Chapitre 22

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Luka Modric/9 janvier 2007

Comme tous les matins, j'attends devant l'hôpital : je veux être le premier à voir ma copine. Copine... Ce mot me donne chaud au cœur.

Je sais que ce n'est pas raisonnable, parce que le moment où elle apprendra tout est inéluctable, mais... Je n'ai plus réussi à lui résister. Et puis, je continue à espérer que tout reste secret pendant encore longtemps...

Lorsque neuf heures, l'heure de début des visites, sonnent, je passe les portes vitrées et me précipite au 5ème étage, chambre 507. Jelena se jette dans mes bras, et comme tous les jours, je m'extasie devant sa mobilité retrouvée.

-T'as pas amené tes cours ? s'étonne-t-elle.

-J'ai oublié !

-C'est pas bien, ça... T'es un mauvais prof...

-Si tu veux, je peux retourner chez moi les chercher...

-Ah non, c'est trop tard... T'es ici, tu restes !

Je ne peux m'empêcher de sourire.

-C'est pas très raisonnable tout ça...

Elle acquiesce.

-Oui, je sais... Surtout que je reprends les cours la semaine prochaine...

Je passe une main dans son dos en signe de réconfort ; elle m'a, il y a quelques jours, donné les véritables raisons des angoisses que lui inspirent le lycée. Pour une raison que j'ignore, elle avait terriblement peur que je la juge, que je me moque, que je lui dise qu'elle n'est pas normale... Aussi s'était-elle sentie rassurée quand je lui ai assuré qu'on trouverait un moyen de faire cesser toute cette histoire, et qu'elle se sentirait bientôt forte, plus forte qu'elle ne l'a jamais été.

Oh, et je lui ai aussi dit qu'elle m'épatait, qu'elle m'impressionnait chaque jour un peu plus... Et que j'étais fier d'elle. J'ai eu du mal à le dire, parce que j'ai horreur d'exprimer ce que je ressens... Mais je me suis dit que pour sa reconstruction, c'était important... Et aussi important de lui montrer qu'on y arriverait ensemble.

-Mais bon, reprend-elle, je m'intéresse plus aux langues vivantes qu'aux polynômes du second degré...

Qu'est-ce que j'aime cet air malicieux...

-Ah oui, vraiment ?

Elle sourit avant de m'embrasser passionnément. Nous mettons au moins dix minutes à nous détacher.
-Dis... commence-t-elle en reprenant son souffle. Tu as parlé de moi à tes amis ?

Je me fige, priant pour qu'elle ne pose aucune autre question.

-Oui...

-Et alors ?

Je me retrouve alors contraint d'enjoliver les choses (en évitant par exemple de mentionner le nombre de sous-entendus graveleux faits par Dejan, avec qui je me suis fort heureusement réconcilié depuis le nouvel an), et, si je manque à plusieurs reprises d'évoquer son Skyblog, je finis par la rassurer.

-Donc, ils étaient contents pour toi ?

-Oui, vraiment... Et puis vu que Verdan t'a déjà rencontrée, vu qu'il t'a appréciée, surtout, ils étaient vraiment heureux... Non seulement ils sont contents pour moi parce que j'ai trouvé quelqu'un qui m'aim... enfin, qui m'apprécie pour ce que je suis et non pour ce que je représente... Mais en plus, ils sont ultra fiers, ils se prennent pour Cupidon !

Je me rends ensuite compte de ce que je viens de dire, et prie pour qu'elle ne remarque pas l'emploi du pluriel dans ma phrase : elle n'est pas censée savoir que Dejan était aussi dans le coup.

-Quand on y pense, la venue de Verdan ici était vraiment un heureux hasard...

Je songe un instant à lui avouer la vérité... Enfin, jusqu'à ce qu'elle reprenne :

-C'est vraiment magique... Comme si nos destins étaient liés...

Elle enfouit sa tête dans mon cou, et je me ravise, me promettant de le faire, de tout lui avouer... Un autre jour : je n'ai pas envie de briser la magie de ce moment.

Nikad Ne Odustati / Luka Modric Où les histoires vivent. Découvrez maintenant