Différente

26.

Cette soirée avec Jungkook fut certainement la première durant laquelle aucun de nous deux ne fut triste. Nous rigolâmes, dansâmes, chantâmes... mais aucun de nous ne pleura. Nous avions tous les deux tellement besoin d'un moment comme celui-ci, en famille.

Je me réveillai sur le canapé du salon, le soleil était haut dans le ciel bleu. Je me levai doucement pour ne pas réveiller mon cousin qui dormais à côté de moi et allai me planter devant la baie vitrée. La vue était encore plus époustouflante de jour. La petite crique était magnifique, l'eau d'un bleu sans pareil montait et descendait sur le sable fin dans des mouvements délicats et lents. Le soleil se reflétait dans la mer et les roches qui délimitaient ce petit bout de paradis faisaient un jeu d'ombres dans les petites vagues.

Un ronflement bruyant de Jungkook me sortit de ma contemplation et je me tournai à nouveau vers le salon, juste à temps pour le voir tomber du canapé. Il rumina quelque chose d'incompréhensible mais ne se réveilla pas. Je récupérai mon téléphone et le prit en photo, contenant mon rire de mon mieux. Je profitais d'avoir mon téléphone en main pour regarder l'heure. Mon avion était à 16h, et il était déjà midi passé. Je soupirai avant de rassembler le peu d'affaires que nous avions.

Je réveillais ensuite Jungkook et nous partîmes immédiatement. Nous étions assez loin de Seoul, nous n'avions donc pas le temps de passer récupérer mes bagages à l'appartement de mon cousin. Il appela Jimin et lui demanda de récupérer mes affaires chez lui et de prendre de quoi se déguiser pour nous deux aussi. Il enfonça ensuite son pied sur l'accélérateur.

« C'est dommage, on a même pas eu le temps de se baigner, regretta-t-il »

J'acquiesçai faiblement, j'allai devoir rentrer chez moi, en France. Je ne voulais pas retourner dans cette routine vide qui s'était installée malgré moi, elle m'effrayait. Je ne me souvenais même plus du son de mon rire, ni même de la forme de mon sourire. Je ne voulais pas y retourner, retomber dans la dépression constante, le silence et le vide de ce château ou j'habitais. Je me sentais si bien ici, en Corée, avec mon cousin, mais il avait une vie, je ne pouvais pas dormir dans cette chambre Iron Man indéfiniment...

« Dis... tu reviendras ? »

Je me tournai vers mon cousin, il me regardait avec des yeux pleins de curiosité inquiète.

« Bien-sûr ! Je vais pas te laisser tranquille ! T'en auras marre de moi à la fin, plaisantais-je.

- Alors pourquoi tu fais cette tête d'enterrement ? On dirait que je t'emmène vers ta tombe, mais c'est pas le cas, rassure-moi ? »

Il se retourna à nouveau vers la route et je fis de même en soupirant. Je lui expliquai mes ressentis, mon appréhension sur mon retour à la 'maison', le vide et le silence constant qui y régnait et surtout, je lui parlais de ma mère qui n'était plus que le fantôme de la personne qu'elle était avant. En un an, elle n'avait souri que très peu, quand elle m'avait annoncé que je partais en Corée, notamment. J'avais l'amer impression qu'elle avait voulu se débarrasser de moi, ce qui rendait mon retour encore plus compliqué.

« je suis vraiment désolée, je dois être la pire des cousines, à toujours ramener mes problèmes sur le tas...

- C'est à ça que sert la famille, nan ? A vrai dire je sais pas trop, ma famille n'en était pas vraiment une, tu vois ? J'ai envie d'en avoir une maintenant, donc je vais t'enseigner ce que j'ai appris, écoute attentivement surtout !

- Je suis toute ouïe, rigolai-je.

- Un lieu n'a pas une ambiance définie, c'est les occupants de ce lieu qui définissent l'ambiance qui y règne. C'est pour ça que peut importe dans quel pays on va, on retrouve toujours la même ambiance de joie. En concert, il règne toujours un bonheur infini, une espèce de reconnaissance réciproque qui nous rapproche tous les uns des autres. On se connaît par cœur pourtant on est tous inconnus les uns des autres. C'est ça une famille. Une maison, c'est un peu le même principe ; c'est un lieu dont les occupants choisissent l'ambiance, pourtant l'ambiance dans la maison d'une famille peut être maussade, c'est parce que cette joie a disparu, il suffit de la rétablir et ça ira mieux.

- Et comment je fais pour rétablir la joie dans ma maison ?

- La joie est communicative tu sais. Si ta mère arrive à sentir ta joie alors elle sera heureuse et ton frère le sera aussi. Tu verras que doucement, l'ambiance de ta maison va changer et vous redeviendrez une famille.

- Merci pour tous tes conseils, je savais pas que j'avais des grands sages dans ma famille moi !

- J'aurais préféré comprendre ça plus tôt, dit-il après un rire nerveux. J'aurais pu l'appliquer à ma famille si j'avais compris avant... mais ce n'est plus très important, j'ai une nouvelle famille maintenant, celle qui me pousse à toujours donner le meilleur de moi-même. Je ne veux vraiment pas vous décevoir alors je travaille dur... mais tu sais, avec le live que j'ai fait, j'ai l'impression que j'en ai déçu beaucoup, c'était une erreur, je n'aurai jamais dû le faire...

- Je ne suis pas d'accord avec toi. Une famille c'est censé se soutenir mutuellement, tu n'as pas à te priver de choses qui sont autorisées à d'autres sous prétexte que ça ne plaît pas à certains membres de la famille. Tu sais, je te parle en tant que fan de Kpop maintenant. J'adore la Kpop, les chorégraphies, les musiques, la relation fan-artiste... cependant il y a un problème dans cette dernière. Et je pense que c'est à vous, les Idols de donner les limites. Il y a déjà beaucoup de mouvement parmi les fans, mais sans votre soutien, on arrivera jamais à rendre votre situation meilleure.

Il se contenta de hocher faiblement la tête, il n'avait pas l'air convaincu. C'était la première fois depuis qu'on avait appris qu'on était cousins que je lui parlais vraiment en tant que fan de Kpop. Je soupirais en voyant l'aéroport, j'allaisbientôt partir... le devais-je vraiment ?