Nikad Ne Odustati / Luka Modric

Chapitre 19

Jelena Goran/28 décembre 2006

Luka entre dans la salle avec un petit sourire gêné.

-Sa... Salut...

-Tout va bien ? demandé-je, soucieuse.

Il passe une main dans ses cheveux.

-Je... Je ne savais pas quoi comme t'offrir... J'ai rien trouvé de bien, je n'avais vraiment aucune inspiration, et...

Je me retiens de lui répondre que sa présence est pour moi le plus beau des cadeaux.

-Enfin, je suis désolé, mais... Promis, je me rattraperai une prochaine fois... Je t'amènerai un maillot, ou quelque chose comme ça...

-Je... Pas besoin, moi non plus je n'ai rien pu te prendre...

Il sourit.

-Oui, sauf que moi j'aurais dû y penser... Surtout que je sais ce que tu aimes... Ou plutôt qui tu aimes ! ajoute-t-il, le regard pétillant de malice.

Mes joues commencent à brûler.

-Arrête !

-Je te taquine juste...

-Oui, mais c'est pas drôle ! Tu serais aussi gêné que moi si tu te retrouvais dans la même situation...

-T'as sûrement raison... Mais ça m'amuse !

-Su... Super !

-Bon, peut-être que les maths te gêneront moins ?

-C'est possible...

-Même si elles sont moins intéressantes que moi, n'est-ce pas ?

Je rougis violemment et fais bien attention de ne pas effleurer ses doigts lorsqu'il me tend mon cahier de maths.

J'essaie de me concentrer, d'écouter ce qu'il est en train de m'expliquer, de faire les exercices qu'il m'a donnés... Mais je n'y arrive pas ; je sens à plusieurs reprises son regard sur moi, et sa proximité ne cesse de me troubler.

Je finis par me tourner vers lui :

-Que... Qu'est-ce qu'il y a ?

Il rougit violemment.

-R.. Rien...

Je décide de fuir son regard.

-Enfin, reprend-il, tu penses pas que ce serait une bonne idée de te concentrer sur ton travail au lieu de me mater ?

Mon cœur rate un battement.

-Je... Je suis tout à fait concentrée...

Il hausse un sourcil.

-C'est ça, oui...

-Mais... C'est vrai !

-Je sais que je suis plus intéressant que les maths... Mais faut quand même travailler !

Je croise mes bras sur ma poitrine dans un air de défi, les joues toujours aussi rouges.

-Plus intéressant que les maths, hein ? Mais quelle prétention !

Il s'approche un peu :

-Oserais-tu dire le contraire ?

Je me sers un verre d'eau, espérant que ça puisse m'aider à me refroidir.

-Peut-être... Rien que pour te contredire !

-C'est pas cool, ça... Et moi qui te croyais parfaite...

Je m'étouffe et manque de recracher toute mon eau.

-Ne meurs pas tout de suite, t'as encore ton bac à passer !

-Super, merci de me le rappeler... Et puis je ne mourrai pas si tu arrêtes de... de dire n'importe quoi !

Si j'étais sûre de ne pas me faire d'idées, je pourrais presque qualifier son regard de charmeur.

-Ben quoi... J'ai pas raison ?

-Je... Non !

-Alors donne-moi un de tes défauts...

-Laisse-moi le temps de réfléchir avant...

-Tu vois, t'es obligée de réfléchir !

-Juste pour ne pas dire n'importe quoi ! Je te dirai ça quand j'aurai fait ma liste de bonnes résolutions pour l'année prochaine...

-Hmm, c'est ça... Mais de toute façon, je... Enfin, tu... tu es très bien comme ça...

J'ai envie de répondre, mais ma gorge reste nouée.

-Honnêtement, reprend-il pour 2007, je te souhaite juste de guérir et d'être heureuse... Tu le mérites...

-Mer... Merci... Toi aussi...

-J'ai déjà tout ce qu'il me faut... Enfin je crois...

Je me retiens de lui demander s'il comprend une possible copine dans « tout ce qu'il me faut ».

-Oh... Tant mieux...

-Du coup, je veux juste te voir heureuse... T'es une belle personne, t'as le droit au bonheur... Et j'aimerais bien venir fêter le nouvel an avec toi... Ca sera toujours mieux pour toi que de le faire toute seule...

-Je... Oui, bien sûr ! m'exclame-je en sentant mon estomac se retourner. Enfin, si tu as quelque chose de prévu...

Il secoue la tête :

-Non, rien d'intéressant... Et promis, on ne fera pas de maths !

Je m'en veux de voir ici un curieux sous-entendu.

-Oh... Tant... Tant mieux... Mais... Tu t'amuserais mieux avec tes copains plutôt qu'avec une pauvre fille malade... Tu dois juste... avoir pitié...

-Tu plaisantes, si je te propose ça, c'est parce que depuis que je t'ai rencontrée, depuis ce 2 octobre, j'ai vraiment l'impression que tout est particulier...

Mon cœur se serre :

-Je... Le match contre Pula, c'était le 8 novembre...

Il se reprend aussitôt :

-Je... C'est ce que je voulais dire, je ne sais pas pourquoi j'ai parlé du 2 octobre...

Je me retiens de lui faire remarquer qu'il n'a pas à se sentir gêné : même si ça me fait mal, j'ai compris qu'il m'avait confondue avec une autre.

-Bref, ce que je voulais dire, c'est que... Tu es vraiment unique, Jelena.

Je reste muette sous le coup de l'émotion. Il se penche vers moi, nos visages se rapprochent, nos lèvres ne sont plus séparées que par quelques centimètres...

Mes membres tremblent, les yeux de Luka m'hypnotisent, et tout s'efface autour de nous. Je ne vois plus rien... Mais j'entends.

J'entends ce bruit de porte, ce gloussement étouffé et le « Oh, excusez-moi » de l'infirmière. Luka sursaute et s'écarte aussitôt que moi, plus rouge que jamais.

Lorsqu'elle repart, j'ai envie de sauter sur lui, de reprendre ce que nous avions commencé, mais... Je m'en sais incapable. Luka reste immobile et refuse de me regarder, le silence nous submerge peu à peu... Le charme est brisé.

-Je... Je pense que c'est tout pour aujourd'hui...

Il rassemble ses affaires et se lève. J'aimerais le retenir, mais je ne sais pas comment faire, ni même quoi lui dire pour lui donner envie de rester... Alors je le regarde s'éloigner, impuissante.