Chapitre 29

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Jelena Goran/26 février 2007

-Jelena, tout va bien ?

-Oui oui, assuré-je en fixant mon assiette.

-Tu es sûre ? insiste mon père. Depuis deux ou trois jours, tu ne parles plus, tu ne manges plus...

-Je... Je ne me sens juste pas très bien, expliqué-je.

-C'est bizarre, c'est depuis ta promenade... Il t'est arrivé quelque chose ? Tu veux nous en parler ?

Je craque :

-J'ai croisé Zlatko et Mirko... Devant le cimetière.

-Oh.

-Oh ?! C'est tout ce que vous trouvez à dire ?!

-Jelena, s'il te plaît... intervient ma mère.

-Oh, c'est tout ce que vous trouvez à dire alors que papa a tué Madame Pavelic ?!

Je relève la tête vers mon père, mais il évite soigneusement mon regard.

-S'il vous plaît, les imploré-je, dites moi que c'est faux...

Malheureusement, leur silence parle pour eux.

-Si on ne t'en a pas parlé... C'était pour te protéger ! Tu étais trop petite pour comprendre, et on s'est dit qu'il fallait que tu grandisses dans un environnement normal...

-C'est réussi, bravo... Regardez où j'en suis !

-Est-ce vraiment de la faute de ton père ?

Je me retiens de lui répondre que oui, c'est totalement de sa faute.

-Je vous déteste...

Et je cours dans ma chambre (enfin, aussi vite que mon l'état me le permet) avant de m'effondrer sur mon lit.

J'ai l'impression que tout s'écroule autour de moi : mes parents sont des criminels, je n'ai pas d'ami, les gens me détestent (et maintenant, je comprends un peu mieux pourquoi), ma maladie est en train de reprendre le dessus... Si je disparaissais, tout serait si simple... Et puis, à qui manquerais-je ? A part mes parents, et encore, la mort ne semble pas les affoler tant que ça...

J'ai déjà pensé au suicide ces dernières années, mais à chaque fois je trouvais une raison, une magnifique raison de rester ici.

Et cette raison s'appelait Luka Modric.

Dire me suffisait de penser à lui pour avoir envie de rester...

Je n'irais pas jusqu'à dire qu'il a gâché ma vie : c'était le cas bien avant qu'il n'y entre.

C'est juste que maintenant, il me suffit de penser à lui et à tout ce qu'on a vécu pour avoir envie de partir.

Mes pensées suicidaires me submergent rapidement, et j'ai beau me creuser la tête, j'ai beau chercher des raisons de continuer, rien ne vient.

Je sais que c'est trop facile, que je dois me battre, que ça ira mieux demain... Mais à quoi bon ? Ca fait des années que je lutte, et je n'ai jamais réussi à remonter la pente. Je n'en ai même plus la force.

En plus, je n'ai aucun avenir. Souffrir encore plus, à quoi bon ? Autant arrêter maintenant.

Mais avant de partir, il me reste quelque chose à faire. Alors, lentement et pour la première fois depuis longtemps, je me rends dans le bureau et m'assieds en face de mon ordinateur... Là où tout a commencé.

Nikad Ne Odustati / Luka Modric Où les histoires vivent. Découvrez maintenant