Chapitre 14

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Erwan avait du mal à maintenir la conversation avec son frère, qui l'interpellait régulièrement. Ce dîner lui semblait interminable. Il avait à peine touché à sa nourriture et remuait sa fourchette dans ses pâtes sans entrain.

Une seule pensée l'habitait à présent, celle qui l'avait gagné quelques heures auparavant, celle de sa fuite prochaine.

Il tournait et retournait dans sa tête toutes les situations potentielles, mais peinait à élaborer un plan qui pourrait sembler solide.

Là où des jeux vidéo de stratégie lui avait donné un sentiment de puissance, la réalité lui rappelait violemment qu'il n'était qu'un adolescent presque banal.

Mais c'est une fois dans son lit, le regard fixé au plafond qu'il se décida enfin. Il se redressa alors, vérifia d'une écoute attentive que son frère était endormi, et posa les pieds au sol avant de s'approcher du lit de son frère.

Le parquet grinçant lui arracha une grimace et lui son corps se figea. Puis, posant la main sur la chaise où Mathieu avait posé ses vêtements, il rechercha sa veste. A tâtons, il finit par glisser la main à l'intérieur d'une première poche de veste, sans succès, puis d'une deuxième, trouvant enfin l'objet convoité. Il releva à hauteur de ses yeux l'objet sans qui son plan ne pourrait prendre vie.

Il le glissa alors sous son oreiller, laissant Morphée lui offrir un sommeil presque plus serein que les nuits précédentes.

~

Erwan fut réveillé par l'odeur du café emplissant la pièce. Son frère préparait le petit déjeuner et semblait être levé depuis longtemps.
En réalisant qu'il était proche du moment fatidique, Erwan sentit son estomac se nouer. Mais il ignorait si c'était la fuite qui l'effrayait le plus où ce qu'il envisageait de faire.

Après avoir mangé la bouillie que son frère lui avait préparée, Erwan enfila ses bottes et son blouson, et récupéra son trésor sous l'oreiller, en espérant que son frère n'aurait pas l'idée de vouloir s'en servir. Il sentait que le stress commençait à l'envahir, et soupirait régulièrement pour tenter de l'apaiser, lui valant alors plusieurs réflexions de la part de Mathieu.

Quelques minutes plus tard, les feuilles et les brindilles craquaient sous leurs pieds. L'air très frais du matin endolorissait leurs narines. Mais le calme qui régnait dans la forêt était majestueux. Il était 6h40, et le soleil n'était pas encore levé. Mathieu traçait leur chemin à l'aide d'une lampe torche.

Au bout d'une trentaine de minutes, Mathieu indiqua à son frère de s'arrêter, et de s'accroupir à ses côtés, derrière des buissons. Alors qu'il éteignait sa lampe, les premiers rayons du soleil venait danser entre les feuilles d'automne.

- On va bientôt voir des animaux, chuchota Mathieu, tout n'est plus qu'une question de patience maintenant.

La patience... c'était plutôt à l'opposé de cet état que se trouvait Erwan a cet instant. Il guettait, depuis leur départ, le moment opportun pour mettre son idée à exécution.

Son aîné s'installait sur le tapis de feuille, prêt à faire feu à la moindre occasion. Erwan avait le sentiment d'observer un soldat guettant l'ennemi.

- Qu'est ce que tu regardes ? demanda Mathieu.

Mais avant qu'Erwan eu le temps de répondre, un craquement leur parvint un peu plus loin sur la droite. Immédiatement, Mathieu dirigea son arme dans la direction du son, et s'immobilisa.

Mais contre toute attente, aucun animal ne se manifesta.

Un homme en uniforme sortit de derrière un arbre, un fusil sur l'épaule. Il devait avoir une cinquantaine d'années, et sa moustache grise lui aurait, dans un autre contexte, donné un air sympathique.
Immédiatement, Mathieu appuya sur la tête d'Erwan pour le forcer à se baisser, et lui fit signe de se taire.

SymptômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant