Chapitre 24

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Le temps s'était figé, et l'on aurait presque cru que la nature s'était arrêtée de vivre.
Le sentiment de terreur qui envahissait les deux jeunes s'entremêlait à une envie de fuir.
Pourtant, leurs corps étaient immobiles, et ils ne parvenaient pas à se mouvoir.
Ils savaient déjà qu'ils avaient été aperçus, et qu'une fuite serait sans doute inutile.

Aucun d'eux ne reconnaissait la voiture. Adaline se demandait, comme pour se rassurer, si un client aurait mal lu le panneau signifiant la fermeture temporaire de l'hôtel, à l'entrée de la propriété.
Mais Erwan, de son côté, commençait à faire des liens.
Aucune des idées qui lui venaient ne lui plaisaient. En aucun cas il n'avait besoin de recevoir de la visite, quelle qu'elle soit.
Bien malgré lui, il commença à reculer, et un pré-sentiment lui chuchotait de fuir.
Était-ce finalement ici que ce périple allait se terminer ? Après avoir décidé d'aller lui-même se livrer ? Allait-on l'accuser de choses similaires pour Adaline ?

La silhouette finit par sortir de la voiture. Elle claqua la portière, contourna la voiture d'un pas calme, avant de s'exposer au regard des deux jeunes. Son pas devint immédiatement plus déterminé, et la personne qui se tenait face à eux se mit à courir dans leur direction.

Erwan n'attendit pas un instant de plus, il attrapa le poignet d'Adaline et se mit à fuir en direction de la forêt, sans avoir la moindre idée d'où ils pourraient se réfugier.
Il avait vu son visage, il l'avait immédiatement reconnu. La simple vision de ces traits qui lui étaient familiers avait suffi à faire exploser en lui un instinct de survie d'une ampleur effroyable.

Il courait, sans se soucier de la vitesse de son assaillant.
Il courait, sans réfléchir aux mouvements de son corps, ou à la direction à suivre.
Il s'accrochait au poignet d'Adaline, déterminé à ne pas risquer la vie de la jeune fille à cause de ses propres actes.

Adaline suivait, sans comprendre, mais comme si elle aussi était embrumée par l'instinct du jeune homme.
Elle courait aussi vite qu'elle le pouvait, aidée par la traction d'Erwan, qui avançait bien plus rapidement qu'elle.

Mais derrière eux, les pas se faisaient plus pressants, plus proches.

Erwan n'entendait plus que le bruit des battements de son cœur qui semblait tambouriner au creux de ses oreilles.
Il n'entendait pas son prénom être hurlé derrière eux. Il refusait d'écouter.

Le stress était palpable. Les respirations étaient suffocantes.

Adaline savait qu'elle allait bientôt atteindre les limites de son endurance. Mais elle refusait d'abandonner, malgré la douleur qui assaillait sa poitrine, malgré sa vision qui se brouillait et ses jambes qui commençaient à flancher. Elle refusait d'abandonner Erwan, qu'elle avait choisi d'aider, et qui lui avait accordé sa confiance.

L'homme derrière eux courait avec une détermination effroyable.
Ils avaient presque le sentiment d'être poursuivis par un monstre désarticulé.

Les deux jeunes avaient parfaitement identifié leur agresseur, et cela ne faisait qu'augmenter en eux la confusion et la crainte.

Adaline ne comprenait pas. Elle l'avait bien vu, elle avait bien compris que c'était lui. Mais elle ne comprenait pas.

Mathieu.

Mathieu les poursuivait.
Elle ne comprenait pas pourquoi il agissait ainsi.
Il courait après son frère comme un animal sauvage affamé.

Mais elle ne prenait pas le temps de chercher des explications. Erwan lui en donnerait s'ils ... s'en sortaient.
L'important était donc de s'en sortir. Cette réflexion fit croître l'adrénaline dans le sang de la jeune fille, et elle finit par courir aux côtés d'Erwan, qui ne lui lâcha pas le poignet malgré tout.

Les arbres commençaient à entourer les trois jeunes, et le chemin se faisait moins facile à pratiquer.

Soudain, Erwan sentit un violent choc contre son bassin et, lâchant la main d'Adaline, il se retrouva brutalement au sol, son crâne heurtant une roche. Mathieu venait de se jeter sur lui.

Sans lui laisser le temps de reprendre ses esprits, son aîné le retourna violemment pour qu'il puisse lui faire face.

Le choc fut immédiat. Erwan vit toute la colère et la crainte qui nageaient dans les pupilles de son frère, comme nageraient dans un même milieu deux poissons que tout oppose.

Adaline était restée en retrait, incapable de savoir quoi faire. Elle était gagnée par une grande sidération, et ne pouvait qu'assister à la scène, impuissante.

Malgré l'impossibilité d'Erwan de s'opposer à son frère suite au coup reçu, Mathieu lui maintenait les bras au sol.

Ils se regardaient l'un l'autre, se jaugeant quelques instants, tout en cherchant un peu d'air pour approvisionner leurs poumons.

Pendant quelques instants, rien ne semblait exister d'autre que cet échange de regards empli de mots inaudibles, et d'expressions féroces.

Rien ne vint perturber l'inertie de la scène, pendant de longue secondes.

Puis, Mathieu se mit à hurler.

- Pourquoi ?!

Erwan sentit que l'étreinte autour de ses poignets se resserrait, renforcée par la colère des mots qui allaient naître.

- Pourquoi tu es parti ? aboya Mathieu. Tu te rends compte de ce que tu as fait ?! A quel danger tu t'es exposé ! Et dans quelle merde tu m'as laissé ?!

Erwan écoutait son frère, et luttait pour ne pas penser à la blessure de son crâne qui s'était rouverte.

- T'es foutu Erwan ! Tu comprends ça ? Foutu ! Et moi aussi, à cause de toi ! DE TOI !!! hurla Mathieu avant de commencer à frapper furieusement le visage d'Erwan avec ses poings, suscitant des cris de douleur de la part de son cadet.

Malgré la violence de chaque coup, Erwan sentit que la douleur se faisait de moins en moins présente. Il allait abandonner.

Brusquement, les coups cessèrent.

Erwan se risqua, avec difficulté, à entrouvrir les yeux.

Adaline se tenait au-dessus de lui, haletante. Son regard montrait qu'elle ne se remettait pas de ce qu'elle venait de faire. Elle lâcha la branche qu'elle tenait un instant plus tôt comme une batte de Baseball. Puis elle tendit une main à Erwan, avec un regard insistant.

Ignorant les douleurs qui perçaient son crâne, Erwan se releva en poussant le corps de son frère qui s'était affalé sur lui, inconscient. Il poussait sur ses jambes et s'aidait du soutient d'Adaline, mais il fut retenu dans son élan.

La main de son frère avait attrapé sa veste, provoquant chez les deux plus jeunes un hurlement de surprise.

Mais Mathieu était trop assommé par le coup, et son geste ne suffit pas à retenir son frère, qui se mit brusquement debout, en cherchant son équilibre sur quelques pas avant de regarder Adaline.

Sans avoir besoin de se consulter, ils se mirent à courir à toutes jambes en direction de la voiture.

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Crédit photo : http://roccoco.free.fr/dotclear/index.php/2007/11/11/673-foret-de-tresse-course-poursuite

NDA

J'espère que vous avez aimé ce chapitre!

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Belle semaine à tous!

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