Nikad Ne Odustati / Luka Modric

Chapitre 26

Luka Modric/12 février 2007

Verdan me donne une grande tape dans le dos.

-Allez, mec... Si je t'ai traîné en soirée, c'est pour que tu reprennes du poil de la bête !

Je me contente de lever les yeux au ciel.

-Il faut vraiment que tu te reprennes, reprend-il. T'es plus le même quand tu joues, on a l'impression que t'as perdu l'amour du foot, même le coach ne te reconnaît plus...

-Je sais, mais... J'y arrive plus... Je me sens... vide.

-Je connais ça, t'inquiète...

Je ne le contredis pas, mais au fond je sais qu'il n'a jamais souffert comme je souffre.

-Et tu sais quoi ? Je connais un super moyen de l'oublier !

-Ah oui ? Vraiment ? Et c'est quoi ta formule miracle ?

Pour toute réponse, il me tend une bouteille de Vodka.

-Verdan... Je ne bois pas, je n'ai jamais bu et je ne boirai jamais !

-Tu devrais...

Je repousse la bouteille.

-N'importe quoi...

-Franchement, tu devrais, insiste-t-il en me la tendant à nouveau. Tu te sentiras vivant, et même si ce n'est pendant que quelques heures... C'est mieux que rien, non ?

-Mouais, admets-je, toujours peu convaincu.

-Je te promets que tu l'oublieras...

Alors, même si je sais que c'est mal, je m'empare de la bouteille et me sers un verre. Je constate avec étonnement que ce n'est finalement pas si mauvais.

-Je peux en reprendre ? Tu... Tu penses que c'est raisonnable ?

-Ben oui, mec... Fais-toi plaisir !

J'en bois un deuxième verre, puis un troisième, un quatrième... Et je commence vraiment à me sentir mal.

-Je... Je suis pas très bien...

-Mais nan... T'inquiète, c'est cool !

Ma vision se trouble, et j'ai un peu envie de vomir ; je ne crois pas que nous ayons la même définition du mot « cool »... Et pourtant, je décide de me laisser convaincre : tout pour ne pas penser à Jelena ou à l'emprise qu'elle a toujours sur moi.

Verdan ricane.

-Qu... Qu'est-ce qu'il y a ?

-T'as une touche, je crois !

-Comment ça ?

-Ben... Suis mon regard...

Je lui obéis et croise le regard d'une fille « habillée » de manière très subjective et qui se dirige droit vers nous.

-Je peux m'asseoir ? susurre-t-elle.

Verdan acquiesce en lui lançant un regard lubrique, et je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel. Elle se colle à moi et frotte sa jambe contre la mienne, mais je fais semblant de ne rien remarquer.

-Je suis désolée de venir comme ça, mais j'ai cru te reconnaître... Tu ne serais pas Verdan Corluka ? Le joueur de foot du Dinamo et de l'équipe nationale ?

Mon ami acquiesce.

-Wow... C'est génial... Tu as de la chance...

Elle se retourne vers moi et m'adresse un sourire ravageur.

-Et tu as la chance d'avoir un ami aussi mignon... Svetlana, enchantée !

Je me sens rougir.

-Mer... Merci...

-Mais de rien...

-Allez, lâche-toi... Tu vas voir, tu ne penseras plus à elle... chuchote Verdan avant de s'éloigner.

Alors je décide de jouer le jeu, j'accepte d'afficher un air séducteur et de faire croire que je suis parfaitement à l'aise. L'alcool m'aide peut-être un peu, mais en réalité, je ne sais vraiment pas ce que je suis en train de faire.

Svetlana et moi nous rapprochons rapidement, et ses lèvres ne tardent pas à toucher les miennes. Un sentiment de dégoût s'empare de moi, mais j'essaie de le chasser et de profiter de l'instant.

-Alors ? Je te plais ? demande-t-elle d'une voix suave.

J'essaie de chasser l'image de Jelena de mon esprit.

-Je... Oui...

Elle se frotte encore plus à moi, et je ne saurais dire si l'alcool y est pour quelque chose, mais... Je dois bien avouer qu'elle a beaucoup de charme, et qu'elle commence à me faire de l'effet.

Elle s'approche de mon oreille :

-Si tu veux, on peut passer à l'étape supérieure...

Je me fige.

-Co... Comment ça ?

Elle lève les yeux au ciel.

-A ton avis ?

-Je...

-C'est soixante euros tout compris.

-Quoi ?!

Elle lève les yeux au ciel.

-Luka, fais pas comme si t'avais pas compris... Je sais que t'as assez d'argent, moi, je manque un peu de thune, et...

-Je... Non merci...

-Allez, insiste-t-elle, je vois bien que t'en as envie...

-Non, répété-je.

Elle hausse les épaules, s'éloigne... Et Verdan me rejoint presque aussitôt.

-Tu peux m'expliquer ce que t'as fait pour la faire fuir ?!

-Rien ! assuré-je. Elle voulait juste, euh... se faire payer, et moi je fais pas ça...

Il soupire bruyamment :

-Forcément, si t'es aussi difficile... Elle est belle, elle sait que t'es riche... Qui ne ferait pas pareil à sa place ?

-Moi ?

-C'est sûr que rester dans ton coin à pleurer pour une groupie qui t'a quitté parce que tu lui as menti, c'est vachement mieux...

Mon cœur se serre, et je pense un instant à rappeler Svetlana... Avant de me rendre compte qu'elle est déjà partie à l'assaut d'un autre homme.

Alors je saisis une nouvelle bouteille, en priant pour qu'après, Jelena ne vienne plus me hanter.