Symptôme

Chapitre 8

Le lendemain, 6h30

Erwan, une nouvelle fois, n'avait pu empêcher les cauchemars de venir habiter son sommeil. Allongé sur le dos, alors que le son du réveil s'enclenchait, il se demandait s'il redormirait un jour normalement.
Le coup de fil qu'il regrettait encore ne l'avait aidé en rien, puisqu'il n'avait rien appris de plus.

Son frère était déjà levé, et fermait le sac de voyage. Erwan s'assit sur le bord du lit, passant les mains sur son visage afin d'essayer de l'éveiller un peu.

- Va falloir que tu te ressaisisses Erwan. Je ne sais pas si tu réalises bien la situation. Si tu veux t'en sortir, il va falloir que tu suives mes décisions, c'est tout.

Erwan ne releva pas. Il ne servait plus à rien de lutter. Pourrait-il un jour vivre librement ? Si son frère apprenait pour le coup de fil, comment pourrait-il réagir ?

- Bon, on va rouler toute la journée, comme prévu, avec une pause pour le déjeuner. Mais je ne peux pas me permettre de prendre davantage de risque.

Mathieu donnait l'impression de parler seul. Ses phrases semblaient être des pensées exprimées à haute voix. Il n'attendait aucune réponse.

Quelques minutes plus tard, les deux garçons se dirigeaient vers la voiture.

Soudain, stoppant leurs gestes, un voix résonna au loin.

- Attendez !

Le cœur d'Erwan s'emballa.

Mathieu semblait paniquer, la main sur la portière, il paraissait analyser chaque élément, chaque indice, comme prêt à prendre la fuite.

Erwan regardait la jeune fille courir dans leur direction. Elle savait, il en était persuadé.

Lui ne semblait pas prêt à partir, il était figé, incapable de bouger.

Adaline arriva à leur hauteur mais stoppa difficilement sa course à cause du verglas installé par la nuit.

Elle glissa légèrement et sa main gauche vint se cogner sur le coffre de la voiture, faisant sursauter Mathieu, toujours sur le qui-vive.
La jeune fille, tentant de retrouver ses appuis, glissa à nouveau et manqua de tomber. Mais, sans comprendre comment, elle retrouva son équilibre.

Relevant les yeux, elle vit alors les yeux bleus du jeune brun la fixer intensément. Le bras du fameux « Sam » retenait le sien. Il l'avait retenue dans sa chute.

Malgré la situation, elle se fit la réflexion qu'il n'était franchement pas désagréable à regarder. Ses cheveux bruns en pagaille, ses yeux bleus, sa mâchoire carrée venait s'associer à son air mélancolique et lui donnait un air mystérieux...

La tirant de ses pensées, Mathieu prit la parole. Elle secoua la tête énergiquement, réalisant qu'elle affichait un sourire des plus niais à l'égard de son sauveur.

- Qu'est-ce que tu voulais ? Il ne faut pas qu'on traîne, on a beaucoup de route, annonça Mathieu.

Encore ce sourire. Erwan ne comprenait pas d'où lui venait cette capacité.

- Oh ! Je me disais que vous voudriez bien des cafés pour la route, dit Adaline en soulevant le sachet de sa main droite. A emporter !

- Merci, laissa simplement sortir Erwan. Il avait pris un ton neutre, mais qui semblait sincère.
Les deux autres jeunes le fixèrent avec étonnement. Adaline réalisa qu'elle ne l'avait que peu entendu parler. Elle l'avait entendu pleurer, crier, et dire qu'il allait dormir, c'est tout.

Erwan lui-même semblait étonné de son intervention, et une gêne s'installa un instant.

Adaline lui tendit le sachet pour briser le malaise.

- Bon voyage, à bientôt peut-être alors.

Erwan saisit le sac, croisant à nouveau le regard de la jeune fille. Il se sentait ridicule. Mais finalement, ce sentiment lui avait permis d'oublier son mal-être un instant.

- Au moins, tu auras réussi à lui tirer un merci, dit Mathieu en souriant avant d'ouvrir sa portière. Tu pourras remercier tes parents pour leur accueil ? Erwan, on est partis !

Les deux garçons prirent place dans la voiture, et Mathieu démarra le moteur. Leur voyage reprenait son cours.

Adaline, regardant la voiture s'éloigner, n'avait pas bougé, sa réflexion venait de figer son corps. Elle n'avait plus qu'une pensée en tête, tournant et retournant la question dans sa tête, tentant de trouver une réponse.
Pourquoi ?

Pourquoi l'aîné venait d'appeler son frère Erwan ?