'étais sûre que ce n'était pas pour se faire pardonner de m'avoir traitée de monstre depuis ma naissance. Ça c'était passé trop longtemps en arrière il ne devait plus s'en rappeler.

Je poussai un long soupir, pour une fois dans ma vie je ne savais pas quelque chose et je n'avais aucun moyen de connaitre la réponse, cette sensation était vraiment désagréable. Le fait de devoir attendre mon retour en France pour peut être avoir la réponse me rendait vraiment impatiente. Je me redressais, essayant du mieux que je pouvais de chasser ces questions. Je ne savais pas quand serait mon prochain séjour en Corée du Sud, je devais en profiter au maximum.

A peine sortit de ma chambre, j'entendis la voix de Jungkook m'appeler. Je me tournai vers le groupe et constatait qu'ils étaient encore à table.

« Ça te dit d'aller visiter Seoul ? on va sortir alors si tu veux venir, tu es bien évidemment la bienvenue, me proposa-t-il.

- Avec joie, lui répondis-je en arrivant à sa hauteur. »

D'un commun accord, ils se levèrent et se préparèrent à sortir. Le fait que mettre ces déguisements était un geste habituel, presque robotique, me fit de la peine. Ils ne pouvaient rien faire sans être suivis. Mon cousin se tourna vers moi et me tendit un masque contre la pollution, un faible sourire sur ses lèvres.

« Si on y arrive, tout ça ne servira bientôt plus à rien.

- Alors on va tout faire pour que ça marche et que vous puissiez vivre comme tout le monde. »

Je pris une casquette qui trainait et l'enfonçait sur ma tête avant de sortir de l'appartement, suivie des garçons.

Ils m'entrainèrent à la rivière Han où ils s'assirent et discutèrent avec moi de la vie en France, des différences de culture entre nos deux pays. Ils étaient très étonnés que je puisse avoir des amis beaucoup plus âgés que moi et que je leur parle sans marque de respect particulière. Je pouvais deviner leur sourire sous leur masque lorsque je leur parlais d'Amélie et de ses deux ''amies'' et je ris de bon cœur quand ils me racontèrent leurs auditions dans différentes agences. RM allait prendre la parole pour nous parler des projets originels pour le groupe, il était le premier à avoir été embauché, lorsque son téléphone sonna. Il s'excusa puis se leva et s'éloigna un peu avant de décrocher. Il revint quelques minutes plus tard l'air embêté et très inquiet.

« C'est elle, commença-t-il, elle a un problème, il faut que j'y aille.

- Qu'est ce qui se passe, demanda Jimin en ramassant les affaires de son hyung.

- Elle ne va pas bien, elle a besoin de moi il faut que j'y aille je ne peux pas la laisser seule ! »

Son angoisse montante s'entendait dans sa voix pressante et se lisait dans ses yeux bruns. Ses gestes étaient désordonnés et trahissaient la panique qui prenait contrôle de lui. Il ôta son masque et inspira de l'air profondément pour se calmer. Les membres réagirent immédiatement, l'entourant pour le soutenir mais surtout pour le cacher des nombreux promeneurs environnants. Je restai assise un peu à l'écart, surveillants et dissuadant les promeneurs trop curieux.

Mon cousin revint vers moi, suivi de Namjoon, il me prit le bras et se dirigea vers chez lui. Ils marchaient très vite, me pressant toujours plus, et je dus courir derrière eux. Jungkook avait lui aussi l'air très affecté. Arrivés devant l'immeuble de Jungkook, on ne monta pas chez lui comme je m'y attendais, ils descendirent aux garages souterrains, en ouvrirent un et me dirent de monter à l'arrière de la voiture. J'eus à peine le temps de refermer ma portière que Jungkook démarra. Il sortit du parking souterrain en trombe, coupant la route à une voiture qui arrivait. Il tapotait nerveusement sur le volant et s'impatientait aux feux rouges.

« Est-ce-que vous pouvez m'expliquer ce qu'il se passe à la fin ?

- C'est Ji-An, elle ne va pas bien, me répondit nerveusement Namjoon.

- Et qui est cette Ji-An ?

- Une amie de Namjoon-hyung, m'expliqua finalement mon cousin. Ils se connaissaient déjà avant nos débuts et sont très proches, malgré qu'elle ait trois ans de moi que lui. A la base ils étaient un trio infernal, mais plus maintenant.

- Elle est comme ma petite sœur, et lui était comme mon petit frère, continua le leader. Il était un vrai prodige du piano, comme Suga, il était capable de nous faire passer par toutes les émotions possibles en un seul morceau. On rêvait tous les trois de faire un groupe, raconta-t-il avec un sourire rêveur sur les lèvres. Ses parents l'en ont empêché, c'était la pire chose qu'ils pouvaient lui faire, il a sombré dans une dépression et a fini par se suicider, comme beaucoup trop de jeunes dans ce monde. Il avait tellement d'avenir..., sanglota Namjoon.

- Depuis on a pris Ji-An sous notre aile, mais elle a abandonné l'idée d'un groupe. Elle compose encore et écrit des textes magnifiques mais elle ne veut pas en faire son métier. Namjoon-hyung est le seul à avoir débuté. Il lui a écrit pleins de chansons et on va dire que les albums Love Yourself lui sont un peu dédiés. Seulement ça n'a pas marcher, soupira Jungkook.

- Comment s'appelait ce garçon ?

- Il se serait appelé Runch Randa, j'ai hésité longtemps à prendre ce nom pour mes debuts car il aurait débuter avec moi comme ça. Finalement j'avais pris Rap Monster, mais ce n'était pas non plus vraiment moi. RM c'est mon vrai moi maintenant, et ça fait du bien, mais Ji-An n'arrive pas à réellement faire son deuil, elle ne supportera plus ce fardeau très longtemps, elle fatigue, à force de se battre contre elle-même, et c'est ce qui m'inquiète.

- On est arrivés. Yunh-So, ne te montre pas et ne fais pas de bruit, mais viens avec nous.

Il se gara devant un petit immeuble. On était sortis de la ville, et on se trouvait maintenant éloignés de l'agitation de la capitale sud-coréenne. Namjoon sonna et une voix brisée sortit de l'interphone. La porte se déverrouilla et je suivis les deux garçons jusqu'à l'appartement de ladite Ji-An. La porte était entrouverte et une jeune femme se précipita dans les bras d'RM.