Chapitre 7

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Jelena Goran/16 octobre 2006

Mon père rentre dans la chambre d'hôpital, un grand sourire aux lèvres.

-Bien dormi ?

-Je... Oui oui !

Il détaille ma tenue (à savoir mon sempiternel maillot de Modric) et me lance un regard entendu.

-Inutile de te demander si tu as fait de beaux rêves... Ni de qui tu as rêvé.

Mon cœur se serre, et je me retiens de lui faire savoir que ce n'est pas Luka qui hante mes nuits... Mais l'inconnue.

Je me revois le matin de mon hospitalisation, me connecter sans grand espoir (elle ne m'avait pas donné de nouvelles depuis déjà plusieurs jours, pourquoi l'aurait-elle fait ?) et écrire un dernier post, dans lequel il était question de Luka et un peu aussi de mon état de santé avant de partir.

J'étais persuadée que je sortirais dès qu'il m'aurait auscultée... mais il m'a avoué que mon état l'inquiétait et qu'il préférait me garder quelques jours en observation. Et la première chose à laquelle j'ai pensé en entrant dans cette chambre, c'est l'inconnue... La seule personne que je considère comme une amie, la seule personne à qui j'arrive à m'ouvrir... La seule avec qui je me sens à ma place. Nos échanges me manquent, et je passe mes nuits à m'imaginer ce qu'elle peut penser ; j'en viens à me demander si elle ne m'en voudra pas trop lorsque je pourrai enfin lui écrire.

Le spécialiste entre enfin dans ma chambre et donne les résultats de mes examens :

-Eh bien, disons que ça reste stable... soupire-t-il. Votre AJI a toujours autant d'impact sur votre santé.

Ma mère me lance un regard inquiet.

-Vous continuez à prendre vos cachets ?

J'acquiesce.

-Je sais que le traitement est très lourd et qu'on ne le prescrit qu'en cas extrême, mais... C'est ce qui te permettra de te sentir mieux...

Mes parents se regardent, et je comprends qu'ils sont en train de se dire que le traitement est paradoxalement en train de me tuer. Et à vrai dire, ils ont raison.

-Oui... Je sais... finis-je par répondre. Il me fait encore un peu mal au ventre, mais... mes articulations sont un peu moins douloureuses...

Il sourit.

-Très bien. La prochaine fois que je te verrai, j'aimerais te voir marcher...

-Ca risque d'être compliqué... soupire mon père.

Le médecin remonte ses lunettes sur son nez d'un air songeur.

-Pourquoi ce pessimiste ?

-Eh bien... Elle peine à aligner deux pas ! renchérit ma mère.

-Vous savez quoi ? Honnêtement, je ne pense pas que ce soit ce que votre fille ait besoin d'entendre... Ce qui saute aux yeux, c'est qu'elle est malheureuse.

J'évite soigneusement le regard de mes parents.

-Et je ne voudrais pas m'avancer, reprend-t-il, mais d'après une étude, les enfants souffrant de cette maladie sont souvent des élèves anxieux... Votre fille travaille beaucoup ?

-Beaucoup trop... soupire mon père. Et le pire, c'est qu'elle n'est même pas récompensée par les résultats...

-Là n'est pas la question. Jelena, tu dois apprendre à te reposer, c'est primordial... Je sais que tu veux réussir dans ta scolarité, mais... pour y parvenir, la première étape, c'est de retrouver la santé... Tu comprends ?

Nikad Ne Odustati / Luka Modric Où les histoires vivent. Découvrez maintenant