Chapitre 17

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Il laissa l'écho des sonneries chanter dans ses oreilles. Mais la mélodie était lugubre.
Erwan était hanté de questionnements... était ce un choix judicieux? Ne ferait-il mieux pas de continuer son chemin, quitte à finir gelé?
Et si... elle appelait la police ? Et si...

Assailli de questions, n'y tenant plus, Erwan détacha nerveusement le téléphone de son oreille. Il mit fin à l'appel, à l'instant même où la jeune fille décrochait.

Soupirant profondément, et le cœur battant à tout rompre, Erwan leva les yeux vers le ciel. Les nuages étaient gris, et les quelques flocons qui descendaient avec légèreté venaient se déposer et refroidir son visage et ses cheveux.
Il ferma les paupières, s'imagina un instant chez lui, auprès de sa sœur, comme si rien n'était jamais arrivé.

Sans un bruit, sans gêne, quelques larmes s'échappaient discrètement des yeux du jeune homme.
D'un côté, il ne pouvait pas regretter. Mais d'un autre... il se demandait sans cesse si les événements auraient pu se dérouler différemment...

En ouvrant à nouveau les yeux, Erwan regarda devant lui.
La route de campagne semblait s'étendre jusqu'à l'horizon, droite, imperturbable.
Les arbres qui la bordaient lui donnaient une impression menaçante, sombre.
Un vague sentiment de peur poussa Erwan à reprendre la marche d'un pas rapide, décidé.

~

Au gré des pas, la migraine s'intensifiait, et le froid se faisait plus cruel. Cela faisait déjà quasiment deux heures qu'Erwan marchait.
La faim lui tiraillait le ventre, et il commençait à sentir la faiblesse gagner ses muscles.
Il avait quitté la route pour passer par de petits chemins de campagne, estimant ainsi pouvoir éviter tout danger.
La tristesse s'était peu à peu mélangée à la colère. Une colère monstre, dirigée vers son frère.
Qu'était il devenu? Qui du garde ou de Mathieu avait été blessé par le coup de feu?

Depuis cinq minutes, chaque pas infligeait à Erwan une nouvelle vague de douleur, partant du crâne, et qui se répandait dans tout son corps.
Voulant éviter un malaise qui lui coûterait probablement la vie, le jeune décida de s'asseoir un instant. Il en profita pour boire un peu d'eau, et avaler quelques pastilles.

Moi qui me plaignait de manger des légumes... actuellement je tuerais pour un brocolis...

Une sensation étrange le tira de ses pensées. Il ressentait des vibrations, au niveau des côtes, du côté gauche.
La panique le gagna, et il se demandait si c'était ainsi qu'il allait mourir, seul, sans jamais avoir pu parler à sa famille.
Mais rapidement, la peur céda lorsqu'il réalisa qu'il s'agissait seulement du téléphone de son frère.
L'arrachant à la poche dans laquelle il l'avait enfermé, il vit ce nom s'afficher sur l'écran.

Elle rappelait, pour la cinquième fois semblait-il.

Mais il avait réagi trop tardivement, et l'appel cessa.
Il déverrouilla le portable, et pu lire un texto de sa part :

Je sais que c'est toi Erwan. Tu peux me faire confiance, rappelle moi. Je veux t'aider.

Lui faire confiance? Comment était-il possible de savoir quelle vérité était inscrite dans ces trois phrases?

Assis en tailleur sur un chemin terreux, bordé d'arbres d'un côté, et d'un champ de l'autre, Erwan prenait une décision cruciale.

Risquer de mourir seul, ou risquer de faire confiance?
Tout en réfléchissant aux différents scénari qui découleraient de son choix, Erwan s'était décidé.

- Allo? Erwan? C'est toi?! Je pensais que tu n'allais jamais rappeler! Oh tu sais, tu ne dois pas comprendre pourquoi je veux t'aider, et puis tu dois te demander pourquoi tu pourrais me faire confiance parce que après tout on ne se co...

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