Chapitre 13

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Jelena Goran/28 novembre 2006

J'en ai marre de ces murs blancs, de cette odeur de désinfectants et de médicaments...

J'en ai marre de passer mes journées allongée dans ce lit, de passer des examens tous les deux jours et de ne pas pas pouvoir écrire...

J'ai envie de rentrer chez moi, sauf que cette fois, je ne sais pas quand je sortirai, ni même si je sortirai un jour ; mon état empire chaque matin, je mets maintenant de longues minutes à m'extraire de mon lit... et je ne sais que trop bien comment interpréter les chuchotements des médecins : eux non plus ne savent pas comment me sauver.

Mentalement, j'essaie de tenir le coup, mais c'est de plus en plus dur... Et puis mon amie virtuelle me manque.

Nous devenions chaque jour un peu plus proches, et lui parler était vraiment devenu une habitude ; quand je passais de mauvaises journées, je savais que je pouvais me raccrocher à elle : il me suffisait de penser aux conversations interminables que nous aurions tout au long de la nuit pour me sentir mieux... Sauf que là, ce n'est plus possible.

Ici, je ne passe pas de mauvaises journées : je ne me fais pas frapper, je ne suis pas embêtée avec les profs et les contrôles (même si, pour avoir une chance d'avoir mon diplôme, il faudra que je rattrape tout) et je dors beaucoup plus, mais... Je ressens comme un vide en moi.

Une infirmière pénètre dans ma chambre et interrompt ainsi le cours de mes pensées.

-Bonjour, Jelena ! Tu te sens bien ?

-Je... Oui, ça va, merci...

-Ca te dirait te descendre manger avec les autres patients ? Tu sais, tu seras mieux à la cafétéria plutôt qu'ici...

Mon cœur se serre : je n'ai envie de rencontrer personne... Simplement de guérir dans mon coin, d'enfin reprendre assez de forces pour rentrer chez moi et reprendre contact avec Realuka10.

Je refuse poliment, mais elle décide d'insister.

-Allez, ça va te faire du bien de sortir... Tu es enfermée dans cette chambre toute la journée... Tu as peur de ne pas pouvoir te lever ?

-Un... Un peu, et puis, je... Il faudrait que je me prépare pour sortir...

Je n'arrive pas à lui avouer que ma chambre a malgré tout quelque chose de réconfortant, et que je me sens pas capable de me retrouver au milieu des autres. De toute façon, elle est jolie, sûre d'elle, très sociable... Elle ne me comprendrait pas.

-Je t'assure, tu te sentiras bien avec eux, ils ne vont pas te manger... assure-t-elle en affichant un drôle de petit sourire.

-Je... Je ne suis pas sûre que...

-Allez... C'est décidé, je t'emmène là-bas !

Elle croise ses bras sur sa poitrine, et je comprends qu'elle attend que je me lève. Je me résigne, et commence à appuyer sur mes coudes pour me relever... Mais bien sûr, mon corps ne tient pas, et je m'effondre.

L'infirmière, prise d'un élan de pitié, s'avance vers moi, me tend la main et m'aide à sortir de mon lit, puis à m'asseoir sur mon fauteuil.

-Mer... Merci...

Nous prenons l'ascenseur, traversons bon nombre de couloirs et arrivons enfin dans la cafétéria. Les autres patients me saluent, et je constate avec soulagement qu'aucun d'entre eux n'est âgé de plus de huit ans : j'avais presque oublié que les médecins avaient décidé, au vu des symptômes que je présente et de leurs qualifications, de m'inclure dans le service « pédiatrie ».

Nikad Ne Odustati / Luka Modric Où les histoires vivent. Découvrez maintenant