LES SEIGNEURS DE GUERRE, Tome 1 : Le Guerrier Ténébreux (À corriger)

CHAPITRE 29

À peine Abyss avait posé un pied hors de la voiture qu'il sut que quelque chose n'allait pas. En lançant un regard à ses frères, il constata qu'ils l'avaient eux aussi remarqué.

Il aida Salem à descendre de la voiture avant d'emmêler leurs doigts ensemble et de s'armer d'une de ses dagues. C'était étrange à quel point il aimait sentir la peau de la jeune femme contre la sienne. Étrange à quel point il pouvait devenir possessif quand ça la concernait. Mais le plus étrange était qu'il aimait ce sentiment, savoir que même si elle pouvait se défendre seule, Salem comptait sur lui pour la protéger ; chose qu'il s'éventurera à faire dorénavant.

Noah en tête suivis de Rex et d'Eos qui portait toujours une Twiy inconsciente, ils se dirigèrent vers les portes du souterrain ; Abyss fermant la marche. Il tendit l'oreille pour intercepter le moindre bruit mais seul un silence de mort les accueillit alors qu'ils longeaient le couloir pour se diriger vers les escaliers. Ils n'allaient certainement pas prendre l'ascenseur alors qu'ils ne savaient pas ce qui se trouvait en haut ; ils étaient plus intelligents que ça. Salem comprit que quelque chose n'allait pas et Abyss la remercia mentalement de ne pas se plaindre même s'il savait à quel point elle devait être exténuée.

Noah ouvrit doucement la porte qui menait au salon et Abyss entendit le bar coulisser sur le côté dans un bruit silencieux. Noah passa la main dans l'embrasure et écouta le silence avant de se redresser et de sortir. Mais à peine avait-il posé le pied hors du couloir qu'il se figea et Rex lui rentra dedans. Abyss fronça les sourcils et se prépara au combat mais Rex regarda par-dessus l'épaule de la Faë avant de pousser un grognement et de sortir en trombe. Il sentit Salem lui lancer un regard interrogateur qu'il répondit par un haussement d'épaules.

— Putain, c'est quoi ce bordel ?! s'écria Rex.

Bousculant Noah, Eos se rua dans le salon suivit par Abyss qui fit passer Salem derrière son dos. Mais arrivé dans le salon, il se figea. Rex n'avait pas exagéré quand il avait employé le mot « bordel » car le salon était un vrai bordel. Les canapés étaient déchirés, de la mousse synthétique éparpillée çà et là. La table basse en verre était en morceaux et l'écran plat faisait office de tapis. Tous les livres de la bibliothèque traînaient par terre dont les couvertures et des pages avaient été arrachées. La baie vitrée était également sortie de ses gonds. Plusieurs marques de griffes ornaient les murs.

Rex partit vers la cuisine tout en continuant à jurer. Noah se dirigea vers les étages tandis que l'incube et lui restèrent dans le salon. Quelques minutes plus tard, le berserk et la Faë revinrent.

— Personne, dit Rex en secouant la tête. Par contre, tout est ravagé.

— Même dans les chambres, grommela Noah.

— Calais ? s'enquit Eos qui posa délicatement Twiy sur ce qui restait du canapé.

Le visage de Noah se ferma.

— Parti.

Abyss fronça les sourcils.

— Parti ? s'exclama Rex. Comment ? Je croyais que tu l'avais bien attaché.

— C'est le cas, maugréa la Faë. Et je lui ai même arraché les membres, jamais il n'aurait pu s'enfuir sans aide.

Instinctivement, Abyss tourna la tête vers le Garhdyen. Il prit une grande inspiration.

— Quoi ? demanda Eos.

Comme il ne répondit pas, tous les autres tournèrent leurs têtes vers le saule pleureur écarlate puis lâchèrent des jurons. Ils allaient vraiment de mal en pis. Ou comme on le disait dans le Pandémonium, ils tombaient vraiment de Charybde en Scylla. Alors qu'il y avait quelques jours de cela le Garhdyen était un magnifique saule pleureur dans toute sa splendeur, aujourd'hui, il n'était qu'un arbre sur le point de rendre l'âme et qui avait perdu la moitié de ses feuilles. Un énorme tas de cendre reposait tout autour de l'arbre, comme un tapis que l'on mettait autour d'un Sapin de noël. Sauf que contrairement au tapis d'Arbre de noël, le tapis formé par le tas de cendre assombrissaient à la fois le jardin et le cœur d'Abyss. Il n'était pas vraiment un sentimental mais ce saule avait été parmi eux pendant des siècles, à protéger et à veiller sur le Complexe ; le savoir mourant rendait le Complexe étrange. Vide. Sans âme. Comme si Abyss venait d'y mettre les pieds pour la première fois et était un total étranger dans cette demeure. Il n'aimait pas ça.