Point de vue Cayden
❝ Parfois, les fantômes s'endorment. La journée, ils vous abandonnent, la nuit ils vous accompagnent. ❞
Les yeux rougis et bombés par la nuit, la nuit a su m'égarer, elle m'a fait oublier. Mais dès mon premier regard, les souvenirs me submergent. Ils occupent la majeure partie de mon corps et m'inondent.
Lentement, je me lève quittant mes draps usés par les mauvais rêves. Leur douceur me manque à la seconde près où mon épiderme les abandonne. Mais contre toute attente, il n'a pas qu'eux. Il y a Mallory, ma meilleure amie. J'ai encore l'impression de sentir ses doigts vernis s'agripper à mon bras lorsque nous descendions au salon. Mes parents et mon frère n'appréciaient pas Mallory, ils la trouvaient trop extravagante. Ils lui reprochaient de ne penser qu'à notre amitié et non aux conséquences qu'elle pourrait avoir. Mais nous étions jeunes et nous n'en faisions qu'à notre tête. Pourtant Mallory était de loin cette fille qu'on détestait. Les gens n'apprenaient pas à la connaître, ils ignoraient que cette fille redoutée de tous était une face cachée et brisée. Seulement, ils en ont tous pris conscience à sa mort. Et ça, je leur en voulais terriblement. Mais maintenant, j'ai passé le stade de les mépriser. Cela fait bientôt trois ans qu'elle n'est plus là, et mon chemin commence petit à petit à se tracer entre les obstacles jonchés.
Les bruits des chaussures à talons de ma mère me coupent de mes rêves. Je l'entends faire de l'aller-retour entre sa chambre et la salle de bain. Encore endormi, j'enfile un sweat par dessus mon torse nu.
Ce n'est que lorsque je sors du couloir pour me diriger vers le salon que je comprends l'agitation de ma mère. Alors qu'elle tente de rejoindre une énième fois sa chambre, je tends le bras pour la bloquer. Son regard froid se pose sur moi et me souffle de me décaler, pourtant je n'en fais rien.
— Qu'est-ce que tu fais maman ? demandé-je.
— Je pars quelques jours à Vancouver pour une présentation devant mon patron.
Au même moment, une partie de sa paupière droite tressaute, signe de stresse. Je lui presse délicatement l'épaule et sa main se pose sur la mienne.
— J'ai pas envie d'y aller. Etre toute seule à l'hôtel c'est pas drôle, vous allez me manquer.
Ses yeux brillants me signalent qu'elle n'est vraiment pas bien.
— Juste quelques jours ?
— Plutôt une semaine...
— Viens, un bon café ça remonte toujours le moral.
Je lui attrape la main et l'entraîne dans les escaliers. Sa main se crispe sur la mienne et tente de se dégager.
— J'en ai déjà pris un.
— Alors va pour un deuxième.
Je l'entraîne dans le salon et lui intime de s'assoir sur le canapé. Toujours tendue, ma mère s'installe sans un mot et m'observe. Rapidement, je m'affaire dans la cuisine.
Quand je reviens dans le salon et dépose le café sur la table basse, elle me remercie. Ses yeux colorés par le maquillage m'épient et tentent d'y décerner quelque chose que j'ignore.
— Et toi ? Comment ça ce passe le concours ?
Depuis que j'ai annoncé que mon école participait à ce projet, personne ne me lâche.
VOUS LISEZ
Sous Nos Étoiles
Teen Fiction« Ce soir-là, les étoiles brillaient sous mes vertiges lunaires. Mon cœur chantait l'apparition d'un sentiment jusque là négligé. » Elle n'est rien qu'une danseuse à temps perdu, une âme égarée. À l'écoute de son corps, de ses sentiments et de...