Chapitre 10

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Le trajet était resté très flou dans la mémoire du jeune Erwan. Il se souvenait de la vitesse de la voiture, d'un passage pluvieux... mais n'avait fait attention à rien de plus.

Son esprit avait été accaparé par les mots prononcés par la journaliste, sur cet écran de télévision.

Ils étaient tous deux recherchés...un meurtre... celui de son père.

Et sa sœur... ayant développé un mutisme suite au traumatisme.

Erwan restait comme bloqué sur ces éléments, ne parvenait pas à remettre en ordre ses idées. Plus rien ne semblait avoir de sens.

Son frère, Mathieu, semblait plutôt garder les pieds sur terre. Il avait bien compris qu'il fallait fuir, qu'il fallait se cacher. Conduisant comme s'il était poursuivi, il avait fait attention à prendre les routes qu'il connaissait comme n'ayant aucun radar. Sa plus grande crainte avait été la mobilisation des forces de police, si la moindre personne de l'air d'autoroute les avait reconnus.

Mais voilà qu'il roulait depuis plusieurs heures, en ayant l'impression de transporter à ses côtés un jeune drogué. Il trouvait que son frère demeurait dans une sidération incroyable. Il semblait ne pas l'écouter, pas même lorsqu'il lui avait crié de s'attacher. Il avait été obligé de tout faire pour lui.
Le problème, se disait-il, était qu'il fallait qu'il trouve une solution, et vite, pour qu'Erwan ne devienne pas un fardeau.

Les paysages défilaient, et l'angoisse demeurait.
Mathieu était au plus haut de sa concentration.
Il surveillait tout véhicule qu'il croisait, et gardait une maîtrise incroyable de la voiture, qui atteignait des vitesses bien illégales.

Après plusieurs heures empreintes d'un stress étouffant, la voiture entra sur un chemin bordé d'arbres.
Cette fois-ci, aucun des frères ne prêtait attention aux splendides teintes des feuilles, et à la lumière qui perçait au travers des branches.
Leur esprit était bien trop occupé pour s'attarder sur des détails plaisants.

Traversant la forêt, Mathieu ralentit, puis stoppa finalement le moteur.

Ils étaient enfin arrivés à destination.

Laissant son frère dans la voiture, Mathieu descendit et la contourna. Il s'arrêta devant leur nouveau logement. Une cabane de chasse. Elle était assez grande, et plutôt en bon état. Elle semblait quand même ne pas avoir été approchée depuis des années.

- Salut ma belle, dit Mathieu à l'intention de la vieille cabane.

Puis, soulevant un pot de fleur, que les plantes avaient envahi, il le vida et récupéra la clé qui se trouvait à l'intérieur.

- Ah, dans quel état ça va être à l'intérieur cette affaire ?

Il inséra la clé et dû forcer un peu avant de parvenir à déverrouiller la porte, qu'il poussa. Celle-ci s'ouvrit en se manifestant d'un grincement, comme si elle se plaignait qu'on l'ait abandonnée si longtemps.

Mathieu entra alors, et découvrit que rien n'avait bougé depuis sa dernière visite...il y a cinq ans. Simplement, une franche couche de poussière ainsi que d'incroyables araignées avaient pris place un peu partout. Jetant un coup d'œil à son frère dans la voiture, il vit qu'il avait à présent la tête entre les mains, mais il n'avait pas bougé davantage.

- Merde, lâcha Mathieu. Ok, bon, je vais en profiter pour dépoussiérer un peu tout ça, après on verra comment je peux te réveiller.

Mathieu passa une bonne demi-heure à tenter de nettoyer la pièce du mieux qu'il pouvait, avec le peu de matériel à sa disposition. La grande pièce n'était pas étincelante, mais elle était à présent habitable.

SymptômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant