Chapitre 17

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Jelena Goran/16 décembre 2006

Je me réveille de très bonne humeur : Luka va bientôt arriver.

Depuis qu'il est entré dans ma vie, mon état s'améliore de jour en jour. Il y a bien sûr eu cet accrochage avec mes parents, et tout ce que Luka a pu entendre ce jour-là, mais... Il n'a fort heureusement pas eu l'air d'en tenir compte.

Toujours est-il qu'une telle évolution est spectaculaire et va au-delà des espérances du plus optimiste des médecins... J'ai vraiment l'impression qu'il est en train de me sauver.

Aujourd'hui, comme tous les matins, je fais l'effort de me lever tôt, pour me préparer minutieusement et être ainsi la plus potable possible lorsque Luka arrivera. Je sais que c'est ridicule, parce qu'il ne se passera jamais rien entre nous, mais j'ai besoin de me sentir belle lorsqu'il vient me voir.

Je suis assez contente : même si je peine à me concentrer (la présence de Luka me paraît toujours surréaliste), j'ai compris l'intégralité de la leçon de la veille... Je commence même à croire que j'arriverai à tout rattraper, et que j'obtiendrai mon examen... Et tout ça grâce à lui.

Luka arrive enfin, me serre dans ses bras pour me saluer, et même si l'étreinte ne dure que quelques secondes, je sens mes joues s'enflammer : jamais je n'aurais pensé avoir un tel degré de proximité avec lui.

-Alors, prête à travailler ?

Je lui souris.

-Ai-je vraiment le choix ?

Il semble hésiter quelques instants.

-Eh bien... On pourrait parler, ça ne me dérangerait pas, parce que je te trouve plutôt sympa, mais... Tes parents ne seraient certainement pas contents de l'apprendre...

Pitié, pas ça...

-Je... Je suis encore désolée... Ils s'inquiètent juste pour moi, et me savoir seule ici, avec un garçon de mon âge, même si je leur ai déjà expliqué que tu m'aidais simplement à travailler, et qu'il ne se passera jamais rien...

Son visage prend une drôle de couleur.

-Oh, t'as pas à t'excuser, je les comprends, et puis c'est pas grave... Je te savais fan, mais juste pas à ce point, même s'ils avaient déjà sous-entendu certaines choses la première fois...

-Je... J'ai pas vraiment envie de parler de ça... balbutié-je en fuyant son regard.

Il hausse les épaules :

-Comme tu voudras, je te taquinais juste, pour essayer de détendre l'atmosphère, tout ça...

-Ah...

Je me retiens de lui faire remarquer que ce n'est pas en me fixant de la sorte qu'il arrivera à détendre quoi que ce soit.

-T'as l'air bizarre... T'es sûre que tu te sens bien ?

J'acquiesce en me retenant de le dévorer du regard :

-Ou... Oui oui, ça va même très bien ! Les médecins sont impressionnés... Ils disent m^me que je pourrai bientôt sortir.

Je ne lui avoue bien sûr pas que je lui dois cette surprenante évolution.

-Mais c'est super ça !

Il m'adresse un large sourire, avant de se reprendre.

-Qu'est-ce qui se passe ? T'as pas l'air ravie...

Je pense un instant à lui faire part de mes pensées, de lui faire remarquer que si je sors, on se verra sans doute beaucoup moins... Et puis je me souviens que je dois être la seule à attendre nos rendez-vous avec tant d'impatience, et que Luka se contentera de se réjouir pour moi. Il reprendra une vie normale, et dans quelques mois, je ne serai plus qu'un vague souvenir.

-Je... Si si, bien sûr !

Ma réponse ne semble pas le convaincre.

-Tu stresses pour la rentrée, c'est ça ?

-Je... Oui, un peu...

Les événements des derniers mois me reviennent brusquement en mémoire, et ma vue se brouille directement. Je prie pour qu'il n'insiste pas plus ; je n'ai pas envie qu'il me voie pleurer.

-Tu sais, la troisième fois, c'est souvent la bonne...

Je me tourne vers lui.

-Comment tu sais que c'est la troisième fois ?

Son visage prend une expression indéchiffrable.

-Je... Ce n'est qu'une... qu'une supposition... Tu es... euh, plutôt... âgée par rapport aux autres personnes qui passent le BAC, j'ai dit ça au hasard, et puis... Il me semble qu'en plus, Verdan me l'avait dit...

Je n'ai pas le souvenir d'avoir abordé le sujet avec Verdan, et je dois bien avouer que j'aimerais qu'il soit allé se renseigner auprès de mes parents... Mais son explication paraît la plus plausible : pourquoi aurait-il fait ça ?

J'ai dû en parler avec Verdan, j'ai simplement oublié... Le traitement médicamenteux a parfois de drôles d'effets sur mon organisme.

-Oh, je vois...

-Bon, du coup, tu... Tu veux en parler ? En quoi la pensée d'un retour au lycée t'est insupportable ?

-Je...

Je frémis lorsqu'il plonge ses yeux dans les miens.

-Ne me dis pas que ça a juste un rapport avec les cours, je sens bien qu'il y a autre chose...

Il s'avance encore un peu, comme s'il voyait à quel point c'est dur pour moi, comme s'il sentait que j'allais craquer.

-Allez... Dis-moi...

Une larme coule sur ma joue.

-Allez, Jelena, fais-moi confiance... Ca te fera du bien de parler...

Je finis par éclater en sanglots, Luka s'avance pour me prendre dans ses bras... Et si je sais que ce n'est pas normal, je crois ne m'être jamais autant sentie à ma place.

Nikad Ne Odustati / Luka Modric Où les histoires vivent. Découvrez maintenant