Chapitre 6

155 42 40
                                    

De retour au motel, Erwan, dans la cour, aperçu son frère à travers les carreaux d'une fenêtre.
Il semblait être dans un salon, sans doute chez les propriétaires.
Le jeune homme commença à se diriger vers le bâtiment où se trouvait leur chambre, quand il vit son frère se lever et lui faire signe d'attendre en souriant.

Il s'immobilisa alors. Il savait ce qui l'attendait. Il commençait à avoir l'habitude des reproches.

Son frère sortit de la maison et se dirigea vers lui.
La faible luminosité ne permettait pas de distinguer précisément les traits de son visage.
Mais il savait qu'il avait effacé le faux sourire qu'il arborait l'instant d'avant.

Lorsqu'il arriva à sa hauteur, Mathieu posa sa main droite sur l'épaule d'Erwan, fermement. Ce geste aurait été fraternel, seulement quelques jours auparavant. Mais la relation qu'il entretenait avec son frère avait radicalement changée.

D'un coup d'œil, Erwan remarqua que les deux adultes s'étaient placés derrière la fenêtre et lui adressaient un sourire.
Il reporta son regard sur son frère et croisa ses yeux. Ils étaient si menaçants...la respiration d'Erwan se bloqua.
Mais il refusa de se laisser abattre. Après tout, il ne craignait rien, les adultes regardaient.

- J'étais juste parti me promener Mat, je n'avais pas le moindre risque de croiser du monde tu sais hein ? et qu'est-ce que tu voulais que je fasse ? Tu as cassé mon portable !

L'aîné resserra l'étreinte de sa main sur l'épaule d'Erwan, la rendant douloureuse. Erwan serra les mâchoires, et sentit son cœur s'affoler.

Et si... il regarda à nouveau vers la fenêtre et vit qu'à présent, les deux adultes discutaient... avec Adaline.

Et si... il regarda son frère. La panique montait en lui.

Elle n'aurait pas osé.

Erwan se risqua à jouer la carte de la fausse ignorance.

D'un mouvement de tête, il désigna la jeune fille.

- C'est qui ?

- Bon Erwan. Je veux juste que tu comprennes un truc.

Mathieu relâcha sa main et sembla se détendre un peu.
Erwan se dit alors que son frère était presque plus effrayant quand il prenait un air gentil.

- Je ne veux plus que tu t'éloignes comme ça ok ? Maintenant on va aller diner avec eux, tu t'appelles Sam et moi Daniel. Compris ? Je ne veux pas un mot de travers, pas une gaffe. Mais tout ça, tu le sais, je t'en ai déjà parlé. J'ai presque atteint l'objectif fixé, et ce serait vraiment con de tout gâcher maintenant.

Ne laissant pas le temps à son frère de répondre, Mathieu se retourna et commença à regagner la maison. Mais Erwan l'interrompit dans son trajet.
La question lui brûlait les lèvres depuis plusieurs jours, et il ne pouvait la retenir plus longtemps.

- Pourquoi ?

- Pourquoi quoi. répondit Mathieu sans se retourner, alors qu'il se trouvait encore à moins d'un mètre du plus jeune.

- Pourquoi tu as fermé la porte à clé ?

Erwan n'avait pas regardé son frère en formulant la question. Ses yeux fixaient le sol. Il semblait encore essayer de trouver seul la réponse.

Mathieu ne répondit pas immédiatement, laissant quelques secondes s'écouler.
Il se retourna finalement, et cette fois, Erwan lui offrit un regard empli d'amertume.

- Que voulais-tu que je fasse sinon ? L'attacher ? lança Mathieu avec ironie. Je n'avais pas le choix, dit-il d'un ton à présent presque indifférent, en soulevant les bras, avant de les laisser retomber le long de son corps.

- Si ! C'est faux, le choix, tu l'avais ! Répliqua Erwan en le pointant du doigt, se laissant gagner par l'adrénaline. Tu aurais pu l'emmener, tu aurais dû l'emmener! Je n'imagine même pas comment elle...

- Tu veux vraiment qu'on parle de qui fait les bons choix entre nous deux ? Je n'en suis pas sûr. Ferme là.

Le ton de son frère était sec, ferme. Il imposa la fin de la discussion, et de leur unique échange de la soirée.

SymptômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant