Chapitre 1

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D'immenses flammes, et des cris.
Tout était pourtant si noir.
Il était enfermé dans une salle sans issue, close de tout côtés.

Pas de fenêtre, ni de porte pour fuir.
Son cœur battait de plus en plus vite, et le jeune homme avait l'impression qu'il demandait à s'échapper de sa poitrine.
Il étouffait, suffoquait. Les cris semblaient vouloir lui traverser le crâne.
Mais peu à peu, le bruit des flammes se transforma en un ultrason assourdissant, qui ressembla finalement à un bruit de moteur.
Il se réveilla en sursaut.
Il suffoquait, et la sueur lui donnait des frissons.

Où était-il ? Que s'était-il passé ?

Peu à peu, comme dans un brouillard, les souvenirs lui revinrent.

Allongé sur la banquette arrière de la voiture, il se redressa avec effort, attirant le regard du conducteur.

- Erwan ? Comment tu te sens ? demanda ce dernier.

- On roule depuis longtemps ? répondit l'intéressé. Où est ce qu'on va ?

Le jeune garçon ne semblait pas avoir entendu la question qui lui avait été adressée, ou peut-être avait-il inconsciemment refusé d'y répondre.

- On roule depuis un peu plus de deux heures...On va...cela risque de nous prendre plusieurs jours.

- Ok. Pourquoi...Mat. Pourquoi on est partis...on aurait dû...

- Ça suffit Erwan. On est partis, c'est tout.

Erwan ne répliqua pas. C'était inutile. Depuis toujours, quand son frère avait une idée, rien ni personne ne pouvait la lui retirer.
D'une certaine manière, il avait presque peur de lui.

Il sortit son portable, répondit à quelques messages, et mesurait chaque mot utilisé.
Puis il le rangea au fond de sa poche, et posa sa tête contre la vitre droite. Il regardait défiler les arbres. Le paysage était sobre, et le ciel était sombre. Il allait pleuvoir.

Il ne savait pas où il se rendait. Et ce sentiment ressemblait quelque peu à celui qui caractérisait sa vie.
Il était sans cesse en questionnement.
Il était aussi habité depuis longtemps par des sentiments de peur, et de colère...

- Tu me jetteras ce portable hein.

Erwan releva les yeux et croisa le regard de son interlocuteur. Il savait qu'il n'avait pas le choix. Mais il devait le reconnaître, se couper de tous serait difficile. Ses limites allaient être mises à l'épreuve.

Replongeant son regard sur le paysage, il luttait pour ne pas replonger dans le sommeil.
Les images de ce cauchemar le tourmentaient, et il cherchait à les analyser, comme s'il tentait de sonder son inconscient.
Il ne voulait pas revivre ce sommeil angoissant. La réalité était presque plus douce, presque.

- On va s'arrêter manger quelque chose, proposa Mathieu.

Erwan avait l'impression que le monde ralentissait autour de lui. Les arbres sur le bord de la route semblaient s'étirer sous ses yeux, et le bruit du moteur lui paraissait à la fois lointain et percutant. Ses sens semblaient lui offrir un spectacle lent et bien trop calme. Mais le calme n'est pas toujours reposant.
Pour lui, à cet instant, il était oppressant.

Machinalement, il ouvrit sa portière et descendit de la voiture. Puis il suivit son frère à l'intérieur du fast-food.

Alors qu'ils venaient de recevoir leur commande, Mathieu renvoya Erwan vers ce qu'il essayait d'oublier.

- De quoi tu as rêvé tout à l'heure ? C'était un cauchemar non ?

Erwan gardait les yeux plongés sur sa tasse, remuant d'un geste mécanique le chocolat avec sa cuillère. Les bruits de vaisselle en arrière fond résonnaient dans la tête du jeune homme. Il voulait fuir, ne plus avoir à parler, ne jamais avoir à se justifier.

- Je ne veux pas en parler, répondit-il d'un ton neutre mais certain. Mat, tu n'as pas répondu à ma question, où est-ce qu'on va ?

- C'est plus sûr si je ne te le dis pas tout de suite. On ne sait jamais.

Erwan ne répliqua pas. Comme d'habitude, cela aurait été inutile.

SymptômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant