17.

127 10 0
                                    

Je sentais un vide au fond de ma poitrine. Mais pas le vide qui fasait peur et qui était triste, le vide qui était réconfortant et joyeux. J'avais l'impression qu'il me disait : bravo tu as réussi, tu peux être fière de toi. Et je l'étais.

Je savourais cette nouvelle sensation lorsque Jungkook s'assit à mes côtés. Pour la première fois depuis que je l'avais rencontré, je l'avais regardé comme mon cousin et pas comme le membre de BTS. Et mon cousin avait l'air fatigué et inquiet. Une vague de compassion et de remords m'envahit. Je m'en voulais de l'avoir entraîné là-dedans en débarquant dans sa vie du jour au lendemain. J'avais semé la pagaille dans sa famille dans laquelle il y avait bien assez de tensions avant. J'étais débarquée chez lui, avais mangé et dormi chez lui, et je l'avais même réveillé pendant la nuit à cause d'un cauchemar insignifiant, et ce, sans même me dire qu'il pourrait avoir des ennuis avec son manager, ou pire, que ses fans pourraient me découvrir et créer une polémique qui lui entacherai sa réputation à vie. Je ne comprenais pas pourquoi il prenait tous ces risques pour moi, lien du sang ou pas il me connaissait à peine. J'allais m'excuser et l'interroger là-dessus, seulement il fut plus rapide que moi.

« Tu restes combien de temps en Corée Du Sud ?
- J'étais partie pour rester une semaine donc il me reste 4 jours. Je vais me trouver un hôtel ou dormir ne t'en fais pas tu as déjà fait beaucoup pour moi, après tout on ne se connait pas, même si on est cousins.
- Tu peux rester chez moi il te faudra bien un guide pour visiter mon beau pays, et ça tombe bien il se trouve que tu en as un d'exception devant toi. Et puis tu es de ma famille et ça me fait du bien de me dire que ma famille ne se résume pas à une grand-mère hystérique, une mère dépressive, un père pas capable de protéger sa femme et un frère on ne peut plus insupportable et lèche bottes, bon après je dis peut être ça parce que je suis son frère. »

Je souris à la remarque de mon cousin pendant qu'il se levai pour se diriger vers la voiture. Je m'apprêtais à le suivre quand des mots de Jungkook me revinrent. Quand je m'étais évanouie dans la salle de danse, il avait dit aux autres que sa grand-mère perdait la boule, qu'elle n'arrêtait pas de dire que tout était de sa faute si sa vie était gâchée. J'avais cru qu'elle parlait d'elle même et que ça allait faciliter ma visite et mon annonce, sauf que quand je l'avais vue elle n'avait pas l'air de s'en vouloir. Maintenant c'était clair, elle parlait de mon père. Pourquoi n'avais-je pas compris plus tôt ?

Je criai à Jungkook que je retournais à l'intérieur et fis irruption dans le salon. Je me dirigeai droit sur mon aïeul et elle recula jusqu'a s'acculer au mur. Cependant je ne lui fis rien, bien au contraire. Je m'inclinait devant elle. Je lui dis que j'étais désolée et je le pensais de tout mon être. Je lui dis que mon père n'avait pas été volontairement la source de son malheur et que c'était sans aucun doute pour cela qu'il ne parlait jamais d'elle. Parce qu'il avait honte d'être le malheur de sa mère.

Puis je me retournai pour faire face à ma tante et son mari, mais surtout pour observer l'enveloppe que ma mère m'avait donnée et que j'avais donnée à mon tour. Quelque chose m'avait semblé étrange quand ma mère me l'avait donnée. Ça avait l'air de lui faire mal, comme si elle se séparait de quelque chose de sentimentalement important. Quelque chose qui avait du appartenir à mon père. Or mon père n'avait pas de won à la maison. Je m'avançais vers ma tante et lui repris l'enveloppe des mains, lisant au passage l'incompréhension sur son visage maigre.

Je tendis ensuite l'enveloppe à ma grand-mère l'incitai à l'ouvrir, ce qu'elle fit après quelques secondes d'hésitation. À l'intérieur il n'y avait pas d'argent comme me l'avait fait croire ma mère, mais des lettres. Trois exactement. Une pour ma grand-mère, une pour mon oncle et la dernière pour moi. Je pris celle qui m'était destinée et donna la sienne à mon oncle. Je pris mon porte-monnaie, y rangeai ma lettre et sortit de l'argent que je donnai à ma tante, et elle me prit dans ses bras. Je voulus la repousser mais je ne me dit point, mon corps se réchauffa en commençant par mon coeur et une sensation de bien-être tranquille m'envahit et je ne pus la repousser, essayant même de l'étreindre un petit peu, et je lui avait glissé à l'oreille : c'est pour l'assiette, je suis encore une fois désolée de vous avoir déranger et je vous remercie du fond du coeur. Ceci fait je la repoussais repris mon sac et me réinclinais respectueusement devant chaque occupant de la pièce avant de sortit, encore sous le choque ce qu'il venait de se passer après ce câlin imprévu.

Je rejoignis Jungkook dans la voiture avec un sourire fier et nous partîmes sans un mot, laissant derrière nous une famille en pleure devant une lettre qui leur était tout particulièrement destinée par une personne qui leur était à chacun cher, soit en tant que frère réconcilié, soit en tant que fils retrouvé. Des gouttes mouillèrent le papier et les joues de ces personnes mais elles n'y firent pas attention. Car ces larmes ne témoignaient pas une tristesse ou une rage, non. Ces larmes témoignaient la délivrance que ressentais cette famille.

DifférenteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant