CHAPITRE 8

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Salem entendit des cris. Des hurlements de terreur. Elle sentit des flammes lui léchaient la peau jusqu'à pénétraient par ses pores et dévoraient ses organes. Elle brulait. Littéralement. Sa gorge lui faisait mal, comme si elle avait crié pendant des jours, voir des semaines. Puis, elle se rendit compte que c'était elle qui criait, qui hurlait à son casser la voix. Cette chaleur en elle était tellement insupportable qu'elle l'étouffait. Elle avait du mal à respirer et avait tellement chaud qu'elle commença à retirer ses vêtements. Rectification : elle arracha ses vêtements. Elle avait envie de s'ouvrir le ventre pour retirer les organes qui lui brulaient de l'intérieur et quand des mains lui agrippèrent les poignées afin de les placer de part et d'autres de sa tête, Salem se rendit compte que c'était ce qu'elle avait tenté de faire. Elle se débâtit mais les mains continuèrent à la maintenir fermement. Ses yeux commencèrent à se remplir de larmes et elle essaya de toutes ses forces de les contenir. En vain. Malgré tous ses efforts, ses larmes roulèrent sur ses joues enflammées et elle se rendit compte qu'ils les refroidissaient. Alors, elle se força à continuer de pleurer.

Un souffle vint lui caresser lobe de son oreille et une voix grave et rauque lui chuchota des mots qu'elle ne comprit pas. Pendant un moment, les flammes semblaient se calmer au son de la voix mais dès qu'elle cessa, son corps s'embrassa de nouveau. La chaleur était plus ardente, tel un volcan en éruption, elle se répandait dans la moindre partielle de son corps sans laisser de vide.

Salem essaya de crier un truc du genre « De l'eau » mais même sa voix fut aspirée dans le brasier. Elle déglutit quand un filet d'air lui échappa.

Une main glissa sous sa tête et elle sentit qu'on la redressa. Quelque chose de froid entra en contact avec ses lèvres.

Froid.

Humide.

Aqueuse.

De l'eau.

Plus. Elle entrouvrit la bouche et tenta désespérément d'en prendre plus. Mais soudain, on éloigna l'eau. Elle leva la main pour se saisisse de l'eau mais ne réussit qu'à attraper un poignet.

La chaleur qui se déversa dans son corps au toucher d'une peau bien masculine était bien plus ardente que la première mais celle-ci était bien plus tolérable. Bien plus agréable.

Mais des bruits de tambour résonnèrent dans ses oreilles. Son cœur. C'était son cœur qui cognait avec une telle violence contre sa poitrine.

Boum-boum.

Boum-boum.

Boum-boum. 

De nouveau, du liquide se répandit dans sa gorge et elle put un tant soit peu respirer et calmer son cœur. On lui caressa les cheveux d'un geste tendre et elle commença à s'apaiser. Les flammes se calmèrent et son corps se détendit jusqu'à ce qu'elle tombe dans les bras de Morphée.

* * *

Abyss attendit que la respiration de la jolie rousse se régularise avant de se relever du lit. Il observa ensuite sa chambre dont tous les meubles étaient en pièce. Incroyable mais vrai, cette fille avait littéralement détruit tout sur son passage.

Lorsqu'ils étaient arrivés au Complexe, Abyss avait directement emmené l'humaine dans sa chambre. Mais sur le chemin qui menait à sa chambre, il avait remarqué que sa température corporelle ne cessait de monter. Il avait d'abord cru que son corps réagissait au sien mais dès l'instant où il l'avait posé sur son lit, elle avait commencé à hurler et les meubles qui ornaient la pièce avaient volé, explosé ou s'étaient projetés contre un mur. Ses amis s'étaient rués dans sa chambre pour voir ce qui se passer et avaient été tout autant stupéfaits par ce qui s'y passait. Mais le plus stupéfiant avait été la réaction de Zevran. Il savait ce qui lui arrivé. Sauf qu'Abyss n'avait pas eu le temps de lui poser la question car la rousse avait essayé de s'ouvrir l'estomac et il avait été obligé de l'immobiliser avant qu'elle ne se fasse mal.

Lorsque ce fut fini, il alla chercher un tee-shirt dans sa penderie et tenta de faire abstraction à l'électricité que le procura par le simple fait de toucher cette peau dorée couverte de sueur pendant qu'il lui fit enfiler le tee-shirt. Il siffla entre ses dents lorsqu'il effleura, par mégarde, le tissu de son soutien-gorge en dentelle noire. Il se sentit dur rien qu'en pensant que sa culotte était assortie. Il la recouvrit ensuite d'un drap et sortit de la chambre.

Adossait au mur d'en face et les bras croisés sur sa poitrine, Zevran le regarda ferma la porte. Abyss n'y alla pas par quatre chemins et déclara :

— Tu sais ce qu'il lui arrive ?

Il l'avait posé comme une question par respect pour son aîné.

Ce dernier acquiesça, s'éloigna du mur et vint se plaça devant Abyss.

— Elle... change.

Abyss fronça les sourcils mais avant qu'il ne puisse répondre, Zevran poursuivit.

— Elle vient d'entamer sa Muë.

Abyss se figea.

La Muë était une phase très importante chez certains démons. En effet, contrairement à ce que racontaient les rumeurs, seule la moitié des démons naissait immortelle. Et les démons naissant mortels doivent passaient par la Muë. Et la Muë n'était qu'une période de démence et de souffrance. C'était comme une épreuve de survie : seuls les plus forts y survivaient.

Les Hunger Games version démon.

Il avait déjà compris que la jolie rousse endormie dans son lit n'était pas tout à fait humaine mais de là à être aux premières loges pour assister à sa Muë, c'était... Il allait de surprise en surprise.

Abyss passa une main dans ses cheveux déjà ébouriffés.

— Comment ça se passe ? demanda-t-il.

Les Djinns n'avaient jamais entamé leur Muë et n'avaient jamais eu l'occasion d'assister à une, car comme le démon était dans une phase d'extrême folie, il ne distinguait pas le faux du vrai. Alors, il n'avait pas vraiment les moyens de se défendre et c'était la raison pour laquelle une Muë se passait en secret. D'après ce qu'il avait entendu, on enfermait parfois certains démons car ils devenaient trop violents. Par contre, ce qu'il savait de source sûre c'était les démons qui devaient entamer leur Muë. Il y avait les berserks, les chiens des enfers, les incubes et les succubes, et les vampires. Mais grâce à leur part Djinn, Abyss, Rex, Jackal et Eos n'avaient pas eu à entamer leur Muë.

Zevran haussa les épaules, comme pour lui signifier qu'il n'en savait pas plus.

— Tu sais ce qu'elle peut être ?

Il hausse de nouveau ses épaules et ce mouvement eut pour effet d'agacer Abyss. L'aîné posa une main sur l'épaule du plus jeune.

— Il lui suffit de tenir une semaine et nous le saurons. Mais il faut d'abord qu'elle survive.

Sur ce, il tourna les talons et s'en alla.

Une semaine.

Parce que oui, la Muë durait une semaine. Une semaine d'aliénation et d'interminable douleur aussi atroce les unes que les autres.

LES SEIGNEURS DE GUERRE, Tome 1 : Le Guerrier Ténébreux (À corriger)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant