Chapitre 30

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Erwan ne pouvait plus bouger, et descendre plus bas était à présent inutile. Il ne pouvait que fixer la lumière au-dessus de lui qui grandissait peu à peu, à mesure que la plaque se déplaçait.

Il était fait comme un rat, et dans un égout, cela résonnait comme une pensée comique.

Lorsque la lumière atteignit son visage, brillant de sueur à cause de la nausée, de l'effort et du stress, il plissa les yeux.

Le peu d'air frais qui arriva jusqu'à ses narines le soulagea un instant, avant que la nausée ne reviennent, plus violente.

Il le savait. D'une manière ou d'une autre, c'était terminé.

Erwan ne quittait pas du regard le ciel qui s'agrandissait au-dessus de sa tête.

La plaque s'immobilisa.

- Je le savais, c'est ici que tu te cachais ! Annonça une voix emplie de satisfaction.

- Adaline ! ragea Erwan, bon sang ! Tu m'as fichu la trouille !

- Tais-toi, remonte, vite !

Dans un dernier effort et sans chercher à répliquer, car il n'en avait pas le temps, Erwan se hissa et poussa sur ses jambes affaiblies pour remonter vers la surface, vers la terre ferme.

Une fois en haut, Adaline lui désigna la voiture, et sans poser de question, il se mit à courir.

Jetant un rapide coup d'œil en arrière, il vit qu'elle refermait la bouche d'égout à la hâte, avant de le rejoindre au pas de course.

Erwan jeta son sac au sol du côté passager, avant de sauter dans la voiture. Son corps tout entier tremblait et réclamait du repos. Il pensait pourtant avoir dormi longtemps la nuit dernière.

Adaline le rejoignit rapidement, et démarra le moteur sans le regarder.

Ce n'est qu'une fois engagée sur la route qu'elle jeta un regard dans sa direction.

- Je t'ai cherché pendant dix minutes au moins ! J'ai vraiment cru qu'ils t'avaient embarqué. Mais je ne trouvais pas logique qu'ils ne reviennent pas me chercher aussi dans ce cas. Est-ce que tu...

- Arrête la voiture, ordonna Erwan, le regard fixé devant lui.

- Quoi ? répondit Adaline, visiblement perturbée.

- Arrête la voiture, je te dis !

D'un mouvement agile, la jeune fille s'écarta rapidement de la route pour se garer sur la bande d'arrêt d'urgence, sans comprendre pourquoi elle devait le faire.

Avant même qu'elle ne coupe le moteur, Erwan ouvrit la portière et sortit, penché en avant, plus pâle que jamais.

Il vomit le maigre repas qu'il avait eu le temps d'avaler une heure plus tôt, avant de tomber à quatre pattes, haletant.

- C'est pas vrai ! Erwan, ça va ?

La question n'attendait pas de réponse, c'était une question idiote, songea Adaline, qui avait demandé par réflexe.

Voulant éviter d'ouvrir sa portière du côté de la route, elle enjamba le levier de vitesse pour sortir du côté d'Erwan.

Elle s'accroupit à ses côtés et passa une main sur son dos.

Le jeune homme retrouva peu à peu son souffle, et se releva.

Adaline lui tendit un mouchoir propre et il l'accepta, avant de s'essuyer le visage, et la bouche.

- Ça va mieux ? tenta Adaline, incertaine, mais inquiète.

- Oui, beaucoup mieux, répondit Erwan d'une voix fébrile. Il faut qu'on reparte. On est à découvert ici.

SymptômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant