Chapitre 12

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Qu'est-ce que cette phrase signifiait ? Pourquoi son frère voulait lui apprendre à tirer ?

Erwan sentit le rythme de son cœur prendre de l'ampleur.
Il savait que depuis quelques jours, aller à l'encontre des idées de son frère était devenu particulièrement risqué. Mais il sentait monter en lui une appréhension terrible. Le bout de verre dans sa poche n'était qu'une arme de défense, et déjà, il était pétrifié à l'idée de potentiellement devoir s'en servir.
Alors tenir une arme...était d'un tout autre niveau.

- Qu'est-ce que tu as en t...

- T'inquiète pas petit frère, tu ne vas pas shooter des policiers, je veux juste t'apprendre à chasser.

Erwan ne put retenir le souffle tremblant de soulagement qui s'échappa de ses narines. Il allait simplement apprendre à chasser pour se nourrir.

- ... Bon, et pour te défendre aussi, évidemment. Mais ça, je pense que tu t'en doutais.

Erwan, tenant fermement la tasse de café, se brûlait presque les mains. Il releva les yeux vers son frère. Même si cela avait pu paraître trop beau, Erwan avait eu envie d'y croire un instant. Mais non, son frère avait vraiment en tête l'idée de lui apprendre à tirer sur des humains... au cas où.

- Tu serais prêt à tirer ? Mat...vraiment ?

Erwan espérait raisonner son frère, lui faire comprendre l'ampleur de ses intentions. Mais l'aîné buvait son café et gardait un regard d'une neutralité stupéfiante.

- Je te rappelle que je t'ai enlevé. Lâcha Mathieu d'un ton sec avant de se lever pour aller poser sa tasse dans l'évier.

Erwan ne répliqua rien. Il n'avait rien à répliquer.

- Va te préparer, on y va avant qu'il ne fasse trop jour.

Le jeune termina son café et alla poser la tasse dans l'évier. Il resta un instant, à fixer la forêt au travers de la fenêtre au-dessus de l'évier.

Pourquoi tout devait être si compliqué ? Erwan se demandait comment son frère faisait pour encaisser tout cela sans craquer... quoique, il lui avait quand même fait sacrément peur quelques jours plus tôt.

La boule au ventre, toujours tiraillé entre ses envies et cette nécessité de survie, Erwan obtempéra face à la demande de son frère, et alla s'habiller chaudement.

Quelques minutes plus tard, lorsque les deux frères franchirent le seuil de la porte, le vent soufflait fort, faisant s'envoler les feuilles colorées d'automne. Quelques rayons perçaient au travers des branches, mais il faisait encore sombre. Des oiseaux chantaient, et Erwan était presque tenter de trouver cela apaisant, rassurant.

Mais cette envie le quitta lorsque Mathieu lui plaça le fameux fusil entre les mains.

- Eh, dit l'aîné en plaçant une main rassurante sur l'épaule du plus jeune, t'inquiète, on va juste s'entraîner. Essaye de penser à l'aspect technique, ok ? Ne pense pas au reste, ça risque de te bloquer sinon.

Erwan acquiesça sans le regarder, les yeux toujours fixé sur l'arme.

- Ça paraît moins fou dans les films et les jeux vidéo, quand même.

Mathieu laissa s'échapper un petit rire à l'entente de cette phrase.

- Ça c'est sûr Erwan, ça grille le cerveau ces trucs-là, ils cherchent à te faire croire que tu es le héros, et que tout se fait avec facilité... en gros il te cache tout l'aspect psychologique qui est impliqué dans...le meurtre.

Ce dernier mot résonna dans l'esprit d'Erwan comme une explosion. Il sentit sa cage thoracique se comprimer sous l'angoisse, et le rythme de son cœur s'accéléra l'espace d'un instant. Il réalisa que ni l'un, ni l'autre n'avait osé prononcer un tel mot depuis leur départ.

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