19 | Fraternité

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Point de vue Cayden

❝ Ce sentiment profond qui nous reliait, mon frère et moi, était l'un des plus importants


— Elle est pas toute légère.

Avery lève les yeux vers moi en souriant, ses cheveux blonds sont désordonnés et ses joues rosies par l'effort mais même comme ça, elle m'impressionne. Nous traversons le salon, Tessa dans nos bras. J'ai retrouvé la copine d'Avery il y a quelques minutes dans la salle de bains alors qu'elle se vidait les trippes. Je suis redescendu chercher Avery qui attendait, seule sur son fauteuil. A partir de là, elle a fait preuve d'attention et de délicatesse envers son amie. Elle retenait ses cheveux alors qu'elle vomissait dans l'évier et lui murmurer qu'elle était là.

Maintenant, la voilà essoufflée par le poids de Tessa sur ses bras. Plusieurs personnes se retournent vers nous alors que nous les bousculons pour sortir de la maison. Les regards se font interrogateurs et moqueurs mais je m'en moque, j'ai une Avery à moitié souriante devant moi.

— Besoin d'aide ?

Hunter se matérialise devant nous. Même en plein hiver, il ose porter des tee-shirts fins et transparents. Je hoche la tête et l'intime de prendre la place d'Avery. Tous les deux, nous déposons le corps endormis de Tessa par terre. Avery se décale vers la droite pour laisser Hunter faire le reste. Elle se presse devant nous pour chercher la sortie. Aussi timide et fragile qu'elle est, les fêtards ne la voient pas qui joue des coudes pour nous frayer un chemin à travers la foule. J'observe un instant sa copine. Ses traits sont sévères, elle doit être beaucoup plus âgée que nous. Je porte ses jambes tandis qu'Hunter la tient sous les bras.

— Putain, tu la trouves la sortie ?

La voix écorchée d'Hunter me parvient aux oreilles tandis qu'il jette un regard par dessus sont épaule en direction d'Avery. Je grogne de soulagement quand j'aperçois la porte entre tout ce monde. Avery l'ouvre rapidement et la maintient alors que nous sortons son amie. Hunter et moi stoppons la marche au milieu du jardin.

— Elle est où ta voiture ?

Avery pointe du doigt une petite voiture noire garée contre le trottoir.

— C'est celle de Tessa, objecte-t-elle.

Elle nous ouvre les portières de derrière et nous y glissons Tessa. Une fois la voiture fermée, elle se retourne vers nous et déglutit. Elle tripote les bouts de ses manches en murmurant un léger « merci ». Hunter lui fait un signe de tête et se retourne pour rejoindre l'intérieur de la maison.

Moi, je reste là à l'observer. J'étudie chaque tâche de rousseurs qui trône sur ses joues et son nez retroussé. Elle baisse le regard sur ses pieds.

— Comment tu vas faire pour la sortir de la voiture ?

— Je la réveillerais, chuchote-t-elle.

J'opine de la tête. A ce moment-là je repense à Mallory, je me remémore la discussion avec mon père et retiens les larmes qui ne demandent qu'à couler. Comme à chaque fois, je remets en doute toute mon existence. J'édifie ce grand château dans lequel je cache mes plus grands regrets et craintes. Parce que je suis un lâche qui se dissimule derrière la pénombre. Dans cette immensité sombre et froide, je trouve ma place. C'est comme si elle attendait la même personne de jours en jours jusqu'à détruire celui que je suis réellement.

Ce monde me fait mal, il aggrave mes cicatrices et me fait devenir froid comme la glace et sec comme le vent du désert.

Je m'accroche à cette lumière. Elle m'éblouit mais elle atténue ma chute, elle m'empêche de me briser comme un cœur douloureux. Pourtant, quand j'ouvre les yeux, elle est partie. La voiture n'est plus là.

Sous Nos ÉtoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant