39 | Écrire sa peine

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Point de vue Cayden

Les mots sont des armes, ils nous aident à vaincre l'hostilité de nos remords.



Mes pieds survolent le trottoir, rythmés par ma course effrénée. L'air glacial mord dangereusement mes mains et s'écrase avec violence sur mon visage. Autour de moi, la nuit tombée s'engouffre entre les immeubles. Je n'ai pu garer ma voiture qu'à plusieurs rues du parc où Avery m'a donné rendez-vous. Ce soir, plusieurs heures après être rentré du cours préparatoire, j'ai été surpris par son message. Dedans, elle me demandait de la rejoindre à l'endroit où nous étions après la spectacle, le plus vite possible. Il m'a seulement suffit de regarder l'heure tardive à laquelle elle me l'envoyait pour comprendre que quelque chose n'allait pas.

Maintenant que j'aperçois, malgré toutes les lumières citadines, l'ombre inquiétante des arbres du parc, mon pouls s'accélère périlleusement. Pourtant, il ne devrait pas. Avery et moi avons pris l'habitude de traîner ensemble, je ne devrais pas réagir comme cela à chaque fois que j'aperçois sa silhouette, même si celle-ci est terriblement envoûtante.

En passant le portail du lieu public, je l'entrevois, allongée sur le même module que l'autre soir. Mon épiderme répond alors avec un affolement qui m'afflige instantanément. C'est encore plus désolant lorsque j'en oublie même d'expirer tout l'air que j'avais jusque là retenu.

L'endroit est désert. Silencieux, il nous permet de se retrouver en toute tranquillité, loin de la ville et de tous les problèmes auxquels elle nous confronte. Hésitant, je reste un moment à l'observer sans qu'elle ne me remarque. Ses jambes se balancent avec innocence dans le vide tandis que sa tête est levée vers le ciel, sûrement entrain de contempler le ciel étoilé, peut être même Mallory et Lindsay. À certains moments, quelques unes de ses mèches blondes se soulèvent avec grâce et je sombre dans mes propres émotions. Je ressens à nouveau la sensation de ses lèvres sur les miennes comme cette après-midi, l'odeur de ses cheveux pendant que je l'enlaçais ou encore les frissons que j'ai appréciés lorsque ses douces mains se sont posés sur mes joues.

Mes jambes me guident d'elles-même. Lentement, je rejoins le module. Au moment où je grimpe dessus, Avery se redresse abruptement. Je la vois plisser les yeux et à l'instant même où je m'approche d'elle et que ses yeux s'offrent à moi, elle me reconnait et je tombe des nues. C'est un regard détruit que je découvre, tout espoir semble s'être envolé. Ses iris me supplient de lui venir en aide et c'est ce que je fais.

Mes mains s'empare de son corps frêle et étendu sur le bois de façon à la serrer tout contre moi. Instinctivement, les siennes s'enroulent autour de mon cou alors que je ramène précieusement sa tête contre mon épaule. N'osant ouvrir la bouche, je laisse mon corps parler pour moi. Je resserre ma prise en dégageant tendrement les cheveux qui lui couvrent le visage. Son souffle qui s'échoue doucement sur mes lèvres me rassure. Il me prouve qu'elle est encore là, entre mes bras, même si son esprit doit certainement divaguer là où il ne devrait pas. J'ai bien trop peur de la lâcher, comme si Mallory pouvait m'enlever Avery à tout moment et que je ne puisse plus la rattraper.

— Je suis là, murmuré-je au creux de son oreille.

Ses mains glissent le long de mon cou pour s'agripper légèrement à mon tee shirt.

— Tu es toujours là.

Entre ses lèvres, les mots résonnent merveilleusement bien. Avery confirme ce que j'espérais un jour réussir. Je m'étais promis de ne pas tomber une deuxième fois, de ne pas recommencer l'erreur que j'avais commise avec Mallory. De là où elle est, elle ne peut qu'observer ce qu'elle a refusé que je lui offre. J'étais là pour lui venir en aide, l'aider à se relever du trou dans lequel elle était tombée. Mais malheureusement, Mallory n'a rien fait de tout ça. Elle a abandonné ma main, celle qui était tendue vers elle.

Sous Nos ÉtoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant