Nikad Ne Odustati / Luka Modric

Chapitre 23.2

Jelena Goran/12 janvier 2007

Luka passe une main dans ses cheveux, plus rouge que jamais.

-Je... Je suis désolé...

Je n'arrive même pas à répondre.

-Jelena... insiste-t-il, je ne voulais pas que tu le découvres... Enfin, si, mais... Pas comme ça...

Il s'avance vers moi, me tend ses bras... Mais je le repousse violemment : après ce qu'il m'a fait, je ne serai jamais plus capable de m'y blottir.

-Non...

Il me fixe sans comprendre.

-Non ! répété-je encore plus fort, tout en sentant les larmes couler sur mes joues.

-Mon cœur... Si tu savais comme je suis désolé... Pardonne-moi, je t'en prie...

-Non ! Tu... Tu m'as menti ! Tu as profité de ma faiblesse psychologique et de toute l'admiration que j'ai pu te porter pour m'attirer doucement à toi, et tout ça pour quoi ? Flatter ton ego ?

Si je n'avais pas compris qui il était vraiment, j'aurais pu penser que mes paroles lui ont fait mal.

-Je. Te. Déteste.

Et je le gifle violemment... Sans mesurer ma force : je me suis fait terriblement mal.

-Ca... Ca va ? bafouille Luka en se tenant le nez, qui saigne abondamment.

Je ne réponds pas et prie pour qu'il ne comprenne pas que je ne pleure plus de colère, mais de douleur. D'un coup, ma tête commence à tourner, je sens que j'ai besoin de me reposer... J'ai l'impression que je vais tomber, et hors de question de

-Jelena... commence-t-il.

-Je veux rentrer.

Je sais que mon départ marquera la fin définitive de leur histoire, mais... Je ne peux plus rester ici. Je n'en ai plus la force.

-D'accord, répond-il simplement. Je... Je te ramène.

J'évite soigneusement son regard larmoyant.

-Non... Je... Je préfère encore subir le courroux paternel que de rester une minute de plus avec un manipulateur de mon acabit.

-Écoute-moi... Je n'ai jamais voulu te faire de mal, et...

Je me sens obligée de le couper : ses paroles sont bien trop douloureuses à attendre... Surtout parce que je sais qu'il ment.

-Pourtant, c'est ce que tu as fait.

-...

-...

-Où est le téléphone ?

Il m'amène dans une pièce à côté, et je préviens mon père qui, fort heureusement, ne fait aucun commentaire.

Je reviens, bien décidée à ne plus accorder un regard à Luka... Mais il m'interpelle.

-Pitié... Jelena, écoute-moi... J'ai commencé à te parler juste pour voir comment une fan pouvait penser, et...

-T'es si mégalo que ça ?

Il réfléchit quelques instants.

-Non ! finit-il par répondre. Dejan et Verdan te l'expliqueront mieux que moi, mais... Je t'assure que ce n'était pas pour flatter mon ego.

Je me fige ; Verdan aussi m'a menti... Qu'est-ce qu'ils ont dû rire de moi, tous les deux !

-La première fois qu'on s'est rencontrés, je ne savais même pas qui tu étais... Et tu m'as charmé en vrai comme en virtuel, je n'arrêtais pas de parler de toi à mes amis, tu m'obsédais... Quand j'ai tout compris, je n'ai rien osé dire, j'avais peur de tout gâcher. Je ne suis pas manipulateur, juste un peu trop lâche, et... Après, tout s'est enchaîné, Verdan m'a poussé à venir te donner des cours, je ne pouvais pas refuser, mais en même temps rien te dire... J'étais censé te le dire quand ? Quand tu étais trop émerveillée par ma présence pour pouvoir prononcer un mot, en plein cours de maths, quand on a failli s'embrasser pour la première fois, le jour où je t'ai avoué ce que je ressentais ?! Je suis sincère, vraiment, quand je te dis que j'ai des sentiments. En fait, c'est encore plus que ça, et... Bordel, dis-moi que toi aussi t'as ressenti la même chose, la même connexion... Montre-moi que j'étais pas le seul... Essaie de comprendre dans quoi je me suis retrouvé, essaie d'imaginer ce que tu aurais fait à ma place... Crois-moi, je n'ai jamais été aussi sincère que je le suis avec toi... Et je t'en prie, pardonne-moi...

J'aurais tant aimé qu'il dise la vérité... J'aimerais tant y croire...

Le problème, c'est que maintenant, je le connais. J'ai compris.

Alors cette fois, je décide de ne pas craquer, de ne surtout pas écouter mon cœur.

Et après un long regard vers lui, long, très long parce que je sais que ce sera le dernier, je finis par sortir.