Chapitre 18

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Tout était noir. Erwan ne parvenait pas à distinguer de limites à l'environnement qui l'entourait. Il avait l'impression d'être au milieu d'un immense gouffre dénué de toute lumière. L'incroyable silence qui régnait faisait monter en lui un terrible sentiment de solitude.

Mais progressivement, et malgré l'absence de lumière, il put très nettement distinguer que se dressait devant lui celui qu'il redoutait. Il affichait un air impassible, neutre, et le regardait droit dans les yeux. Les bras le long du corps, il semblait attendre, comme s'il invitait Erwan à prendre la parole.

Erwan, debout face à lui, ne savait pas si cette vision était le résultat d'une folie naissante, où le signe qu'il était mort, mort peut être comme celui que représentait la silhouette devant lui.

Erwan avait tant de choses à lui dire, à lui hurler. La colère se brouillait à la tristesse et déjà ses yeux s'humidifiaient de l'émotion naissante.

Il ouvrit la bouche, prêt à déverser le flot de paroles qui sommeillait en lui.

Mais rien n'en sortit, si ce n'est un hurlement de douleur. Erwan sentait qu'au travers de ce cri se déversait chaque blessure, chaque émotion refoulée, chaque épreuve traversée. C'était un hurlement de désespoir, mais qui semblait aussi lui redonner un peu de force.

Tombant à genoux, les mains au sol, Erwan avait cessé de crier, et observait ses larmes disparaître dans les ténèbres sous ses mains. Sa respiration était rapide, mais il voulait, il devait parler. Sans se relever, il serra les poings, ferma les paupières, et laissa peu à peu les mots sortir, malgré la douleur et l'émotion que cet effort provoquait.

« Je pensais te connaître. Oh, oui j'en étais certain, même. Je t'ai admiré, pendant tant d'années...tant d'années où j'ai grandi en te côtoyant quotidiennement. »

Erwan marqua une pause, et se releva doucement, avant d'installer avec conviction son regard dans celui de son interlocuteur.

« Comment mon esprit a-t-il pu rester aveugle à ce qu'il se passait pour toi ? Comment ai-je pu ignorer, pendant tout ce temps, cette folie qui te rongeait ? Une folie douce, discrète, mais meurtrière, et dévastatrice. »

Le jeune homme sentait que des tremblements commençaient à agiter tout son corps. Des frissons lui parcouraient l'échine. Il ne comprenait pas pourquoi, mais il avait terriblement froid. Était-ce l'émotion ?

« Alors qu'avant j'étais habité d'admiration... aujourd'hui, chaque élément qui émane de toi me dégoutte, continua-t-il dans une grimace. Je te hais. Tu entends ? JE TE HAIS ! »

Erwan s'approchait de la silhouette, mais malgré sa marche décidée, il semblait qu'aucun de ses pas ne venait réduire la distance entre eux.

Erwan s'arrêta quand il comprit l'illusion. Le rire qui s'échappa alors de ses lèvres exprimait parfaitement ce dégoût qu'il venait d'exprimer.

« Tu vois, finalement on se ressemble toi et moi ! C'est de famille, les envies meurtrières ! annonça Erwan. »

Alors qu'il s'apprêtait à continuer son monologue, il distingua la bouche de la silhouette s'ouvrir, et décida de se taire.

« Erwan ? »

Le jeune fit un pas en arrière et manqua de tomber, tant la surprise était grande en entendant la tonalité de cette voix.

C'était une voix féminine, et il n'avait pas l'impression de la connaître.

« Erwan ! »

Cette fois, la voix était plus claire, plus distincte. Mais cela n'avait aucun sens.

SymptômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant