Chapitre 4

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Dédicace à PrincessWolf2503 -dracaris

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Erwan patienta quelques minutes avant de se lever.
Il voulait être certain qu'ils étaient bien partis.

Puis, d'un pas prudent, il traversa la pièce et ouvrit la porte, avant de descendre l'escalier qui le mènerait au hall d'entrée.

Ses pensées le tiraillaient.
D'un côté, il voulait faire demi-tour, pour se protéger d'une vérité qui serait sans doute plus douloureuse que l'ignorance qui l'habitait.
De l'autre, il voulait savoir. Après tout, il allait forcément l'apprendre involontairement un jour prochain, il estimait donc qu'il n'y avait pas de différence.

Il était à présent devant le combiné, et le fixait depuis cinq minutes sans un geste.

Qui allait-il avoir au téléphone ? Et si personne ne répondait ? Qu'allait il apprendre?

Malgré lui, sa respiration avait gagné en vitesse, et des larmes de panique commençaient à menacer de s'échapper.
D'un revers de manche, il essuya la peur de ses yeux et attrapa le téléphone.

Les doigts bien accrochés autour de l'appareil comme l'on s'accroche à ses espoirs, il composa lentement le numéro.
Il vérifia ensuite plusieurs fois l'écran, se récitant à voix basse chaque chiffre.

Prenant une grande inspiration, il ferma les yeux et expira en tentant de maîtriser ses tremblements.
Il appuya sur la touche verte, et porta le téléphone à son oreille.

Les sonneries résonnaient à son oreille comme les cris d'une torture lointaine.
N'y tenant plus, alors qu'il s'apprêtait à raccrocher, les sonneries cessèrent.

Aucune voix ne se fit entendre, mais sans un mot, il écouta.
Immédiatement, et sans la moindre hésitation, il reconnu la respiration de l'interlocutrice.
Posant une main sur ses yeux, il laissa échapper un sanglot et ne parvint pas à retenir ses larmes davantage.
Il voulait lui demander, lui parler, mais il s'était promis.

Une voix au loin se fit entendre.

- Jane ? Qui est-ce ?

La voix semblait s'approcher du téléphone.

- Ne décroche pas quand tu ne sais pas qui... Jane ? Qu'est-ce qu'il y a chérie ?

Erwan reconnu l'inquiétude dans la voix de la femme, et il devina qu'elle venait de lui retirer l'appareil des mains.

- Allo ? Allo !

Plus un bruit. Erwan s'efforçait de contrôler ses sanglots, mais sa respiration était affolée, et des larmes dévalaient ses joues sans ralentir.
Il serrait les paupières, et regrettait déjà d'avoir appelé.

- Oh, mon Dieu. Erwan...c'est toi ?

Silence.

- Je t'en prie réponds-moi !
La femme pleurait, et sa voix tremblait et prenait des notes aiguës, elle paniquait complètement.
- Où es-tu ?! Bon sang, où es-tu ?! Réponds-moi ! Qu'est-ce que tu as ? Où est ton frère ?! Dis-moi ce qu'il s'est passé ! Erwan, je t'en supplie, dis-moi ce...

C'en était trop. Erwan raccrocha, laissa glisser le téléphone au sol et s'appuya au comptoir. Il regrettait amèrement.

- Quel con...murmura-t-il pour lui-même, la tête entre les mains.

Il ramassa le téléphone et le reposa sur sa base. Tournant les talons, alors qu'il s'apprêtait à rejoindre la chambre où il était supposé se trouver, son cœur manqua un battement et il se figea.

En face de lui, une jeune fille était adossée au mur, les bras croisés.

- Tu dois être un des deux frères qui dort ici ce soir. Ta conver...non. Le monologue que tu écoutais n'avait pas l'air fun. Tu veux en parler ? Est-ce que tu veux que j'ailler chercher ton f...

- Non !

Erwan avait hurlé sans maîtrise. Il réalisa alors qu'il venait de se précipiter sur la jeune fille et de la plaquer au mur avec son avant-bras. Confus, il recula précipitamment, et manqua de tomber.

- P-Pardon. Je ne voulais pas... je...

- T'inquiète. Tu n'as pas réfléchi, je comprends. Tu sais, si tu as des problèmes...on peut aller voir mes parents aussi. Parce que si informer ton frère que tu ne vas pas bien après un appel est si inquiétant, c'est qu'il doit se passer un truc grave.

La jeune fille lui tendit la main.

- Je m'appelle Adaline Clausiarronel, mais tu peux m'appeler Andie, parce que je n'aime pas mon prénom et...

Erwan attrapa le poignet de l'adolescente et le plaqua au mur.

- Tu ne m'a pas vu. C'est compris ? Tu n'as vu personne et n'a rien entendu. C'est tout.

Puis, laissant la jeune fille troublée par les gestes et les mots froids qu'elle venait de recevoir, Erwan mis sa capuche et quitta la pièce sans plus d'explications.

SymptômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant